Cary Grant (1904-1986)

Cary Grant

Un gamin de Bristol:
Par une froide nuit d’hiver, un petit garçon naquit dans une maison de Bristol, en Angleterre. Rien d’extraordinaire à cela, si ce n’est que ce bébé était destiné à devenir l’un des acteurs les plus populaires de l’histoire du cinéma. Nous étions le 18 janvier 1904 et le bébé serait connu plus tard sous le nom de Cary Grant. Mais pour l’heure, il reçut un autre nom.

Mon nom de famille est Leach. Auquel, à mon baptême, fut ajouté Archibald Alexander, sans aucune chance pour moi pour protester.
L’enfance du petit Archibald Leach, ou Archie comme il sera vite surnommé, n’est pas la plus heureuse que l’on puisse souhaiter. Très jeune, en effet, Archie se rend compte que ses parents ne vivent pas dans l’harmonie conjugale que l’on est en droit d’espérer. Sa mère, Elsie Kingdon, est déçue de la situation de son mari, Elias Leach, dont le modeste emploi dans une fabrique de vêtements ne parvient pas à combler ses rêves d’une vie plus luxueuse. Cependant, bien que pauvres, la famille vit dignement et le jeune enfant n’a jamais à souffrir de la faim. La famille dispose d’un joli jardin et le petit garçon ne manque pas d’être gâté ou de sortir au cinéma avec l’un ou l’autre de ses parents. Cela dit, Archie est un enfant assez solitaire et peu appliqué à l’école, malgré un intérêt pour l’histoire, la géographie, la chimie et l’art.

A l’âge de neuf ans, un drame secoue sa vie. En rentrant, il apprend que sa mère est partie pour de longues vacances puis, après quelques temps on lui annonce sa mort. Archie, qui vit cela comme un abandon en gardera une profonde méfiance envers les femmes qui jouera certainement dans l’échec de ses mariages successifs. 

Un jour, alors qu’il a treize ans, un électricien rencontré à l’école lui propose de visiter le nouveau théâtre de Bristol.

La matinée du samedi était en cours lorsque j’arrivais en coulisses; et là, je me retrouvais soudain embarqué dans un pays étincelant de personnes souriantes et frétillantes portant ou ne portant pas toutes sortes de costumes et effectuant des choses incroyables. Et c’est là que j’ai su ! Quel autre vie pourrait-il y avoir que celle d’un acteur ? Ils voyageaient et travaillaient dans la joie. Ils n’appartenaient à aucune classe, étaient souriants et insouciants. Ils riaient, vivaient et aimaient gaiement.
Séchant les cours pour aller au théâtre, il décroche l’emploi d’apprenti éclairagiste qui lui permet de passer son temps dans ce monde qui le fascine et d’observer les professionnels au travail. Il y apprend le jargon du métier ainsi que les choses à faire et ne pas faire lorsqu’on est acteur. C’est là aussi qu’il apprend l’existence d’une troupe un peu particulière, dirigée par Bob Pender. L’originalité de cette dernière est d’être constituée d’adolescents n’étant plus en obligation scolaire (donc de quatorze ans et plus) et n’étant pas encore partis au service militaire. De ce fait, les jeunes garçons qui constituaient cette troupe spécialisée dans la pantomime et les acrobaties étaient en constante rotation. Archie est enthousiasmé mais a un problème, il n’a pas encore l’âge requis. Qu’importe, il écrit à Pender au nom de son père et ment sur son âge. La ruse prend et Archie est invité à rejoindre la troupe.

Cependant, dix jours plus tard, Elias Leach a retrouvé son fils et le jeune garçon est prié de retourner sur les bancs de l’école. Pas longtemps pourtant. Archie n’a cette fois plus le moindre goût pour l’école, se montre insolent envers ses professeurs et plus récalcitrant que jamais au travail. La goutte d’eau déborde lorsqu’il est retrouvé avec un ami dans les toilettes de la section fille de l’école. Archie est pour son plus grand bonheur renvoyé. Il a à présent quatorze ans et son père accepte de le voir rejoindre la troupe de Bob Pender. 

