Hommage à Roger Moore: l'ère Moore chez James Bond

Live And Let Die :  
Diamonds Are Forever a relancé l’intérêt pour James Bond, mais cette fois-ci Connery est parti pour de bon. Et peut-être tant mieux car il commençait à ne plus être crédible physiquement. Afin de ne pas réitérer l’erreur Lazenby, il est décidé de choisir un visage déjà connu du public. Et c’est ainsi qu’entre Roger Moore, mondialement célèbre pour avoir incarné le Saint à la télévision et désireux à présent de se consacrer au cinéma où il n’est encore jamais vraiment parvenu à percer. L’arrivée de Moore est une véritable bouffée d’air frais dans la série. Tout d’abord, bien que plus âgé que Connery, il fait nettement plus jeune. Ensuite, son attitude est plus en accord avec les mentalités des années 70 que celle de Connery. En effet, le Bond de Connery était ouvertement viril et macho, là où Moore se veut plus charmeur et atténuant l’attitude machiste du personnage par cet œil pétillant qui a fait le succès de l’acteur. En bref Bond, d’un personnage à la Clark Gable est devenu plus proche d’un Cary Grant, justement l’un des modèles de Ian Fleming.  Live And Let Die poursuit dans la veine 70’s inaugurée par Diamonds Are Forever, mais en retirant le côté loufoque au profit d’une intrigue bien plus terre à terre et ancrée dans la réalité. 

Pour la première fois en effet, James Bond ne sauve pas le monde, mais se contente de démanteler un large trafic de drogue. En ce sens le suspense est moins présent que dans les précédents films car le temps ne joue pas contre 007, même si sa vie est fréquemment mise en danger. Est-ce pour cela, et aussi à cause d’un certain manque de rythme, que le film paraît assez long (ainsi, la poursuite en bateau aurait pu être plus courte) ? Il est vrai aussi que la fin (souvent les points faibles des James Bond) se contente de ressasser des clichés déjà vu (et que l’on verra encore), comme les requins. Il y a également que le trip vaudou est assez pénible en particulier le personnage du Baron Samedi. Le surnaturel ne semble pas vraiment convenir à l’univers de James Bond. Signalons en revanche plusieurs premières dans la saga. Ainsi, c’est pour la première fois que la James Bond Girl ne nous apparaît pas comme une créature sensuelle, mais comme une charmante jeune fille innocente et virginale (et pour cause !). De même Yaphet Cotto qui campe l’un des meilleurs méchants de la saga semble le plus humain de ceux apparus jusqu’à présent (ce qui a sans doute contribué à ce qu’il soit un peu oublié dans la galerie des grands antagonistes, car moins haut en couleurs)  et parvient même brièvement à nous émouvoir. Enfin, si Live And Let Die n’est pas aussi bon que ce que Roger Moore aurait mérité comme premier film, il possède ce qui est sans doute la chanson la plus mémorable (et l’une des meilleures) de la saga, composée et interprétée par Paul McCartney et qui est sans doute aujourd’hui plus connue que le film. On notera d’ailleurs le côté ironique de la situation de retrouver un ex-Beatle chargé du thème d’un James Bond, lorsque l’on se souvient que ce « même » James Bond clamait haut et fort dans Goldfinger que l’on ne pouvait pas décemment écouter les Beatles sans boules Quiès (comme quoi, même James Bond peut faire preuve d’une faute de goût). 6,5/10



The Man With The Golden Gun :
Deuxième film mettant en scène le James Bond de Roger Moore, The Man With The Golden Gun reste un mal aimé de la saga et cela est bien dommage. Pourtant, il s’agit à mon sens, et malgré ses défauts, d’un des meilleurs James Bond de la période Moore. Le film semble une sorte de mélange entre You Only Live Twice (pour l’aspect d’exotisme asiatique ainsi qu’un côté ludique comme la voiture volante ou la base secrète dans l’épave) et Live And Let Die (pour l’aspect ancré dans la réalité et une certaine dureté), pourtant deux des épisodes les plus faibles de la saga. Mais The Man With The Golden Gun enlève justement les principaux défauts de ces films. On trouve en effet, à l’inverse de You Only Live Twice un James Bond dynamique et concerné ainsi qu’un méchant digne de ce nom ; tandis qu’au contraire de Live And Let Die, le film comporte très peu de longueurs et les éléments surnaturels ont disparu. Alors bien sûr le film n’est pas sans défaut. Ainsi, la tendance au mauvais goût de Guy Hamilton qui, contrairement à Goldfinger et Diamonds Are Forever, était absente de Live And Let Die est à nouveau présente ici. Le nain Tric-Trac laissant un profond sentiment de malaise, tout comme la séquence de Roger Moore à l’école d’art martiaux secouru par deux jeunes lycéennes qui, si elle n’est pas aussi désastreuse que le Sean Connery japonisé chez les ninjas, n’est clairement pas le point fort du film. On notera que Britt Ekland se retrouve en bikini toute la fin du film, tout comme Jill St John dans Diamonds Are Forever, ce qui donnera également lieu à des gags pas très relevés (le coup de fesse dans le bouton pour une, la cassette glissée dans le maillot pour l’autre). 

