Tom Petty And The Heartbreakers:
A Gainesville, en Floride, le jeune Tom Petty a été transformé par le passage des Beatles à l’émission d’Ed Sullivan. Comme tant d’autres jeunes Américains, cette performance lui donne l’envie de devenir musicien. Il commence alors à prendre des cours de guitare avec Don Felder. Ce dernier joue dans un groupe avec Bernie Leadon dont le petit frère, Tom, est aussi aspirant musicien. Ensemble, les deux Tom formeront The Epics qui se transforment bientôt en Mudcrutch. A l’époque, Tom Petty n’est que le bassiste du groupe. Tom Leadon en est le guitariste tandis que Jim Lenehan est le chanteur. Alors que le groupe décide d’avoir un deuxième guitariste, le batteur, Randall Marsh, propose son ami Mike Campbell. Ils seront ensuite rejoins par Benmont Tench, un jeune pianiste prodige. Petty commence à composer des chansons originales et, lorsque Jim Lenehan quitte son poste, il devient le chanteur principal. Le groupe commence à être populaire en Floride et a même organisé un temps son propre festival qui a connu un franc succès. Galvanisé, Petty pousse son groupe à enregistrer une démo et part pour Los Angeles pour la proposer à divers maisons de disques.
S’il rencontre au début quelques refus, plusieurs maisons de disques sont intéressées. Le choix se porte sur Shelter Records, dirigé par le producteur Denny Cordell qui avait travaillé entre autre avec Joe Cocker, Procol Harum et les Moody Blues. Mudcrutch se dépêche de rejoindre la Californie, mais après quelques sessions, le couperet tombe: le label n’est intéressé que par Tom Petty en tant qu’artiste solo. La mort dans l’âme, celui-ci regarde son groupe se disloquer. Il n’a nullement l’envie de devenir un artiste solo, mais en même temps, il ne peut pas refuser une telle chance. Mike Campbell et Benmont Tench décident cependant de continuer l’aventure à deux. Tench fait alors appel à deux amis à lui, le bassiste Ron Blair et le batteur Stan Lynch. Lorsqu’un Tom Petty un peu nostalgique vient assister aux répétitions, il se rend compte que c’est exactement ce qu’il lui faut comme backing band. Heureusement pour lui, le label accède à son désir et le groupe se rebaptise Tom Petty And The Heartbreakers en hommage à la chanson de Led Zeppelin.
Un premier album, éponyme, sort en 1976. L’album comporte une série de titres extrêmement bien écrits dont certains, comme "Breakdown" ou "American Girl" deviendront des classiques à postériori. Pourtant, il ne s’agirait pas d’oublier des perles moins connues comme "Fooled Again (I Don’t Like It)", "Rockin’ Around (With You)" ou "Anything That’s Rock ’n’ Roll". On y sent l’influence des grands noms du Rock américain, en particulier Bob Dylan (pour la manière de chanter de Petty) ou les Byrds (pour les arrangements et les harmonies). S’il ne fait pas grande sensation aux Etats-Unis, il est en revanche bien accueilli en Europe, particulièrement au Royaume Uni. Le groupe y part donc en tournée et les membres y recueillent un franc succès pour leurs qualités de bêtes de scène. Au retour, un nouvel album est enregistré, You’re Gonna Get It, qui continue dans la lignée du premier. On retiendra particulièrement l’énergique "I Need To Know". En revanche, le grand public boude toujours le groupe aux USA, même s’il commence à se faire une jolie petite réputation de groupe de scène.