A moi la vie d’artiste:
Archie commence alors à parcourir la Grande Bretagne avec la troupe et y apprend l’art du mime, de la pantomime, de la jonglerie et bien sûr toute une série d’acrobaties. Son importance dans le spectacle grandit au fur et à mesure qu’il apprend les rudiments du métier et y fait des progrès. Au point que lorsque Bob Pender doit choisir huit garçons pour l’accompagner aux Etats-Unis pour apparaitre au Globe Theater de New York, il fait partie des heureux sélectionnés. Nous sommes en 1920 et Archie a à présent 16 ans. 

Lors de la traversé il rencontre Douglas Fairbanks, son héros, et Mary Pickford, alors le couple le plus célèbre du monde. Bien que n’ayant aucun désir de faire du cinéma, le jeune homme se prend à vouloir suivre les traces de son modèle, pour son charme, ses prouesses athlétiques et son beau bronzage. A New York, la troupe apparait au théâtre de l’Hippodrome tandis qu’Archie y connait ses premiers émois amoureux. La troupe part ensuite faire une tournée des grandes villes de l’Est des Etats-Unis. A la fin de celle-ci, Archie décide, avec certains de ses camarades, de rester aux Etat-Unis. Il n’a que dix-huit ans. 

Trouver du travail comme comédien s’avère difficile. Archie n’a expérimenté que des saynètes de vaudeville et n’a jamais eu à dire de réplique, vu que sa spécialité est la pantomime. Rejetés par de nombreux agents, dire une réplique au théâtre devient son ambition, même si cela le terrifie. Voyant les Marx Brothers au théâtre, il est impressionné par le charme et la classe de Zeppo et décide de le prendre comme deuxième modèle.  Le troisième, ce sera Noel Coward dont Archie s’inspirera pour sa façon de parler si singulière qui deviendra plus tard sa marque de fabrique. Pour survivre, il fait trouve un petit boulot parfait pour lui. Il marche sur des échasses en portant des pancartes publicitaires. Cela n’a qu’un temps mais bientôt ses capacités d’acrobates lui offrent d’autres opportunités et cette fois sur scène. Dans la lancé, il retrouve les autres membres de la troupe restés aux Etat-Unis et ensemble ils décident de monter leur propre spectacle qui les mènera jusqu’à Los Angeles.

En 1924, la troupe se sépare, mais Archie a cette fois un peu plus d’expérience à faire valoir et de spectacles en spectacles, ses engagements se font chaque fois un peu plus sérieux. En 1927, il se lie avec la famille Hammerstein et est engagé dans une petite opérette, Golden Dawn, mais son inexpérience en matière de comédie musicale est trop évidente et il est remplacé avant que la pièce arrive à Broadway. Son contrat est vendu à des propriétaires d’une chaine de théâtre qui permettent au jeune homme de faire ses dents dans divers genres tout en étant raisonnablement payé. En 1929, il passe un bout d’essai pour la Fox, mais n'est pas retenu. En 1931, il joue le premier rôle à New York dans The Last Flight aux côtés de Fay Wray, une vedette de cinéma à l’époque. Le nom du personnage ? Cary Lockwood. Si la pièce n’est pas un succès, Archie est amené à rencontrer le directeur de la Paramount qui lui propose un bout d’essai mais lui recommande de changer de nom. Fay Wray lui propose d’utiliser le nom de son personnage, mais la Paramount lui suggère de trouver un autre nom de famille, Lockwood étant déjà utilisé par un autre acteur. Dans la liste des noms proposés, Archie choisit Grant. Une légende était en marche. Il signe un contrat de trois ans.

