THE POLICE (Rock, Pop, Reggae, Punk, Jazz, New Wave...)

The Police


Lorsque le groupe Rock Progressif anglais Curved Air se sépare en 1976, le Punk est la musique à la mode en Angleterre. Leur batteur, l’Américain Stewart Copeland, se dit que c’est vers cette scène dynamique que se situe la possibilité d’une réussite commerciale. Ayant rencontré le bassiste et chanteur du groupe de Jazz Rock Last Exist, un dénommé Gordon Sumner, il lui propose de former un trio Punk avec lui. Réticent, Sting, le surnom de Gordon, accepte car il y voit la possibilité de quitter son emploi de professeur pour se consacrer exclusivement à la musique. Ils recrutent un pur guitariste Punk, le français Henry Padovani, et commencent à jouer ensemble. C’est probablement se sachant des ‘usurpateurs’ (Sting et Copeland sont loin d’avoir le niveau technique habituel des musiciens de Punk qui souvent savent à peine jouer de leur instrument) qu’ils se nomment d’un air de défi The Police. Ils sortent en 1977 le single « Fall Out », composé par Copeland, qui est un titre Punk type, même s’il montre un sens mélodique absent des autres formations.

Lorsque le musicien Mike Howlett invite Sting et Copeland, ils y rencontrent le guitariste Andy Summers. De dix ans plus âgé, et malgré un talent certain, Summers n’a jamais vraiment percé, sa plus grande réussite ayant été de faire partie de manière éphémère de la dernière formation des Animals à la fin des années 60. Les trois musiciens prennent plaisir à jouer ensemble et Sting et Copeland proposent à Summers de rejoindre The Police. Le guitariste est réticent à l’idée de quitter un emploi relativement stable de guitariste de studio pour un jeune groupe inconnu mais finit par accepter. Après deux concerts, il faut se rendre à l’évidence: les styles de Summers et Padovani ne vont pas bien ensemble. Sting et Copeland, préférant avoir la possibilité de diversifier leur son, gardent Summers et virent Padovani. La légende est route.

La légende est en route, mais ce n’est pas encore la gloire: les premiers concerts n’attirent pas grand monde. Devant se faire de l’argent, le groupe accepte de participer à une pub pour un chewing gum dirigée par Tony Scott. Si elle ne sera jamais diffusée, ils garderont les cheveux teints en blonds qu’ils avaient dû avoir pour l’occasion et qui deviendra une de leurs marques de fabrique. Alors qu’ils enregistre leur premier album aux frais de Miles Copeland, le grand frère de Stewart, celui-ci entend la chanson « Roxanne ». Persuadé qu’elle pourrait être un tube, il arrive à convaincre le label A&M de signer le groupe et de sortir le titre en single. Pourtant, « Roxanne » fait un flop et c’est le single suivant, « Can’t Stand Losing You » qui fera une timide entrée dans les charts britanniques. Le troisième single, « So Lonely » ne marche pas davantage. Ces trois titres, plutôt que d’inspiration Punk, doivent beaucoup à l’influence du Reggae, alors très populaire. Mais The Police mêle ce Reggae à une sensibilité Pop/Rock et surtout à une énergie communicative, bien loin de l’ambiance apathique généralement indissociable du style. Sorti en 1978, le premier album,Outlandos d’Amour ne saurait être résumé à ces trois singles. « Next To You » et « Peanuts » appartiennent clairement à l’influence Punk, mais s’en détachent par la personnalité du groupe déjà très présente et un message absolument pas révolutionnaire. « Hole In My Life » martèle un rythme peu conventionnel et pourtant très entraînant.

Si l’Angleterre les boude, l’Amérique s’intéresse à eux et une tournée dans les lieux branchés des Etat-Unis est organisée qui remporte un certain succès. A leur retour, cette tournée ayant généré un intérêt, le public est au rendez-vous pour leurs premières dates anglaise. « Roxanne » ressort dans la foulée et cette fois-ci devient le tube qu’il est resté désormais. Bien que manquant de matériel, The Police ne traine pas et court en studio enregistrer Reggatta de Blanc qui fait un carton montant en tête des ventes du Royaume Unis porté par le succès de ces deux principaux singles, « Message In The Bottle » et « Walking On The Moon », tous deux numéros un. Des titres plus introspectifs comme « Bring On The Night » et « The Bed’s Too Big Without  You » montrent que le groupe a de véritables ambitions musicales et que Sting, fort de son passé Jazz, est un redoutable compositeur. La chanson-titre vaut aussi au groupe un Grammy comme meilleur titre instrumental. L’album Zenyatta Mondatta en 1980 montre un groupe au succès toujours grandissant dans le monde. Le titre « Don’t Stand So Close To Me », entre Reggae et Pop/Rock est un tube international, le Power Pop « De Do Do Do, De Da Da Da » lui emboite le pas. Reste encore d’autres titres digne d’intérêt comme le Funk « When The World Is Running Down, You Make The Best Of What’s Still Around » ou « Driven To Tears » qui montre le talent rythmique de chaque membre du groupe, en particulier Stewart Copeland dont le jeu n’est pas le moindre des atouts du groupe. En outre The Police remporte encore deux Grammys.

