Deep Purple - Made In Japan (1972)


En l'espace de trois albums, In Rock, Firball et Machine Head, DEEP PURPLE est devenu l'un des groupes les plus excitant du rock du début des années 70. Made In Japan marque l'apogée de l'histoire du groupe. Il s'inscrit dans la lignée des albums en concert mythiques qui ponctueront la décennie. Enregistré durant une série de concerts que le groupe effectua au Japon, l'album reprend l'essentiel des classiques du groupe à cette époque.  Ainsi, c'est Highway Star, qui débutait l'album précédent, qui ouvre les hostilités (et qui restera généralement le titre d'ouverture des concerts de DEEP PURPLE version Ian GILLAN). Et il est vrai qu'avec son rythme effréné, le choix est idéal pour plonger tout de suite le spectateur dans l'ambiance. Le titre est un parfait résumé des caractéristiques de DEEP PURPLE: la batterie aérienne de Ian PAICE, la basse lourde de Roger GLOVER, les cris aigus de Ian GILLAN, les duels entre la guitare de Ritchie BLACKMORE et l'orgue de Jon LORD. Le titre suivant calme un peu le jeu. Child In Time, superbe morceau issu de In Rock mettant en valeur la voix de GILLAN et les claviers de LORD, commence doucement pour une montée en puissance jouissive. On est cependant déçu que le solo soit entamé au départ par LORD avant d'enchaîner  sur la cavalcade de la guitare de BLACKMORE. Non pas que le solo d'orgue gâche la chanson, loin de là, mais que le début du solo de guitare dans la version studio avait une telle perfection mélodique que son absence demeure frustrante. S'il y a bien un bémol à mettre à Made In Japan, c'est bien celui-là. Vient ensuite le classique Smoke On The Water, désormais représentant à lui seul le groupe dans le monde entier, suivit de The Mule, loin d'être le meilleur morceau du groupe, mais prétexte à laisser Ian PAICE démontrer ses talents de batteur le temps d'un solo.

Strange Kind Of Woman nous emmène vers un véritable dialogue entre la guitare de BLACKMORE et le chant de GILLAN. Une caractéristique du groupe qui sera reprise par d'autres par la suite. Lazy et surtout l'apocalyptique Space Truckin' est l'occasion pour le groupe de nous offrir de longues plages d'improvisations caractéristiques de l'époque. A sa sortie, le disque s'arrêtait là. Heureusement, l'arrivée du CD a permis de rajouter les titres joués lors des concerts enregistrés qui n'avaient pas été repris faute de place. C'est ainsi que l'on retrouve Black Night, premier véritable classique du groupe, et son rythme entraînant, le violent Speed King et, curiosité, une reprise de Lucille de Little RICHARD jouée à la sauce DEEP PURPLE. Virtuose et puissant, Made In Japan est le parfait témoignage de ce qu'était DEEP PURPLE à son heure de gloire dans son incarnation mythique (le fameux Mark II). Et l'on a du mal à croire que le groupe ait enregistré à regret cet album (pour une diffusion au départ destinée au seul marché japonnais). De même qu'il soit fort surprenant que la maison de disque Warner Bros était peu enthousiaste à sortir un album live et ce malgré le fait que Live At The Fillmore East avait été un grand succès pour The ALLMAN BROTHERS BAND l'année précédente. Ils furent cependant récompensés car l'album devint rapidement un succès commercial. 

Comme dit précédemment, Made In Japan marque l'apogée du groupe. L'album suivant se vendra nettement moins bien et des tensions feront intervenir divers changements dans le groupe qui finira par exploser en plein vol. Ces périodes d'instabilité mêlées à une image moins glamour que chez certains de leurs concurrents (LED ZEPPELIN en tête) feront que DEEP PURPLE perdra peu à peu sa place dans le peloton de tête des groupes à succès des années 70.

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