L’arrivée à Hollywood:
Si l’année 1931 n’est pas très intéressante, dès 1932 il est choisi par Joseph Von Sternberg pour donner la réplique à Marlene Dietrich et Herbert Marshall dans Blonde Venus (La Vénus Blonde).

Le matin du premier jour de tournage, il arrêta tout soudainement, attrapa un peigne, et coiffa mes cheveux dans le mauvais sens, comme ils le sont restés depuis. Il me conjura, admonesta et supplia de me détendre, mais cela prit des années avant que je puisse être à l’aise devant une caméra.
Si le film, comme le reste de la collaboration Dietrich-Sternberg de l’époque, est un échec, il montre que Cary Grant est prêt à jouer dans la cours des grands. La Paramount le fait donc jouer aux côtés de ses vedettes les plus prestigieuses: Gary Cooper, Fredric March, Sylvia Sidney ou Talulah Bankhead. En 1933, il est choisi par Mae West pour être son partenaire dans deux films, She Done Him Wrong (Lady Lou) et I’m Not An Angel (Je ne suis pas un ange), qui achèvent de faire de lui un premier rôle masculin. Mais il lui manque encore un style bien à lui. Quelque chose qui le distingue des autres premiers rôles prometteurs. C’est en tournant avec Katharine Hepburn dans Sylvia Scarlett en 1935, sous la direction de George Cukor, que Cary arrive à trouver sa personnalité. S’il joue un escroc cockney, bien différent de l’image élégante qu’il aura ensuite, il y montre enfin son sens de l’humour et de la fantaisie ainsi que sa grande maîtrise corporelle. 

En 1934, il se marie avec l’actrice Virginia Cherrill. Le mariage ne tient pas un an et Cary Grant décide d’habiter avec son ami l’acteur Randolph Scott. Une cohabitation qui aura lieu plusieurs années et qui fera les choux gras de Hollywood qui y suspectera, malgré la réputation de séducteurs des deux hommes, une relation homosexuelle. Une rumeur dont profiteront les deux jeunes loups pour agrandir leur célébrité et pour séduire les jeunes filles curieuses de savoir si les rumeurs sont exactes. En 1935, au décès de son père, il apprend que sa mère était toujours en vie mais avait été placée dans une institution psychiatrique suite à une dépression nerveuse. Institution dont la jeune vedette se dépêchera de la faire sortir. 

En 1936, son contrat avec la Paramount s’achève et il prend une décision novatrice en choisissant de devenir indépendant. A l’époque, la chose est inouïe, tous les acteurs, même les plus grandes vedettes comme Greta Garbo, Clark Gable ou Gary Cooper sont sous contrat avec des studios qui leur fournissent travail et sécurité. En choisissant d’être en dehors du système, Cary prend le risque de ne plus tourner. Un risque qui s’avère payant. RKO et Columbia, deux studios de petite envergure, acceptent de miser sur cette étoile montante en lui permettant de signer pour les deux compagnies. 

Si avec Topper (Le Couple Invisible, 1937), Cary connait son premier succès comique, c’est véritablement The Awful Truth (Cette Sacrée Vérité, 1937) de Leo McCarey où il partage la vedette avec Irene Dunne qui fait de lui une véritable star et l’acteur de la Screwball Comedy par excellence. Deux autres classiques suivront, Bringing Up Baby (L’impossible Monsieur Bébé, 1938) de Howard Hawks et Holiday (Vacances, 1938) de George Cukor, tous les deux avec Katharine Hepburn. Mais cette fois le succès n’est pas au rendez-vous, proclamant Hepburn Poison du Box Office, ce qui curieusement n’influencera pas la carrière de Cary. Les deux films sont depuis devenus des classiques. 