The Police ne rechigne pas à tourner, n’hésitant pas à aller dans des endroits exotiques comme l’Inde où peu de groupes tournaient alors, augmentant ainsi leur succès planétaire. En coulisse en revanche, la situation est tendue. Stewart Copeland supporte mal que The Police soit devenu le groupe de Sting et non le sien. Le chanteur est en effet le compositeur principal, celui des tubes, et il le sait, n’hésitant pas à se montrer intraitable en studio. L’électricité entre les trois membres est palpable, particulièrement entre Sting et Copeland qui n’hésitent pas à en venir aux mains. L’album Ghost In The Machine est ainsi créé dans la douleur. La musique devient de plus en plus sophistiquée, loin de l’énergie Punk des débuts, ce qui déplait à Andy Summers qui voit sa guitare fréquemment noyée par les claviers. Il faut dire que le single principal de l’album, « Every Little Thing She Does Is Magic » ne lui donne pas tort. Le titre préfigure plus la future carrière solo de Sting, qui avait rajouté ce titre en dernière minute, trouvant l’album trop sombre, qu’un titre de The Police. En revanche, « Spirits In The Material World » s’inscrit comme du pure Police, quoique plus sophistiqué, là où « Invisible Sun » et « Demolition Man » vont plus dans l’innovation.

Suite à l’album et à la tournée, chaque membre se consacre à des projets personnels. Sting développe de plus en plus sa carrière d’acteur, Andy Summers enregistre des albums avec Robert Fripp de King Crimson, Stewart Copeland se lance dans la musique de film avec Rumble Fish de Coppola. Puis, tout ce petit monde se retrouve pour enregistrer Synchronicity qui sort en 1983. Toujours plus léché, l’album est un carton mondial avec une  flopée de tubes: la ballade « Every Breath You’re Take » (leur plus gros succès), « Synchronicity II », « King Of Pain », « Wrapped Around You Finger ». D’autres titres superbes sont également présents comme « Walking In Your Wootsteps » ou « Tea In The Sahara ». The Police est alors au sommet de sa popularité, au sommet de la musique Rock et ils semblent bien partis pour être le groupe le plus important des années 80. Pourtant, après la tournée de Synchronicity, chacun suit sa route, une séparation officieuse. Sting a envie de tester d’autres choses et ne plus se limiter au format du power trio. Il commence alors une carrière solo à succès. Les autres, s’ils sont plus mitigés à l’idée de mettre un point final à la carrière du groupe, ne sont pas contre s’éloigner de cette énorme machine dont la tension commençait à devenir insupportable.

En 1986, cependant, le groupe se réunit sur scène pour trois concerts de charité. Ils se retrouvent lors d’un projet de compilation avec pour but de ré-enregistrer l’un ou l’autre vieux morceau ainsi que des nouvelles choses. Malheureusement, Stewart Copeland se blesse en jouant au polo et est incapable de jouer de la batterie. Seule une nouvelle version de « Don’t Stand So Close To Me » sortira, Copeland programmant la batterie par synthétiseur. La tension entre les trois membres étant toujours présente, chacun s’en va à sa propre carrière sans regret. Le groupe se réunira alors qu’à deux reprises, pour deux titres lors du mariage de Sting en 1992 et pour trois lors de l’introduction du groupe au Rock ’n’ Roll All Of Fame en 2003. Pendant toutes ces années, cependant Summers et Copeland émettaient l’idée d’une ultime tournée pour dire au revoir à leurs fans, chose qu’ils n’avaient jamais vraiment fait. Finalement en 2007, Sting accepte de repartir pour un an et demi sur les routes avec ses anciens complices pour une tournée dont le succès fut colossal. Depuis, l’aventure The Police semble cette fois belle et bien terminée, même si dans le coeur des fans il y aura toujours de l’espoir pour plus…


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