Vivien Leigh (1913-1967)


Vivien Leigh


La petite Indienne :

Pour les Britanniques, le 5 novembre commémore l’arrestation de Guy Fawkes, chef de la Conspiration des Poudres qui avait prévu de faire sauter le Parlement au début du XVIIe siècle. Mais pour les cinéphiles, c’est surtout le jour où naquit en l’an 1913 une certaine Vivian Mary Hartley à Darjeeling, en Inde. À cette époque en effet l’Inde fait encore partie de l’Empire Britannique, et Ernest Hartley y est agent de change. Cette situation professionnelle qui offrait à sa famille une vie fort aisée n’empêchait pas le père de la future Vivien Leigh de s’adonner au théâtre amateur où, paraît-il, il se montrait fort brillant. Lors au début de la Grande Guerre, il sera incorporé à la cavalerie indienne. La petite enfance de Vivian se passe donc dans un univers proche d’un roman de Kipling. A 3 ans, elle monte pour la première fois sur scène pour chanter « Little Bo Peep » et surprend l’assistance lorsqu’elle déclare qu’elle ne chantera pas la chanson, mais la récitera.

À l’âge de 6 ans, cependant, sa mère juge qu’il sera plus convenable qu’elle reçoive une éducation typiquement anglaise. Aussi, début 1920, Vivian est conduite par ses parents au couvent du Sacré-Cœur, à Roehampton, en Angleterre. Au cours de sa scolarité, elle ne verra que rarement ses parents qui sont repartis en Inde. Si, en règle générale, elle se montre une élève sage, sa nature impulsive la pousse parfois à tenir tête aux religieuses. C’est à Roehampton qu’elle décide de devenir actrice alors qu’elle participe aux pièces de l’école avec une certaine Maureen O’Sullivan, future partenaire de Johnny Weissmuller dans les Tarzan et mère de Mia Farrow. En 1927, son père alors très riche, la retire de l’école après avoir quitté ses affaires afin d’emmener sa famille parcourir l’Europe. Vivian et ses parents retournent à Londres en 31. Sa scolarité est terminée et la jeune fille à hâte de se lancer dans des études à l’Académie royale d’Art Dramatique (RADA).

Au début de l’année 1932, elle fait la connaissance de Leigh Holman, un jeune avocat de douze ans son aîné qui se retrouve vite séduit par la beauté et la vivacité de Vivian. De son côté, Vivian est acceptée à la RADA, tandis que Leigh pense que cette passion s’estompera une fois qu’elle tiendra un foyer. Le 20 décembre 1932, Vivian et Leigh se marient, mais si Vivian cède à l’insistance de Leigh de quitter la RADA, elle s’y réinscrira bien vite. Malheureusement, après quelques mois et une apparition sur scène, elle doit à nouveau quitter l’Académie. Elle est enceinte. Cependant, contrairement à ce que pensait Leigh, la naissance de la petite Suzanne n’enlève en rien à Vivian l’envie de devenir actrice. Elle décroche un petit rôle au cinéma avant de prendre pour agent John Gliddon. C’est lui qui lui suggère de changer de nom et c’est ainsi que Vivian Hartley devient Vivian Leigh, d’après le prénom de son mari. Liegh accepte le désir de sa femme, mais à condition que tout engagement qu’elle prenne se limite à un an, deux au maximum. Après quelques rôles dans des films mineurs, Vivian est engagée en 35 pour le rôle principal de la pièce The Mask Of Virtue. Le metteur en scène lui demande s’il lui est possible d’orthographier son prénom de manière plus féminine et s’est ainsi que Vivian devient Vivien. La métamorphose est complète. Au cours des répétitions, elle se donne au maximum pour jouer le mieux possible et combler ce qui est son handicap depuis toujours, une voix fluette. La pièce est un triomphe et du jour au lendemain Vivien devient une star de la scène britannique. Le grand producteur Alexander Korda, qui l’avait refusée par le passé, lui offre un contrat de 50.000 livres, du jamais vu pour une star naissante.