Au sommet du Box Office:
En 1939, Cary s’apprête à tourner un vieux rêve: un film d’aventure comme il les aimait dans son enfance et adolescence. Son partenaire n’est autre que Douglas Fairbanks Jr, le fils de son ancienne idole, avec qui il jouera à pile ou face pour savoir qui aura quel rôle. Inspiré d’une nouvelle du Rudyard Kipling, Gunga Din devait au départ servir de retrouvailles avec Howard Hawks, mais RKO finira pour choisir George Stevens à la place. Pas vraiment un réalisateur de film d’action, Stevens n’arrivera pas à donner le souffle épique et la dureté qu’y aurait insufflé Hawks. Cela n’empêchera pas le film d’être un énorme succès, battu seulement cette année par Gone With The Wind, rien que ça !

Les retrouvailles avec Hawks, elles auront finalement lieu dans Only Angels Have Wings (Seul les Anges ont des Ailes, 1939) où Cary Grant y joue son premier grand rôle dramatique, exploitant sa face plus sombre dans ce film d’aventure face à Jean Arthur et Rita Hayworth. My Favorite Wife (Mon Epouse Favorite, 1940) signe ses retrouvailles avec  Irene Dunne, mais surtout sa seule collaboration avec Randolph Scott alors que les rumeurs d’homosexualité continuent de battre leur plein. Le film est un succès, tout comme His Girl Friday (La Dame du vendredi, 1940), nouvelle Screwball Comedy et troisième collaboration avec Hawks où il a cette fois Rosalind Russell comme partenaire. 

Lorsque Katharine Hepburn décide de porter The Philadelphia Story (Indiscrétions, 1940) à l’écran, elle en position pour choisir ses partenaires. Clark Gable étant indisponible, Hepburn choisit Cary Grant à la place, marquant là leur quatrième et dernière collaboration. Le film est nommé à l’Oscar dans de nombreuses catégories, mais Cary est le grand absent de la course. C’est James Stewart qui, étant lui nommé, obtiendra la récompense pour ce même film. Cependant Cary sera nommé l’année suivante dans Penny Serenade (La Chanson du Passé, 1940), l’une de ses rares incursions dans le mélodrame, où il offre une composition poignante. Malgré cela, la récompense ira à Gary Cooper pour Sergent York.

C’est au tour d’Alfred Hitchcock, tout juste auréolé du succès de Rebecca, de proposer un rôle à Cary. Ce sera Suspicion (Soupçon, 1941) où il joue un personnage très sombre face à Joan Fontaine. Malgré une fin artificielle due au refus du studio de faire de Cary un assassin, le film est un grand succès. Peu après, il obtient la nationalité américaine, change son nom officiellement en Cary Grant et se marie à une riche héritière, Barbara Hutton. Barbara a eu un fils d’un premier mariage duquel Cary sera très proche jusqu’à la mort tragique de celui-ci dans les années 70. Mais pour l’heure, la presse surnomme le couple Cash & Cary. 

Peu après, il fait un retour à la comédie avec Arsenic And Old Lace (Arsenic et vieilles dentelles, 1944) de Frank Capra, adaptation d’une pièce à succès et qui sortira presque deux après avoir été tourné. Comédie noire, Cary y propose un numéro d’anthologie qui en fera un nouveau succès. En 1944, il monte son projet le plus personnel et le plus sombre, None But The Lonely Heart (Rien qu’un coeur solitaire, 1944) de Clifford Odets avec Ethel Barrymore. Il y renoue avec ses racines cockney et son origine pauvre. Il est nommé une nouvelle fois à l’Oscar mais le public ne suit pas. Cary a compris, désormais il ne s’écartera plus de l’image que le public attend de lui. En 1945, il divorce avec Barbara.