Il faut cependant remarquer la présence superbe de Christopher Lee comme méchant. A ce jour, il demeure peut-être l’antagoniste le plus intéressant de James Bond, homme solitaire et véritable personnification négative du héros, il est plus qu’un méchant typé de série B comme l’étaient pour le meilleur et pour le pire les adversaires précédents. Et à nouveau on ne peut que regretter que les producteurs n’aient pas songé plus tôt à engager des acteurs de ce calibre (James Mason, George Sanders, Vincent Price…etc) qui n’aurait pu que relever le niveau des films. La leçon sera d’ailleurs retenue pour le suivant. Moore est ici un James Bond particulièrement dur et froid et à vrai dire, même si j’adore son James Bond rieur et ironique, cela lui va plutôt bien. Si les James Bond Girls ne sont pas spécialement développées, elle sont très jolies et participent de manière actives, même si pas toujours de manière heureuse (le personnage de Good-Night, parfois très efficace fait également quelques gaffes monumentales). Enfin, quelques mots sur la musique. Le succès de la chanson de McCartney a conduit à engager non plus des artistes de variété mais bien des chanteurs pop/rock dans le vent. Hélas, alors que Lulu, éphémère chanteuse, vient d’être signée pour ce qui sera l’un des thèmes les plus rock de la série, la légende Alice Cooper propose un thème nettement supérieur. Arrivé juste trop tard, celui-ci ne sera malheureusement utilisé et cela est bien dommage, car il aurait pu devenir une autre bande son mythique pour la saga. Dépaysant, moins rocambolesque et riche en scènes d’action mais en revanche bien plus riche en situations de tension que son prédécesseur, The Man With The Golden Gun est certainement un James Bond à réhabiliter d’urgence. 8,5/10



The Spy Who Loved Me : 
Ce troisième James Bond réalisé avec Roger Moore dans le rôle-titre est généralement le seul pour lequel les détraqueurs de l’ère Moore ont un peu de considération. Il est vrai qu’il s’agit d’un des meilleurs de la saga et qui exploite au mieux les qualités de l’acteur tout en n’alourdissant pas le suspense de blagues et gadgets inutiles. Lewis Gilbert, qui avait réalisé un You Only Live Twice inégal, revient à la réalisation et l’on remarquera que l’intrigue de son précédent film a été recyclée.  Mais cette fois, non seulement il ne s’agit plus de vaisseaux mais de sous-marins, mais les relations entre l’Est et l’Ouest, suivant l’actualité de l’époque, ne sont plus les mêmes : il ne s’agit plus d’accuser l’adversaire, mais de chercher le coupable et même de s’allier pour y parvenir. On remarquera également que la bataille finale dans le bateau citerne ressemble un peu à celle dans le volcan, quoiqu’un peu mieux menée, même si elle n’évite pas ces longueurs propre aux batailles finales de la saga (Thunderball, You Only Live Twice). Ayant retenu la leçon de The Man With The Golden Gun, le rôle du méchant est une nouvelle fois confié à un acteur réputé et charismatique, l’Allemand Curd Jurgens qui est sans pouvoir l’être (les droits du personnage étant bloqués) le Bloomfeld que les divers interprètes du rôle n’avaient su atteindre. De plus, pour la première fois depuis l’Odjob de Goldfinger (l’une des plus grandes réussites du film) le méchant est doté d’un homme de main terrifiant dont on se demande bien comment 007 pourra en venir à bout (d’ailleurs… il n’y arrivera jamais) : l’indestructible Jaws. 