Alors que Denny Cordell est trop occupé pour continuer à les produire, le groupe se tourne vers un producteur qui monte, Jimmy Iovine. Celui-ci vient de terminer le troisième album de Patti Smith qui a fait un carton et il n’est pas étranger au son de Born To Run de Bruce Springsteen. Au même moment, Shelter Records est racheté par MCA. Petty se rend compte qu’il n’a aucun mot à dire sur son transfert et que tous ses droits d’auteurs sont devenus la propriété du label. Furieux, il leur un déclare un procès et ira même jusqu’à se déclarer en faillite pour pouvoir obtenir gain de cause. Ce combat est sans précédent et fait sensation. Tout le monte parle du petit musicien prometteur qui s’attaque au géant de l’industrie du divertissement américain. Un accord sera trouvé à l’avantage du chanteur. Ainsi, lorsque Damn The Torpedoes sort en 1979, l’Amérique a déjà une plus nette idée de qui est Tom Petty, les radios sont plus enclines à diffuser les extraits et la production de Iovine et la qualité des morceaux font le reste. Le disque est un carton et offre aux groupe plusieurs succès comme "Refugee", "Don’t Do Me Like That" et "Here Comes My Girl".
Petty sait que maintenant on l’attend au tournant et que suivre un tel succès ne sera pas facile. Aussi prend-il sont temps et ce n’est que deux ans plus tard que sort Hard Promises. S’il est bien sûr un cran en dessous du précédent, il comporte malgré tout quelques moments de gloire comme l’excellent "A Woman In Love (It’s Not Me)" ou le très Byrds "The Waiting". On y retrouve également la ballade "Insider", un titre que Petty prédestinait à Stevie Nicks mais qu’il préférera finalement garder pour lui. On y retrouve cependant la voix de la chanteuse. En revanche il lui fera un encore plus beau cadeau avec le duo "Stop Draggin’ My Heart Around", qui se retrouvera sur le premier album de la chanteuse et qui deviendra le titre le mieux classé du groupe. Le pouvoir de Stevie Nicks certainement. La chanteuse envisagera même de quitter définitivement Fleetwood Mac pour rejoindre les Heartbreakers, une idée qui ne disait cependant rien à Petty, pas spécialement convaincu d’avoir une femme chanteuse. L’album marque aussi la fin d’une époque pour le groupe, car Ron Blair, fatigué des tournées, décide de se retirer du monde de la musique.
Son remplaçant, Howie Epstein, lui fera honneur, et sera partie intégrante du son des Heartbreakers dans les années 80. Mais Petty a un soucis plus important. MCA a décidé d’augmenter le prix des nouveaux disques de leurs artistes vedettes. Une nouvelle fois, il fera pression sur la maison de disque pour éviter cela. La hausse des prix sera stoppée, hélas pour une courte durée. Le groupe se remet bien vite au travail pour un nouvel album. Mais cette fois l’entente avec Jimmy Iovine est moins bonne et le produit fini ne satisfait pas. Long After Dark se vendra très bien, confortant le succès du groupe, mais peu de morceaux sont vraiment marquants. On retiendra malgré tout "You Got Lucky", mais davantage pour son clip qui voit le groupe sauter à pieds joints dans les possibilités offertes par MTV que pour sa musique qui se rapproche plus de The Cars que des Heartbreakers et n’est pas vraiment représentative de l’esprit de l’abum. Moins connu et plus conforme au son du groupe, "We Stand A Chance" est sans doute la perle méconnue de ce cinquième effort.
Conscients qu’ils ont besoin de se ressourcer, le groupe retourne dans leur Floride natale afin de réaliser un album hommage à la musique américaine du sud. Mais l’enregistrement ne fonctionne pas. Sans Iovine, le groupe manque de discipline. Lors d’un accès de rage et de frustration Petty manquera de perdre l’usage de sa main en la cassant. Iovine est alors appelé à la rescousse. Mais une fois encore, les morceaux marquants manquent à l’appel. A une exception prête, "Don’t Come Around Here No More", composé avec Dave Stewart de Eurythmics. Le morceau tranche par son son à la fois psychédélique et synthétique qui s’explique par le faite que le titre n’était pas destiné aux Heartbreakers mais à Stevie Nicks. Disposant également d’un clip marquant, ce sera un nouveau succès pour le groupe. Le reste de Southern Accents s’éloigne également, mais dans une moindre mesure, du son qui avait fait le succès des Heartbreakers avec un ton résolument moins Rock, se portant plus sur des ballades à tendance Folk ou des morceaux plus lisses.