Il entame ensuite son deuxième film avec Alfred Hitchcock, Notorious (Les Enchaînés, 1946) où il joue à nouveau un rôle trouble face à Ingrid Bergman. C’est à cette période qu’il décide de se consacrer aux films populaires qui confortent son statut de Roi de la comédie, et évite de travailler avec des auteurs prestigieux (comme Billy Wilder dont il refusera les offres à de nombreuses reprises) à l’exception de Howard Hawks qu’il retrouve dans I Was A Male War Bride (Allez coucher ailleurs, 1949). Mais si la critique regarde avec dédain bon nombre de ces films, certains comme The Bachelor And The Bobby-Soxer (Deux soeurs vivaient en paix, 1947) avec Shirley Temple et Myrna Loy, The Bishop’s Wife (Honnis soit qui mal y pense, 1947) avec David Niven et Loretta Young, et Mr Blandings Build His Dream House (Un million clé en mains, 1948) avec Myrna Loy, sont de vrais réussites qui n’ont pas à rougir de ses performances de la fin des années 30.
L’arrivée de la maturité:
A la fin de l’année 1949, il épouse l’actrice Betsy Drake qu'il a rencontré sur le Queen Mary et avec qui il a partagé l’affiche dans Every Girld Should Be Married (La course aux maris, 1949). Les années 50 lui offrent deux beaux rôles dramatiques avec Crisis (Cas de conscience, 1950) de Richard Brooks et People Will Talks (On murmure dans la ville, 1951) de Joseph L. Mankiewicz où il offre deux compositions subtiles d’homme d’âge mûr, mais les deux films sont des échecs qui poussent l’acteur à revenir à ses succès de comédie populaire. Mais là aussi les résultats sont décevants. Si Monkey Business (Chéri je me sens rajeunir, 1952), sa cinquième et dernière collaboration avec Howard Hawks, est une vraie réussite, le film est un échec critique et publique. Et les autres films tournés à cette époque sont convenus et décevant.

Cary décide de prendre son recul du monde du cinéma et envisage même de prendre sa retraite, refusant de ce fait quelques futurs classiques du cinéma comme Roman Holiday, Sabrina et A Star Is Born. Cependant, lorsqu’Alfred Hitchcock lui propose le rôle principal d’une comédie policière qu’il tourne sur la Côte d’Azur avec Grace Kelly, Cary ne peut refuser et le suit. Si To Catch A Thief (La main au collet, 1955) n’est pas le meilleur des films réalisés par Hitckcock à cette époque, le couple qu’il forme à l’écran avec Grace est certainement le plus glamour de l’époque. Nouveau succès ensuite avec le mélodrame An Affair To Remember (Elle et Lui, 1957), remake par Leo McCarey d’un de ses anciens films. Il doit ensuite refuser le rôle principal de The Bridge On the River Kwai pour aller tourner The Pride And The Passion (Orgueil et Passion, 1957) de Stanley Kramer. Si d’un point de vue artistique, Cary n’en sortit pas gagnant, il y rencontre une jeune actrice italienne avec qui il commencera une passion tumultueuse, Sophia Loren. 

Rentré aux Etats-Unis, le couple tourne Houseboat (La Péniche du Bonheur, 1958) mais se sépare pendant le tournage, Sophia Loren choisissant d’épouser le producteur Carlo Ponti. Il tourne ensuite sous la direction de Stanley Donen Indiscreet (Indiscret, 1958) avec Ingrid Bergman et qui est un nouveau succès. L’année suivante, il tourne son quatrième et plus célèbre film avec Alfred Hitchcock, North By Northwest (La Mort aux trousses, 1959) aux côtés de James Mason et Eva Marie Saint. Mais si le film est un énorme succès, ce n’est rien aux côtés de celui d’Operation Petticoat (Opération Jupons, 1959) de Blake Edwards avec Tony Curtis. Cela n’empêche pas le film d’être assez peu réussi. 