Pour finir le casting, Barbara Bach est une très bonne James Bond girl, même si dans les scènes d’action (la poursuite au temple de Karnak), il apparaît comme peu probable qu’elle soit la meilleure agent russe. Le pré-générique est un des plus réussi de la saga. Le but était de dépasser la splendide poursuite en ski de On Her Majesty’s Secret Service et le pari est plus que réussi. The Spy Who Loved Me va aussi nous entraîner dans des lieux encore jamais parcourus par 007. Celui-ci est déjà un habitué des Bahamas (Dr No, Thunderball, Live And Let Die), de l’Asie de l’Est (You Only Live Twice, The Man With The Golden Gun) et de l’Amérique du Nord (Goldfinger, Diamonds Are Forever, Live And Let Die) et a déjà parcouru les Alpes (On Her Majesty’s Secret Service) et une partie du bassin méditerranéen (d’Istanbul à Venise dans From Russia With Love). Cette fois-ci, il continue ses pérégrinations exotiques en s’offrant un petit périple en Egypte (où il visitera ses grands sites de Gizhe à Karnak en passant par Abou Simbel où les services britanniques ont une base secrète ( !)) qui permettra quelques petits pastiches de Lawrence Of Arabia (Bond en bédouin sur un dromadaire acceptant l’hospitalité du cheik ou encore l’utilisation du thème de Maurice Jarre). Quant à la deuxième partie du film, elle se fera en Sardaigne, permettant de revisiter (parfois en les cumulant) plusieurs des clichés propre à James Bond : la bagarre dans le train (rivalisant avec celle de From Russia With Love et bien plus à propos que celle de Live And Let Die), la voiture à gadgets, les poursuites sous-marines, les attaques d’hélicoptère et bien sûr la fameuse piscine à requin du méchant. Mais ces clichés sont toujours utilisés à bon escient (ce qui n’a pas toujours été le cas). Bref en terme d’action de suspense et de dépaysement, c’est du grand James Bond. La barre est placée très haut et sera difficile à dépasser. Notons enfin qu’après deux chansons fort rock, le thème du film retombe malheureusement dans la variété. Et si la chanson de Carly Simon échappe de peu à l’écueil de la mièvrerie, elle ouvrira la porte à d’autres sucreries de chanteuses pop…9/10 



Moonraker :
Opus parmi les plus critiqués de la saga, Moonraker vaut cependant mieux que sa réputation. Mais il est vrai que le film est très encré dans son époque par son esprit, son aspect et son thème… Et cependant, si on accepte cela, il y a plein de très bonnes choses dans ce James Bond mené par un Roger Moore toujours impeccable. Un bon suspense, une enquête intrigante (on se demande bien ce que manigance cet Hugo Drax) et une série de scènes d’action fort réjouissantes (la bagarre au musée du verre, la poursuite dans les canaux et dans les rivières brésiliennes, l’attaque dans le téléphérique). On remarque également une volonté de s’écarter de certains clichés de la saga. Certes, on retrouve bien sûr par deux fois les poursuites en bateau, une thématique propre aux films de l’ère Moore (et absente du film précédent… raison pour laquelle on en trouve deux ici ?). En revanche, la liquidation par le biais d’animaux évite l’éternel bassin aux requins en faisant cette fois appel aux serpents et aux dobermans. La réutilisation du personnage de Jaws peut en revanche être plus discutable. Le personnage est bien sûr très bon, mais sent un peu le réchauffé. Du coup, s’il reste inquiétant (sont apparition lente vêtu d’un costume du carnaval dans une rue sordide de Rio), on en rajoute par le côté caricatural de son indestructibilité (passe encore) et surtout on achève le ridicule assumé dans une romance avec une sorte de Fifi brin d’acier blonde. C’est certes drôle, mais est-ce que cela a vraiment sa place dans un James Bond ? En revanche, faire de l’ennemi imbattable un allié à la fin était fort plaisant. 