La fatigue atteint le groupe qui commence à se désagréger. C’est particulièrement notable sur Pack Up The Plantation, le premier live du groupe qui sort 1985. Alors que la scène donnait une autre dimension aux Heartbreakers, ceux-ci sont ici bien trop lisses et en pilotage automatique. Le salut viendra de leur idole, Bob Dylan, qui décide de les utiliser comme groupe d’accompagnement. Les quelques dates deviennent finalement une tournée mondiale et les cinq hommes réapprennent le plaisir de jouer ensemble ainsi qu’à se mettre en danger. Malheureusement, en 1987, Let Me Up (I’ve Had Enough) ne verra pas un grand retour des Heartbreakers. Certes, "Jammin’ Me", écrit avec Dylan, est un retour à un son bien rock, mais le reste de l’album est finalement bien plat et peu inspiré. Le seul autre titre qui marque est "Runaway Trains", le titre le plus commercial de l’album, un comble. L’album est cependant une nouvelle fois disque de platine.
Le hasard des rencontres fera s’associer Tom Petty à pas moins que Bob Dylan, George Harrison, Jeff Lynne et Roy Orbison. Les Traveling Wilburys étaient nés. Cette collaboration avec d’autres artistes permets à Petty de se ressourcer et retrouver l’aspiration. La Pop-Folk mise en scène par Jeff Lynne fait mouche auprès du public, même si on peut lui reprocher un son un peu trop brillant. Le succès ne sera terni que par la mort subite de Roy Orbison. Petty est alors désireux de travailler avec Lynne sur son propre projet. Mais l’agenda chargé du producteur rendent l’enregistrement immédiat. L’enregistrement commence sans les Heartbreakers, à l’exception de Mike Campbell. Lorsqu’ils l’apprennent, les trois autres se sentent mis de côté. Ils déclareront alors ne pas apprécier la Pop-Folk proposée sur l’album et déclineront d’y participer. Même si Benmont Tench et Howie Epstein feront chacun une petite participation (quelques lignes de piano sur un titre pour l’un, quelques choeurs pour l’autre), la décision de sortir Full Moon Fever comme un album solo de Tom Petty sera prise définitivement. A sa sortie, l’album est un énorme carton, devenant l’album le plus vendu de toute la carrière du chanteur. A cela s’ajoute les succès des singles "I Won’t Back Down" et "Free Fallin’" qui deviennent également ses singles les plus célèbres. Quant à "Runnin Down A Dream", c’est un bon titre Rock dans la lignée de ce qu’auraient fait les Heartbreakers. Petty enchaîne ensuite avec un deuxième album des Traveling Wilburys qui sera également un beau succès, même si les ventes n’atteignent pas celui du premier.
Désireux de faire bénéficier de la poule aux oeufs d’or Jeff Lynne à son groupe pour se faire pardonner Full Moon Fever, Petty décide que le prochain album des Heartbreakers sera produit par celui-ci. Si Benmont Tench et Stan Lynch restent peu convaincus par les méthodes et le matériel proposé, le reste du groupe y prend un réel plaisir. Sorti en 1991, Into The Great Wide Open, devient le plus gros succès du groupe. Si "Learning To Fly" et "Into The Great Wide Open" gardent la patte qui avait fait le succès des précédentes collaborations entre Petty et Lynne, on peut malgré tout reconnaître un côté un poil plus Rock et une qualité qui en fait le meilleur album du groupe depuis Hard Promises. Parmi les titres le plus réussis, signalons également "All Or Nothing", "Out In The Cold" ou encore "Makin’ Some Noise". Le clip de la chanson titre fera également sensation en présentant un véritable mini-film mettant en vedette rien de moins que Johnny Depp et Faye Dunaway ! La tournée verra l’arrivée d’un nouveau membre dans l’équipe, Scott Thurston, ancien guitariste et pianiste de Jackson Browne et Iggy Pop, qui finira par rejoindre officiellement le groupe dans le milieu des années 90.