D’autres comédies à succès sans grand génie suivront avec The Grass Is Greener (Ailleurs l’herbe est plus verte, 1960), décevant malgré son casting trois étoiles - Robert Mitchum, Deborah Kerr et Jean Simmon - et That Touch Of Mink (Un soupçon de vison, 1962) avec Doris Day. Son mariage avec Betsy Drake a pris l’eau depuis longtemps. dépressive, l’actrice a commencé à suivre un traitement expérimental à base de LSD, traitement que Cary suivra bientôt à son tour. Le couple divorce malgré tout en 1962. Favori pour le rôle de James Bond, il est cependant jugé trop cher et trop peu disponible pour les producteurs qui souhaitent lancer une série et décident de choisir un jeune inconnu du nom de Sean Connery. A la place, il tourne un autre film d’espionnage, Charade de Stanley Donen, en 1963, qui lui permet d’enfin travailler avec Audrey Hepburn après des années d’occasions manquées. Souhaitant retravailler avec elle, il refusera malgré tout le rôle principal de My Fair Lady, trouvant qu’il devait revenir à Rex Harrison qui l’avait créé sur scène. 

Après deux films, Father Goose (Grand méchant loup appelle, 1964), avec Leslie Caron et Walk Don’t Run (Rien ne sert de courir, 1964), un remake de The More The Merrier où pour la première fois il n’a pas le rôle principal, Cary Grant décide de se retirer du monde du cinéma. A soixante ans il s’estime trop vieux pour jouer les premiers rôles et n’a pas le désir de commencer à jouer les seconds rôles de patriarches. Qui plus est, en 1965 il se marie avec une jeune actrice, Dylan Cannon, avec qui il aura une fille l’année suivante, Jennifer. 

Le crépuscule d’un géant:
En 1968, Cary et Dylan entament une procédure de divorce très médiatisée. La priorité de Cary est désormais sa fille Jennifer avec qui il a l’intention de passer autant de temps que possible. En même temps, il entre au conseil d’administration de la société Fabergé dont il s’occupera activement, ayant développé de longue date un intérêt pour les affaires. En 1970, il reçoit enfin un Oscar pour couronner l’ensemble de sa carrière. Une récompense tardive mais qui le touche profondément. A 66 ans, il est déjà l’un des derniers acteurs de légende encore en vie: Gable, Cooper et Bogart sont déjà disparus. Il entre également au conseil d’administration de la MGM, à une époque où ce qui fut le plus prestigieux studio de cinéma s’est écarté d’Hollywood pour privilégier les hôtels. 

En 1981, il se marie avec Barbara Harris avec qui il
partage la vie depuis plusieurs années. Refusant plusieurs récompenses qui l’obligerait à faire un discours, chose qu’il avait en horreur, il accepte cependant de remonter sur scène après de longues sollicitations. Cependant, ce retour à la scène après plus de cinquante ans d’absence n’est pas un retour à l’art dramatique. Intitulé An Evening With Cary Grant, le concept était pour l’acteur de discuter de sa carrière à l’aide d’extraits de films et de répondre aux questions du public. Un concept repris par la suite par Gregory Peck et, plus récemment, par Roger Moore. 

Durant les quatre dernières années de sa vie, Cary va tourner épisodiquement avec cette performance. Alors qu’il est en tournée à Davenport, en Iowa, il se sent mal pendant les répétitions. Emmené à l’hôpital, il y décède d’une attaque. Nous sommes le 29 novembre 1986 et il avait 82 ans. Aujourd’hui, l’image de l’acteur pourchassé par un avion dans North By Northwest l’a fait entrer pour toujours dans l’histoire du cinéma, mais il reste avant tout le plus formidable interprète de comédie que le cinéma américain ait connu. Alliant élégance et pitreries, virilité et sensibilité, maîtrise du corps et de l’esprit. Pris en exemple par de nombreuses générations de comédiens, de Tony Curtis à Alec Baldwin, de Roger Moore à Pierce Brosnan, il ne fut jamais égalé et ne le sera certainement jamais.

Sources:
Archie Leach by Cary Grant de Cary Grant
Documentaire Cary Grant, A Class Apart de Robert Trachenberg

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