La fin justement. Si on retient de ce film qu’il a envoyé James Bond dans l’espace, il ne s’agit en fait que de la dernière demi-heure du film et, autant le dire, du moment nettement moins réussi de celui-ci. Voulant surfer sur la vague science-fiction de Star Wars et Close Encounter, on se rapproche malheureusement plus de la lenteur ampoulée de 2001 : A Space Odyssey (mais sans le talent visuel de Kubrick), que de la fraîcheur des autres films cités. Pire, la bataille finale, à coup de laser, est encore plus ennuyeuse que les précédentes batailles finales (pourtant déjà souvent fort longues) et ce pour une raison très simple : James Bond n’y prend pas part et nous ne nous sentons donc pas concernés. Bond se contente de poursuivre, sans armes, Drax. Et lorsqu’il l’éliminera, ce sera grâce à sa petite montre à fléchettes ! Un peu léger pour un film qui veut entrer dans le monde de la science-fiction. On aurait pu au moins voir Bond ‘s’amuser’ avec un pistolet laser comme les soldats de la NASA ! Après deux méchants fort charismatiques, le niveau retombe avec Hugo Drax. Certes, Michael Lonsdale est un grand acteur et on aurait pu se dire que sa présence était une bonne idée. Hélas, l’acteur semble s’ennuyer profondément et sa prestation est donc tout sauf passionnante tant son ennui est communicatif. Autre bémol, le thème chanté par Shirley Bassey. Après avoir fait appel à des chanteurs à la mode, on peut se dire que faire appel à une chanteuse dont le style n’est plus dans l’ère du temps, malgré ses prestations légendaires des années auparavant dans la saga, était un choix un peu étrange pour un film qui se veut résolument contemporain. Mais le vrai problème est que le thème n’est pas du niveau de celui de Goldfinger et Diamonds Are Forever…7,5/10 



For Your Eyes Only : 
Après un Moonraker inégal, il est temps pour James Bond de retourner sur terre.  La question est maintenant que James Bond a été dans l’espace que peut-il bien encore accomplir ? Plutôt que de chercher à franchir encore des barrières, le choix est plutôt de revenir à un James Bond plus sobre, plus crédible. Une intrigue classique de James Bond (un décodeur pris par des contrebandiers et convoités dans par l’Est que par l’Ouest). Mais cette fois-ci les trafiquants sont du côté des Russes face à un James Bond seul ou presque… En effet, si l’intrigue en soit n’a rien d’originale pour un James Bond, un élément tranche avec tous les films précédents car pendant la moitié du film nous sommes trompés par le méchant. Ainsi l’allié de James Bond est en fait le méchant tandis que celui qui était désigné comme le méchant devient son allié (et quel allié ! – excellent Topol). En fait le film est un habile mélange entre des séquences connues chez James Bond (poursuites en ski, mers ensoleillées et requins menaçants) et des trouvailles réussies (l’escalade de la montagne et une bataille finale qui par son côté plus intimiste est nettement plus réussie que les grandes batailles des films précédents) ou surprenante (la poursuite en 2CV ou James Bond se prend malgré lui pour le Gendarme de St Tropez). S’il n’est pas le meilleur James Bond, For Your Eyes Only reste un film d’action de très bonne facture. Signalons cependant que le générique chanté par Sheena Eaton enfonce encore le clou de la mièvrerie amorcée par la chanson de Carly Simon deux films plus tôt. 8/10



Octopussy : 
James Bond entre cette fois pleinement dans les années 80 et cela se sent. D’une part parce que la chanson est une nouvelle mièvrerie pop d’une chanteuse à la mode, mais aussi par le glamour chaud qui caractérisera cette décennie. Si le film n’a pas toujours bonne réputation, il est à mon sens le meilleur de l’ère Moore, à l’exception de l’indétrônable The Spy Who Loved Me. Déjà la séquence prégénérique, à la fois fun et haletante s’offre déjà comme une des meilleures de la série. Ensuite, parce que l’intrigue est bien ficelée et s’écarte de celles un peu réchauffées des films précédents. Cette fois un mystérieux trafic de bijoux impériaux russes va révéler un complot d’un général soviétique pour envahir l’Europe occidentale. Rebondissements et exotisme puisque James Bond s’en va pour la première fois en Inde et… en Allemagne de l’Est. Les péripéties de Bond sont drôles sans être ridicules. Les alliés de Bond sympathiques (Q dans sont rôle le plus important depuis son apparition), une James Bond Girl à la hauteur et le méchant le plus charismatique depuis Curd Jurgens : Louis Jourdan. Encore une fois, on ne peut que regretter que les producteurs n’aient pas plus souvent fait appel à de grands vétérans tels que Jourdan, Jurgens ou Lee pour ce genre de rôles. Seul bémol, le garde du corps de celui-ci, un Indien qui semble tellement calqué sur l’Odjob de Goldfinger (jusqu’à broyer les dés comme Odjob broyait la balle de golfe) que cela en est énervant. Et c’est d’autant plus regrettable que cet opus ne reprenait pas les habituels clichés ou alors les détournait habillement (la bataille finale accomplie par des femmes, mais où l’action se centre – enfin – sur 007). Parmi les grands moments, signalons la poursuite dans les rues, la chasse à l’homme et la poursuite dans les trains. Plus d’une fois on pense à Indiana Jones & The Temple Of Doom et il est fort à parier que Lucas et Spielberg ont quelque peu été influencés par le film. De même qu’ils partageaient sans doute les mêmes influences. Bref, un pur moment de divertissement dont on aurait tort de se priver ! 8,5/10