En ce début des années 90 Petty a le monde musical à ses pieds. Ces quatre derniers albums (Traveling Wilburys inclus) sont multi-platines et il est devenu un des musiciens les plus respecté des Etats-Unis. Constatant que les productions léchées sont en train de passer de mode, il décide de se tourner vers Rick Rubin pour retrouver un son plus sale et contemporain. La décision est de sortir l’abum sous le seul nom de Tom Petty. Une décision curieuse puisque tous les Heartbreakers participeront à l’enregistrement à l’exception de Stan Lynch. La relation entre Petty et son batteur est devenue de plus en plus tendue. Il participe malgré tout à l’enregistrement de "Mary-Jane’s Last Dance", un inédit prévu pour la nouvelle compilation du groupe. Le titre est un nouveau succès, porté par le clip où apparaît cette fois Kim Basinger. Malgré cela, Stan Lynch quitte le groupe. Tout naturellement, son remplaçant sera Steve Ferrone qui travaille avec les autres sur l’album solo de Petty.
Wildflowers sort en 1994 et offre un nouvel album multi-platine à l’artiste. Le single "You Don’t Know How It Feels" sera également un gros succès, le dernier véritable tube. Si l’album est effectivement plus rugueux, entre titres Country et titres Rock, il est malgré tout trop long. On retiendra cependant "Honey Bee", qui montre que les Heartbreakers en ont encore dans le ventre. Des chutes de studio serviront à la bande son du film She’s The One, cette fois sous le nom des Heartbreakers, tandis que le groupe enregistre avec Johnny Cash. Il faudra attendre quelques années avant d’avoir des nouvelles du groupe. Ce n’est qu’en 1999 que sort leur nouvel album, Echo. Le groupe poursuit dans la veine mélancolique de Wildflowers, les titres Rock en moins. Cela s’explique par le fait que Tom Petty traverse un divorce douloureux ainsi que par les problèmes de drogue de Howie Epstein qui deviennent problématiques. Echo est encore considéré aujourd’hui comme l’un de plus faibles albums du groupe.
En 2002, le groupe est intronisé au Rock And Roll Hall Of Fame et redécouvre à l’occasion le plaisir de jouer avec Ron Blair, alors qu’Epstein est devenu une épave. Il est alors proposé à Blair de participer au nouvel album des Heartbreakers en attendant qu’Epstein règle ses problèmes de drogue. Hélas, celui-ci décède peut de temps après et Ron Blair réintègre officiellement le groupe. The Last DJ sort la même année. L’album offre un regain de qualité par rapport au précédent entre des titres aux paroles bien senties comme la chanson-titre ou aux mélodies soignées comme "When A Kid Goes Bad" ou "The Man Who Loves Women". Tom Petty sort ensuite son troisième album solo, Highway Companion, qui marquent ses retrouvailles avec Jeff Lynne. Le son de l’album se situe quelque part entre les deux premiers, les morceaux marquants en moins, même si la qualité globale est au rendez-vous comme sur "Turn This Car Around". Après cela, Petty, Campbell et Tench reforment Mudcrutch en retrouvant leurs vieux amis Tom Leadon et Randall Marsh pour deux albums sortis en 2008 et en 2016.
