Alice Cooper
Au milieu des années 60, un jeune ado fan de rock, nommé Vincent Furnier, décide de former un groupe. Au départ, ne sachant pas jouer, ils s’habillent comme les Beatles et miment leurs chansons. Parmi eux, on retrouve Glen Buxton et Dennis Dunaway. Désirant aller plus loin, ils se nomment The Spiders et apprennent à jouer des instruments. L’harmonica pour Furnier, la guitare pour Buxton et la basse pour Dunaway. Après s’être fait un nom dans les clubs de Phoenix, ils recrutent un second guitariste, Michael Bruce. Quelques singles remportent leur petit succès, le groupe se renomme Nazz et engagent Neal Smith pour tenir la batterie. Plein d’entrain, le groupe décide de s’implanter à Los Angeles. Mais là, ils apprennent que Todd Rundgren a déjà appelé son groupe Nazz et qu’il leur faut trouver autre chose. Désirant exploiter au maximum les possibilités de la scène et s’afficher en opposition à la scène hippie qui remporte à succès, ils choisissent le nom d’Alice Cooper. Furnier, lui, jouera le rôle d’Alice, cette femme repoussante, en s’inspirant du maquillage de Bette Davis dans What Ever Happened To Baby Jane, le film de chevet du groupe, et de l’esthétique des personnages féminins du film Barbarella et de la série The Avengers.
Les membres du groupe commencent également à travailler sur des effets spéciaux (comme une guillotine) à utiliser. Rapidement, Alice Cooper inquiète tellement qu’il leur devient difficile de trouver des endroits où jouer. En revanche, leur réputation vient aux oreilles de Frank Zappa qui cherche des groupes étranges à signer sur son label. Leur premier album, Pretties For You, sorti en 1969, est malgré tout un échec, même si Zappa pousse à fond la légende de rock décadent (Shock Rock) qui entoure le groupe. Il en ira de même pour Easy Action un plus tard. Il faut dire qu’à l’époque, Alice Cooper est surtout influencé par le Art Rock du Pink Floyd de Syd Barrett. Ne se sentant pas à leur place à Los Angeles, le groupe émigre à Détroit, qui possède à l’époque une scène rock bien plus violente en rapport avec l’esprit d’Alice Cooper, comme les Stooges et MC5. Peut-être est-ce l’influence de ces groupes qui poussent Alice Cooper à s’écarter de leurs racines floydiennes pour se rapprocher d’un Glam Rock à tendance hard.
Bob Ezrin, un jeune producteur talentueux, acceptera de produire leur troisième album, le dernier de leur contrat avec le label de Zappa. Love It To Death offre au groupe leur premier succès, "I’m Eighteen", et contient aussi le futur classique "The Ballad Of Dwight Fry". Ce succès attire l’attention de Warner qui rachète leur contrat et assume la promotion de l’album. La tournée qui suit est un succès et l’aspect théâtral du groupe sur scène commence à séduire et à inspirer d’autres artistes (parmi eux, David Bowie et Elton John). En 1971, Killer, confirme le succès du groupe, offrant une brochette de tubes avec "Under My Wheels", "Be My Lover" ou encore "Desperado". Sur scène, Alice Cooper fait même venir un boa constrictor. L’explosion vient en 1972 avec l’album School’s Out qui est un énorme succès aux Etat-Unis comme en Europe. La chanson titre devient un hymne tandis que les parents horrifiés regardent leurs enfants se précipiter aux concerts chocs du groupe.
L’année suivante, Billion Dollar Babies enfonce encore le clou avec des classiques comme la chanson-titre, "Elected", "No More Mr Nice Guy" et "Hello Hooray". Alice Cooper est désormais un des groupes les plus populaires d’Amérique et les spectacles sont de plus en plus extravagants. Mais en coulisse, le groupe fatigue. Surtout Glenn Buxton dont l’alcoolisme commence à devenir un problème. C’est sans surprise que l’album suivant, Muscle Of Love, est un cran en dessous. Parmi les bons titres, signalons "The Man With The Golden Gun", prévu pour le James Bond du même nom, mais que le groupe proposa trop tard, les producteurs ayant déjà signé la chanteuse Lulu. Fatigué, le groupe décide de prendre une pause. Pour faire patienter, un film sort, Good To See You Alice Cooper, constitué d’un concert de 1973 et d’extraits plus ou moins comiques incluant le groupe en prises avec un réalisateur tyrannique.
Mais Furnier, qui entre temps a légalement changé son nom en Alice Cooper, décide de réaliser un album solo pendant ce temps. En collaboration avec Bob Ezrin et deux guitaristes avec qui il avait déjà travaillé (Dick Wagner et Steve Hunter, du groupe de Lou Reed), il créé le concept album Welcome To My Nightmare. Véritable chef d’oeuvre remplis de titres aussi réussis que "Welcome To My Nightmare", "Only Women Bleed", "Department Of Youth", "The Black Widow" ou encore "Steven", l’album fait un carton. Pour le public, groupe ou artiste studio, Alice Cooper reste Alice Cooper. Furnier comprend qu’il n’a pas besoin du groupe pour continuer à avoir du succès, et quand la reformation tombe à l’eau à cause des problèmes de Glen Buxton, c’est trop se forcer qu’il continue sa carrière solo. L’album suivant, Alice Cooper Goes To Hell est cependant un cran en dessous, malgré le succès de la ballade "I Never Cry". Furnier sombre de plus en plus dans l’alcoolisme et ses prestations s’en ressentent. Lace & Whiskey continue la baisse de popularité d’Alice Cooper même s’il offre un dernier tube à l’artiste avant longtemps, "You & I", une nouvelle ballade.