La nouvelle vedette britannique :

Cependant elle doit rapidement déchanter car Korda ne semble pas avoir de rôles à lui proposer. L’hésitation du producteur lui fera même perdre l’occasion de travailler avec Charles Laughton au cinéma et Leslie Howard au théâtre. Celui avec qui elle aimerait surtout travailler, c’est Laurence Olivier, la jeune étoile du théâtre britannique qui lui-même ne semble pas indifférent au charme de la jeune comédienne. Mais pour l’instant, l’un comme l’autre ne se connaissent que mondainement. Mais très vite, tous les deux commencent une liaison. Rapidement celle-ci n’est un secret pour personne et Korda qui perçoit le potentiel de les faire jouer ensemble lui donne un rôle dans Fire Over England (L’Invincible Armada, 1936) où joue Olivier. Olivier, qu’Hollywood a humilié à plusieurs reprises, considère qu’il gâche son talent au cinéma. Vivien, pour qui Olivier est également un mentor artistique, en vient rapidement à penser de même. Cela ne l’empêche cependant pas de tourner d’autres films pour Korda dont Sturm In Teacup (Tempête dans une Tasse de Thé, 1937), une comédie avec Rex Harrison.

Après avoir lu le roman de Margaret Mitchell, Autant en emporte le vent, et apprenant que David O. Selznick s’apprête à le porter à l’écran, elle supplie Giddon de faire parvenir son dernier film au grand producteur hollywoodien. Mais Selznick ne semble pas convaincu. De même, Korda ne pense pas que le rôle de Scarlett lui convienne. Pour se consoler, Vivien joue Hamlet avec Olivier au Danemark et annonce à Leigh qu’elle le quitte. Ce dernier cependant continue à croire que sa femme finira par lui revenir. Tant Vivien qu’Olivier désirent divorcer pour se marier, mais leurs époux respectifs font traîner la procédure. N’ayant nullement renoncé à apparaître dans Autant en emporte le vent, elle déclara : Larry ne sera pas Rhett Butler, mais moi, je serai Scarlett O’Hara. Vous verrez ce que vous verrez. »

Prêtée contre son gré par Korda à la MGM, elle joue Yank At Oxford (Vive les Etudiants, 1937) où pour la première fois elle donne la réplique à une vedette internationale : Robert Taylor. Cependant, c’est son ancienne condisciple Maureen O’Sullivan, et non elle, le premier rôle féminin.

Bien que toujours mariés, Olivier et Vivien habitent ensemble dans une vieille et belle maison du XVIIe siècle, Durham Cottage que Vivien s’emploie à aménager. Après avoir tourné dans St. Martin’s Lane (Vedettes du Pavé, 1938) avec Charles Laughton avec qui elle ne s’entend guère, Vivien décide de s’investir davantage dans sa quête du rôle de Scarlett O’Hara en prenant un agent américain qui puisse la représenter aux Etats-Unis. Tout naturellement elle choisit le même agent qui représentait déjà Olivier, Myron Selznick, le frère de David. William Wyler propose alors à  Olivier et à Vivien de jouer dans son adaptation des Hauts de Hurlevent. Le scénario leur plaît, mais Vivien n’est pas prévue pour le rôle principal qui doit revenir à Merle Oberon. Devant l’insistance du couple, Wyler essaie de convaincre Samuel Goldwyn, le producteur, mais celui-ci se montre inflexible : Vivien n’est pas encore assez connue pour un premier rôle de cette importance. Afin de ne pas priver Olivier d’un bon rôle, qui plus est fort lucratif, Vivien lui laisse prendre le rôle mais refuse de participer au film.

Cecil B. DeMille lui propose un rôle dans son nouveau film, Union Pacific, mais après avoir longtemps hésité à accepter un rôle qui à coup sûr lui apporterait une célébrité internationale, elle refuse afin de ne pas perdre les maigres chances de jouer Scarlett en étant prise par un autre engagement. Venue rejoindre Olivier, qui vient de finir son film, à Hollywood, elle est présentée à Myron. Celui-ci décide de la présenter à son frère qui n’a toujours pas trouvé son premier rôle féminin. Myron sait comment prendre son frère et décide de la lui présenter alors que l’équipe tourne l’incendie d’Atlanta, habillée et maquillée « à la Scarlett ». La mise scène réussit et tant David O. Selznick que George Cukor se montrent intéressés par cette jeune Anglaise qu’ils jugeaient ne pas convenir au rôle quelques temps plus tôt. Aussitôt elle est engagée pour faire un essai en même temps que les autres finalistes : Paulette Goddard, Jean Arthur et Joan Bennett, toutes stars confirmées. Et le rôle le plus convoité de l’histoire du cinéma est attribué à Vivien.