En 2010, les Heartbreakers se retrouvent une nouvelle fois pour Mojo, un album étonnamment blues qui n’est pas sans rappeler par moment les Allman Brothers. A défaut d’être inoubliable, il permet de découvrir une autre facette du groupe et de ramener Tom Petty à un style plus Rock. Hypnotic Eye, sorti en 2014, sera le dernier album du groupe. Revenant à un format plus restreint de titres, il sera l’album le plus Rock du groupe depuis bien longtemps. Sur scène, le groupe n’arrête pas. Devenus aux Etats-Unis des véritables icônes du Rock, Tom Petty et les Heartbreakers n’ont plus rien à prouver. Et tant pis si, comme tant d’autres musiciens, leurs vingt dernières années de carrière ne sont pas particulièrement marquantes musicalement. C’est justement à l’issue d’une de ses tournées, célébrant les quarante ans d’existence du groupe, que Tom Petty trouvera la mort d’une crise cardiaque. Une mort inattendue qui permet de jeter un coup de projecteur sur une des carrière les plus riches et les plus cohérentes du Rock américain.
S’il rencontre au début quelques refus, plusieurs maisons de disques sont intéressées. Le choix se porte sur Shelter Records, dirigé par le producteur Denny Cordell qui avait travaillé entre autre avec Joe Cocker, Procol Harum et les Moody Blues. Mudcrutch se dépêche de rejoindre la Californie, mais après quelques sessions, le couperet tombe: le label n’est intéressé que par Tom Petty en tant qu’artiste solo. La mort dans l’âme, celui-ci regarde son groupe se disloquer. Il n’a nullement l’envie de devenir un artiste solo, mais en même temps, il ne peut pas refuser une telle chance. Mike Campbell et Benmont Tench décident cependant de continuer l’aventure à deux. Tench fait alors appel à deux amis à lui, le bassiste Ron Blair et le batteur Stan Lynch. Lorsqu’un Tom Petty un peu nostalgique vient assister aux répétitions, il se rend compte que c’est exactement ce qu’il lui faut comme backing band. Heureusement pour lui, le label accède à son désir et le groupe se rebaptise Tom Petty And The Heartbreakers en hommage à la chanson de Led Zeppelin.
Un premier album, éponyme, sort en 1976. L’album comporte une série de titres extrêmement bien écrits dont certains, comme "Breakdown" ou "American Girl" deviendront des classiques à postériori. Pourtant, il ne s’agirait pas d’oublier des perles moins connues comme "Fooled Again (I Don’t Like It)", "Rockin’ Around (With You)" ou "Anything That’s Rock ’n’ Roll". On y sent l’influence des grands noms du Rock américain, en particulier Bob Dylan (pour la manière de chanter de Petty) ou les Byrds (pour les arrangements et les harmonies). S’il ne fait pas grande sensation aux Etats-Unis, il est en revanche bien accueilli en Europe, particulièrement au Royaume Uni. Le groupe y part donc en tournée et les membres y recueillent un franc succès pour leurs qualités de bêtes de scène. Au retour, un nouvel album est enregistré, You’re Gonna Get It, qui continue dans la lignée du premier. On retiendra particulièrement l’énergique "I Need To Know". En revanche, le grand public boude toujours le groupe aux USA, même s’il commence à se faire une jolie petite réputation de groupe de scène.
Alors que Denny Cordell est trop occupé pour continuer à les produire, le groupe se tourne vers un producteur qui monte, Jimmy Iovine. Celui-ci vient de terminer le troisième album de Patti Smith qui a fait un carton et il n’est pas étranger au son de Born To Run de Bruce Springsteen. Au même moment, Shelter Records est racheté par MCA. Petty se rend compte qu’il n’a aucun mot à dire sur son transfert et que tous ses droits d’auteurs sont devenus la propriété du label. Furieux, il leur un déclare un procès et ira même jusqu’à se déclarer en faillite pour pouvoir obtenir gain de cause. Ce combat est sans précédent et fait sensation. Tout le monte parle du petit musicien prometteur qui s’attaque au géant de l’industrie du divertissement américain. Un accord sera trouvé à l’avantage du chanteur. Ainsi, lorsque Damn The Torpedoes sort en 1979, l’Amérique a déjà une plus nette idée de qui est Tom Petty, les radios sont plus enclines à diffuser les extraits et la production de Iovine et la qualité des morceaux font le reste. Le disque est un carton et offre aux groupe plusieurs succès comme "Refugee", "Don’t Do Me Like That" et "Here Comes My Girl".