Alors que Furnier est hospitalisé pour son alcoolisme, sort The Alice Cooper Show, en 1977. Premier album live, bien que reprenant la majorité des succès de l’artiste, il ne s’agit pas de sa meilleure performance ni de celle de son groupe qui à cette époque offre de multiples duels de guitares entre Hunter et Wagner qui sont ici raccourcis pour faire tenir l’album sur un seul disque. C’est sevré que Furnier entame la composition de From The Inside, en compagnie de Bernie Taupin (le parolier d’Elton John) et Dick Wagner, qui relate son expérience en désintoxication. Musicalement, l’album est le meilleur que Cooper ait sorti depuis Welcome To My Nightmare, avec par exemple de titres comme "Nurse Rozetta" et "Wish I Were Born in Beverly Hills". Mais si l’album se vend bien, on est loin des succès du début des années 70. On le retrouve aussi au cinéma, jouant dans le dernier film de Mae West et incarnant le méchant dans un film autour du répertoire des Beatles, avec les Bee Gees et Peter Frampton.
Hélas, Furnier retombe bien vite dans ses démons. Si profondément qu’il ne se souviendra même pas de l’enregistrement des albums suivants (Flush The Fashion, Special Forces, Zipper Catches Skin et DaDa), souvent expérimentaux, qui, s’ils continuent à avoir des défenseurs, furent de cuisants échecs. En 1984, la situation devient si critique qu’il est hospitalisé une nouvelle fois, tandis que Warner se débarrasse d’un artiste qui ne leur rapporte plus rien. Cette fois-ci, il prend le temps de se remettre et c’est un Alice Cooper tout frais que l’on retrouve en duo avec Twisted Sister un an plus tard sur "Be Chrool To Your Scuel". Mais son grand retour a lieu en 1986 avec l’album Constrictor. Entrant de plein pieds dans le style Hair Metal qui fait fureur à l’époque, il se fait produire par Beau Hill, engage Kane Roberts à la guitare, ainsi que Kip Winger à la basse et Paul Taylor aux claviers (futurs membres du groupe Winger). Si aucun titre n’est vraiment exceptionnel, il faut souligner un retour prometteur. Retour qui se confirme l’année suivant avec Raise Your Fist And Yell où il conserve le même groupe auquel s’est joint Ken Mary à la batterie (futur House Of Lords).
Cependant, c’est avec Trash, en 1989, qu’il retrouve un énorme succès. Faisant appel aux services de Desmond Child (qui a fait de Bon Jovi des stars et qui a relancé la carrière d’Aerosmith) et à des invités prestigieux (Steven Tyler, Joe Perry, Jon Bon Jovi, Richie Sambora et d’autres membres d’Aerosmith), il nous offre une série des titres de très bonne facture dont le tube "Poison", mais aussi "Spark In The Dark", "House Of Fire" ou encore "Bed Of Nails". Hey Stoopid, en 1991, tente de renouveler l’expérience avec cette fois-ci Joe Satriani, Steve Vai, Slash et des membres de Mötley Crüe, mais le succès est moindre même si on retrouve de très bons titres dont "Feed My Frankenstein". On le retrouve également en guest sur un titre de Guns N Roses, "The Garden", où il chante en duo avec Axl Rose. Il faut attendre 1994 pour avoir un nouvel album d’Alice Cooper. The Last Temptation est un retour au concept album. Influencé par le grunge (Chris Cornell y apparaît même sur deux titres qu’il a composé), le ton est plus sombre et il s’agit sans doute du dernier grand album d’Alice Cooper.
Désormais une icon de la culture populaire, Alice Cooper continue pendant la fin des années 90 et les années 2000 à sortir des albums de qualités diverses mais dont aucun titre n’arrivera à marquer durablement. La sortie d’une suite de Welcome To My Nightmare, Welcome 2 My Nightmare apporte un soupçon d’intérêt puisqu’outre les retours de Ezrin et de Hunter et Wagner sur certains titres, il marque aussi la reformation du groupe d’origine (moins Glen Buxton décédé en 1997) sur trois titres. Mais si l’album est convenable, on reste très loin des grandes heures des années 70. L’année précédente, Alice Cooper, Michael Bruce, Dennis Dunaway, Neal Smith et feu Glen Buxton avaient d’ailleurs été intronisés au Rock N Roll Hall Of Fame. Depuis, Alice Cooper a continué de tourner avec son groupe et, plus récemment, avec Hollywood Vampires, un projet de cover band formé avec Joe Perry et Johnny Depp (et d’autres célébrités) qui ont sortit un album de reprises en 2015. Mais la légende est désormais écrite.
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