A View To A Kill :
Dernier James Bond avec Roger Moore dans le rôle-titre. On pourrait considéré que pour l’acteur il s’agit du James Bond de trop. Cela dit, si A Vew To A Kill est boiteux, cela est plus dû au scénario qu’à l’acteur. Le prégénérique était déjà plutôt raté. Loin d’atteindre le mélange de fun et d’action de celui d’Octopussy, il essaye vainement de se rapprocher de celui de The Spy Who Loved Me mais sans en avoir l’envergure. L’utilisation malvenue de « California Girls » n’arrangeant rien. Ensuite nous assistons à un film qui peut vraiment être divisé en deux partie. La première se passant en France, la seconde à San Francisco. A mon sens c’est la partie française qui est la plus réussie. On passera sous silence la très mauvaise caricature de français que l’on est heureux de voir supprimé rapidement par Grace Jones. Le reste est une excellente comédie à suspense. On est certes plus proche de « Charade » que de James Bond, mais le plaisir est tel qu’il ne faudrait pas s’en priver. Roger Moore prouve qu’il est sans doute à ce jour le seul acteur à avoir pu se prétendre héritier de Cary Grant et il est regrettable que sa route n’ai pas croisé celle d’un bon réalisateur de comédie qui aurait permis de laisser au cinéma une trace autre que celle d’interprète de James Bond. Signalons l’excellent duo comique qu’il forme avec Patrick Macnee où l’on sent le plaisir qu’ont les deux acteurs de jouer ensemble particulièrement lorsque Bond prend un malin plaisir à utiliser Sir Tibbett comme valet. Il est vraiment regrettable que les scénaristes aient jugé bon de le supprimer si vite, tant il possédait la consistance qui manquera à tous les personnages secondaires qui apparaîtront par la suite, James Bond Girl incluse. Sa présence aurait sans aucun doute donné plus de souffle à cette seconde partie. 

En effet l’agent de la CIA à un rôle de figurant presque inutile (il se fera d’ailleurs assassiner très rapidement), l’agente russe disparaît aussi rapidement qu’elle est apparue (son rôle ne semblant avoir été créé que pour donner lieu à une scène érotique) quant à la James Bond Girl, il s’agit tout simplement de la plus cruche jusqu’alors de la série avec tout la panoplie de la pouffiasse américaine type. Cette seconde partie est plus dans la tradition des James Bond classique, mais les scènes d’action sont souvent ratées. La poursuite spectaculaire avec camion de pompier semblant souvent artificiel (mais pourquoi diable Bond est-il allé se balader sur l’échelle ?) et manquant de suspense. La grande réussite est le personnage de Christopher Walken, premier antagoniste jeune et psychopathe. Il créé une véritable brisure avec les méchants traditionnels des films précédents. L’idée de donner le rôle de l’habituel homme de main herculéen à une femme, certes bourrée de testostérone, est plutôt bonne également, même si le jeu de Grace Jones est extrêmement limité. Bref, malgré une très bonne première partie, le film n’offrait malheureusement pas à Moore la sortie honorable à laquelle il aurait eu droit. Et en ce sens A View To A Kill est bien le film de trop pour Moore qui aurait mieux fait de finir sa carrière avec l’excellent Octopussy. Il est cependant un détail par lequel le film bat ses prédécesseurs, le thème interprété (et composé) par Duran Duran qui met fin à une série de chansons pop insipides et qui est certainement le meilleur thème depuis le « Live & Let Die » de Wings (curieusement autre excellent thème servant à un film très moyen). 7/10

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