Petty sait que maintenant on l’attend au tournant et que suivre un tel succès ne sera pas facile. Aussi prend-il sont temps et ce n’est que deux ans plus tard que sort Hard Promises. S’il est bien sûr un cran en dessous du précédent, il comporte malgré tout quelques moments de gloire comme l’excellent "A Woman In Love (It’s Not Me)" ou le très Byrds "The Waiting". On y retrouve également la ballade "Insider", un titre que Petty prédestinait à Stevie Nicks mais qu’il préférera finalement garder pour lui. On y retrouve cependant la voix de la chanteuse. En revanche il lui fera un encore plus beau cadeau avec le duo "Stop Draggin’ My Heart Around", qui se retrouvera sur le premier album de la chanteuse et qui deviendra le titre le mieux classé du groupe. Le pouvoir de Stevie Nicks certainement. La chanteuse envisagera même de quitter définitivement Fleetwood Mac pour rejoindre les Heartbreakers, une idée qui ne disait cependant rien à Petty, pas spécialement convaincu d’avoir une femme chanteuse. L’album marque aussi la fin d’une époque pour le groupe, car Ron Blair, fatigué des tournées, décide de se retirer du monde de la musique.
Son remplaçant, Howie Epstein, lui fera honneur, et sera partie intégrante du son des Heartbreakers dans les années 80. Mais Petty a un soucis plus important. MCA a décidé d’augmenter le prix des nouveaux disques de leurs artistes vedettes. Une nouvelle fois, il fera pression sur la maison de disque pour éviter cela. La hausse des prix sera stoppée, hélas pour une courte durée. Le groupe se remet bien vite au travail pour un nouvel album. Mais cette fois l’entente avec Jimmy Iovine est moins bonne et le produit fini ne satisfait pas. Long After Dark se vendra très bien, confortant le succès du groupe, mais peu de morceaux sont vraiment marquants. On retiendra malgré tout "You Got Lucky", mais davantage pour son clip qui voit le groupe sauter à pieds joints dans les possibilités offertes par MTV que pour sa musique qui se rapproche plus de The Cars que des Heartbreakers et n’est pas vraiment représentative de l’esprit de l’abum. Moins connu et plus conforme au son du groupe, "We Stand A Chance" est sans doute la perle méconnue de ce cinquième effort.
Conscients qu’ils ont besoin de se ressourcer, le groupe retourne dans leur Floride natale afin de réaliser un album hommage à la musique américaine du sud. Mais l’enregistrement ne fonctionne pas. Sans Iovine, le groupe manque de discipline. Lors d’un accès de rage et de frustration Petty manquera de perdre l’usage de sa main en la cassant. Iovine est alors appelé à la rescousse. Mais une fois encore, les morceaux marquants manquent à l’appel. A une exception prête, "Don’t Come Around Here No More", composé avec Dave Stewart de Eurythmics. Le morceau tranche par son son à la fois psychédélique et synthétique qui s’explique par le faite que le titre n’était pas destiné aux Heartbreakers mais à Stevie Nicks. Disposant également d’un clip marquant, ce sera un nouveau succès pour le groupe. Le reste de Southern Accents s’éloigne également, mais dans une moindre mesure, du son qui avait fait le succès des Heartbreakers avec un ton résolument moins Rock, se portant plus sur des ballades à tendance Folk ou des morceaux plus lisses.