Une star internationale :

Prenant plaisir à travailler avec George Cukor, sa déception est grande lorsqu’elle apprend qu’il a dû quitter le tournage. Les supplications de Vivien et Olivia de Havilland n’y changent rien et Cukor est remplacé par Victor Fleming. Cependant les deux actrices continuèrent secrètement à répéter leur rôle avec l’ancien metteur scène. Dès lors elle ne prend plus grand plaisir à tourner le film qui non content de la séparer d’Olivier la fait travailler avec un réalisateur avec lequel elle ne s’entend pas. Souhaitant avec impatience la fin du tournage du film auquel elle avait tellement espéré participer, elle désire également pouvoir jouer aux côtés d’Olivier dans Rebecca d’Alfred Hitchcock qui sera également produit par Selznick. Mais ce dernier lui préfèrera Joan Fontaine. Et si elle n’est pas prêtée à la MGM pour Orgueil et Préjugés dont le rôle ira à Greer Garson, ce sera pour Waterloo Bridge (La Valse de l’Ombre, 1940) mais avec Robert Taylor et non Laurence Olivier. La sortie de Gone With The Wind (Autant en Emporte le Vent, 1939) est un succès phénoménal et Vivien de petite actrice britannique inconnue en dehors de l’Angleterre devient, en un film, une star mondiale de première importance.

Sur l’insistance de Vivien, Olivier l’accompagne à la première somptueuse ayant lieu à Atlanta avec comme motif de promouvoir la sortie prochaine de Rebecca. Selznick, en effet, craint toujours qu’un scandale vienne entacher le film de sa vie, Vivien et Olivier étant toujours mariés à leurs époux respectifs. La Valse de l’Ombre où son nom se trouve avant celui de Robert Taylor, pourtant l’une des plus grandes stars de la MGM, confirme le succès de Vivien. Mais pour Vivien ce n’est pas le plus important : enfin Leigh Holman demande le divorce et il en va de même pour Jill Esmond, la femme d’Olivier. Et si l’un comme l’autre obtiendront la garde de leur enfant, Vivien et Olivier peuvent enfin songer à convoler à de justes noces. C’est le moment que choisit George Cukor pour leur suggérer de jouer Roméo et Juliette au théâtre. Les deux acteurs y investirent toute leur fortune, Warner Bros paya l’autre moitié des frais. Cela fut un échec monumental et le couple fut éreinté par la critique. En revanche si Olivier ne remporta pas l’Oscar pour Les Hauts de Hurlevent, Vivien remporta celui de la meilleure actrice pour sa performance comme Scarlett.
Après avoir achevé leur désastreuse tournée de Roméo et Juliette, Vivien et Olivier peuvent enfin, le 31 août 1940 se marier. Le mariage se fait secrètement pour échapper à la presse et c’est le scénariste Garson Kanin et Katharine Hepburn qui était chez lui à ce moment-là, qui leur servent de témoins. Leur lune de miel se fera sur le yacht de Ronald Colman puis les jeunes mariés partent tourner That Hamilton Woman (Lady Hamilton, 1941) pour Alexander Korda. Bien qu’étant un échec critique, le film est un succès public. Ne souhaitant pas retourner en Californie, Vivien s’empresse de refuser tout rôle que lui propose Selznick, malgré le fait qu’elle est à présent sous contrat avec lui, prétextant qu’en ces temps de guerre, il lui faut servir sa patrie.

Désirant jouer dans César et Cléopâtre de George Bernard Shaw, elle commence par apparaître au théâtre dans The Doctor’s Dilemma du même auteur qui est un succès, puis s’applique à séduire le vieux dramaturge pour qu’il accepte que lui soit confié le rôle tant désiré de la reine d’Egypte. Elle y parvient avec succès, en revanche Selznick refuse qu’elle participe au film Henry V qu’il doit tourner avec Olivier. En effet, cela fait presque trois ans que Vivien est absente des écrans américains et le producteur ne veut pas que le retour de sa star se fasse dans un rôle aussi mineur que celui de la reine Catherine. Cette décision n’arrangera en rien les rapports entre Vivien et Selznick.
C’est finalement au milieu de l’année 44 que le tournage de Caesar & Cleopatra (César et Cléopâtre, 1945) débute. Elle y a pour partenaire Claude Rains et le jeune Stewart Granger avec qui elle avait déjà joué au théâtre. Malheureusement le réalisateur n’est pas à la hauteur et Shaw n’apprécie pas son jeu. Pour couronner le tout, elle fait une chute au cours du tournage qui provoquera une fausse couche (elle en avait déjà fait une en 42). Suite à cet incident, elle se désintéresse du film et sombre quelques semaines dans un état maniaco-dépressif. Ce n’était pas la première fois qu’elle était sujette à des sautes d’humeur, mais c’est la première fois qu’elles avaient cette intensité. Après quelques semaines, son état s’étant amélioré, elle refuse d’être hospitalisée. Olivier n’insistera pas. Les dernières scènes qu’elle tournera y gagnèrent en intensité, mais ne réussiront pas à sauver le film.