La fatigue atteint le groupe qui commence à se désagréger. C’est particulièrement notable sur Pack Up The Plantation, le premier live du groupe qui sort 1985. Alors que la scène donnait une autre dimension aux Heartbreakers, ceux-ci sont ici bien trop lisses et en pilotage automatique. Le salut viendra de leur idole, Bob Dylan, qui décide de les utiliser comme groupe d’accompagnement. Les quelques dates deviennent finalement une tournée mondiale et les cinq hommes réapprennent le plaisir de jouer ensemble ainsi qu’à se mettre en danger. Malheureusement, en 1987, Let Me Up (I’ve Had Enough) ne verra pas un grand retour des Heartbreakers. Certes, "Jammin’ Me", écrit avec Dylan, est un retour à un son bien rock, mais le reste de l’album est finalement bien plat et peu inspiré. Le seul autre titre qui marque est "Runaway Trains", le titre le plus commercial de l’album, un comble. L’album est cependant une nouvelle fois disque de platine.
Le hasard des rencontres fera s’associer Tom Petty à pas moins que Bob Dylan, George Harrison, Jeff Lynne et Roy Orbison. Les Traveling Wilburys étaient nés. Cette collaboration avec d’autres artistes permets à Petty de se ressourcer et retrouver l’aspiration. La Pop-Folk mise en scène par Jeff Lynne fait mouche auprès du public, même si on peut lui reprocher un son un peu trop brillant. Le succès ne sera terni que par la mort subite de Roy Orbison. Petty est alors désireux de travailler avec Lynne sur son propre projet. Mais l’agenda chargé du producteur rendent l’enregistrement immédiat. L’enregistrement commence sans les Heartbreakers, à l’exception de Mike Campbell. Lorsqu’ils l’apprennent, les trois autres se sentent mis de côté. Ils déclareront alors ne pas apprécier la Pop-Folk proposée sur l’album et déclineront d’y participer. Même si Benmont Tench et Howie Epstein feront chacun une petite participation (quelques lignes de piano sur un titre pour l’un, quelques choeurs pour l’autre), la décision de sortir Full Moon Fever comme un album solo de Tom Petty sera prise définitivement. A sa sortie, l’album est un énorme carton, devenant l’album le plus vendu de toute la carrière du chanteur. A cela s’ajoute les succès des singles "I Won’t Back Down" et "Free Fallin’" qui deviennent également ses singles les plus célèbres. Quant à "Runnin Down A Dream", c’est un bon titre Rock dans la lignée de ce qu’auraient fait les Heartbreakers. Petty enchaîne ensuite avec un deuxième album des Traveling Wilburys qui sera également un beau succès, même si les ventes n’atteignent pas celui du premier.
Désireux de faire bénéficier de la poule aux oeufs d’or Jeff Lynne à son groupe pour se faire pardonner Full Moon Fever, Petty décide que le prochain album des Heartbreakers sera produit par celui-ci. Si Benmont Tench et Stan Lynch restent peu convaincus par les méthodes et le matériel proposé, le reste du groupe y prend un réel plaisir. Sorti en 1991, Into The Great Wide Open, devient le plus gros succès du groupe. Si "Learning To Fly" et "Into The Great Wide Open" gardent la patte qui avait fait le succès des précédentes collaborations entre Petty et Lynne, on peut malgré tout reconnaître un côté un poil plus Rock et une qualité qui en fait le meilleur album du groupe depuis Hard Promises. Parmi les titres le plus réussis, signalons également "All Or Nothing", "Out In The Cold" ou encore "Makin’ Some Noise". Le clip de la chanson titre fera également sensation en présentant un véritable mini-film mettant en vedette rien de moins que Johnny Depp et Faye Dunaway ! La tournée verra l’arrivée d’un nouveau membre dans l’équipe, Scott Thurston, ancien guitariste et pianiste de Jackson Browne et Iggy Pop, qui finira par rejoindre officiellement le groupe dans le milieu des années 90.
En ce début des années 90 Petty a le monde musical à ses pieds. Ces quatre derniers albums (Traveling Wilburys inclus) sont multi-platines et il est devenu un des musiciens les plus respecté des Etats-Unis. Constatant que les productions léchées sont en train de passer de mode, il décide de se tourner vers Rick Rubin pour retrouver un son plus sale et contemporain. La décision est de sortir l’abum sous le seul nom de Tom Petty. Une décision curieuse puisque tous les Heartbreakers participeront à l’enregistrement à l’exception de Stan Lynch. La relation entre Petty et son batteur est devenue de plus en plus tendue. Il participe malgré tout à l’enregistrement de "Mary-Jane’s Last Dance", un inédit prévu pour la nouvelle compilation du groupe. Le titre est un nouveau succès, porté par le clip où apparaît cette fois Kim Basinger. Malgré cela, Stan Lynch quitte le groupe. Tout naturellement, son remplaçant sera Steve Ferrone qui travaille avec les autres sur l’album solo de Petty.
Wildflowers sort en 1994 et offre un nouvel album multi-platine à l’artiste. Le single "You Don’t Know How It Feels" sera également un gros succès, le dernier véritable tube. Si l’album est effectivement plus rugueux, entre titres Country et titres Rock, il est malgré tout trop long. On retiendra cependant "Honey Bee", qui montre que les Heartbreakers en ont encore dans le ventre. Des chutes de studio serviront à la bande son du film She’s The One, cette fois sous le nom des Heartbreakers, tandis que le groupe enregistre avec Johnny Cash. Il faudra attendre quelques années avant d’avoir des nouvelles du groupe. Ce n’est qu’en 1999 que sort leur nouvel album, Echo. Le groupe poursuit dans la veine mélancolique de Wildflowers, les titres Rock en moins. Cela s’explique par le fait que Tom Petty traverse un divorce douloureux ainsi que par les problèmes de drogue de Howie Epstein qui deviennent problématiques. Echo est encore considéré aujourd’hui comme l’un de plus faibles albums du groupe.
En 2002, le groupe est intronisé au Rock And Roll Hall Of Fame et redécouvre à l’occasion le plaisir de jouer avec Ron Blair, alors qu’Epstein est devenu une épave. Il est alors proposé à Blair de participer au nouvel album des Heartbreakers en attendant qu’Epstein règle ses problèmes de drogue. Hélas, celui-ci décède peut de temps après et Ron Blair réintègre officiellement le groupe. The Last DJ sort la même année. L’album offre un regain de qualité par rapport au précédent entre des titres aux paroles bien senties comme la chanson-titre ou aux mélodies soignées comme "When A Kid Goes Bad" ou "The Man Who Loves Women". Tom Petty sort ensuite son troisième album solo, Highway Companion, qui marquent ses retrouvailles avec Jeff Lynne. Le son de l’album se situe quelque part entre les deux premiers, les morceaux marquants en moins, même si la qualité globale est au rendez-vous comme sur "Turn This Car Around". Après cela, Petty, Campbell et Tench reforment Mudcrutch en retrouvant leurs vieux amis Tom Leadon et Randall Marsh pour deux albums sortis en 2008 et en 2016.
En 2010, les Heartbreakers se retrouvent une nouvelle fois pour Mojo, un album étonnamment blues qui n’est pas sans rappeler par moment les Allman Brothers. A défaut d’être inoubliable, il permet de découvrir une autre facette du groupe et de ramener Tom Petty à un style plus Rock. Hypnotic Eye, sorti en 2014, sera le dernier album du groupe. Revenant à un format plus restreint de titres, il sera l’album le plus Rock du groupe depuis bien longtemps. Sur scène, le groupe n’arrête pas. Devenus aux Etats-Unis des véritables icônes du Rock, Tom Petty et les Heartbreakers n’ont plus rien à prouver. Et tant pis si, comme tant d’autres musiciens, leurs vingt dernières années de carrière ne sont pas particulièrement marquantes musicalement. C’est justement à l’issue d’une de ses tournées, célébrant les quarante ans d’existence du groupe, que Tom Petty trouvera la mort d’une crise cardiaque. Une mort inattendue qui permet de jeter un coup de projecteur sur une des carrière les plus riches et les plus cohérentes du Rock américain.
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