La famille royale du théâtre :

La perspective de rejouer au théâtre, qui plus est dirigée par Olivier, redonnent des forces à Vivien. Le rôle caméléonesque de The Skin Of Our Teeth semblait fait pour elle. Mais alors que les répétitions viennent de commencer, Selznick refuse que Vivien participe à la pièce. L’affaire va devant les tribunaux et Vivien en ressort vainqueur. Le sort lui donnera raison : la pièce est un succès et inaugura un règne de 16 ans des deux stars sur la scène londonienne. Pour fêter cela, le couple achète une ancienne abbaye du XXIIe, Notley Abbey, qui fera office de palais royal une fois que celle-ci sera devenue habitable. Malheureusement une triste nouvelle vient entacher ce bonheur : Vivien fait une tuberculose au poumon droit. Elle exige de terminer la saison théâtrale, après quoi elle est hospitalisée pendant six semaines et l’on jugera l’affection pulmonaire stoppée. Mais lorsqu’on lui conseillera un séjour de six mois en sanatorium, elle refusera avec véhémence. Les médecins lui suggèrent quand même de se reposer durant neuf mois.

Une fois rétablie, Vivien veut montrer que sa maladie n’est plus qu’un lointain souvenir. Notley Abbey devient le théâtre de nombreuses réceptions où se croise le gratin de la scène artistique britannique et où Vivien se montre une maîtresse de maison exemplaire. Même si Vivien désire à nouveau jouer au cinéma avec Olivier, ils rejettent la proposition d’Hollywood de jouer dans Cyrano de Bergerac car Olivier est déjà trop investi dans ce qui va devenir une version filmée de Hamlet. Malheureusement, Vivien se rend compte qu’il n’y aura pas de rôle pour elle dans le film. Olivier, bien que trop âgé lui-même pour le rôle-titre, ne la juge plus assez jeune pour jouer Ophélie et le rôle ira à la jeune Jean Simmons. Désireuse de retravailler, elle accepte la proposition de jouer dans Anna Karenina (Anna Karenine, 1948) sous la direction de Julien Duvivier. Mais le réalisateur et sa star ne s’accorderont pas sur la façon d’aborder le rôle. C’est sans surprise que le film est un échec alors qu’Olivier, qui vient d’être anobli, triomphe dans Hamlet qui lui vaut un Oscar.

Sentant la dépression reprendre possession de sa femme, Olivier l’emmène dans une croisière qui les conduit jusqu’en Australie où ils découvrent l’acteur le plus prometteur du pays, Peter Finch. A leur retour, Olivier accepte de mettre en scène sa femme dans la nouvelle pièce de Tennessee Williams, Un Tramway nommé Désir. Vivien est persuadée que le rôle de Blanche prouvera aux critiques qu’elle est une comédienne aussi talentueuse que son mari. Olivier est plus réticent : cette pièce promène un parfum de scandale que son côté conservateur réprouve. De plus, il sait la tendance qu’a Vivien de se confondre avec ses rôles et, de même que certains de ses proches, il juge le rôle de Blanche dangereux pour elle. Son interprétation, même si elle choque les bonnes mœurs britanniques, est un succès. Les dégâts causés par la pièce sur son psychisme déjà mal au point allaient cependant être sévères.

Blanche est une femme complètement mise à nu. C’est un personnage tragique que je comprends profondément. Mais l’incarner m’a fait basculer dans la folie.

A cette époque elle commence une liaison avec Peter Finch qui a été engagé à l’Old Vic, le célèbre théâtre dirigé alors par Olivier. Vivien n’éprouve en effet plus que de l’affection pour son mari et est en quête d’un nouvel amour passionné. Leurs finances étant en baisse, ils acceptent tous les deux une proposition d’Hollywood. Alors que Olivier va tourner avec William Wyler, Vivien reprend le rôle de Blanche dans l’adaptation de A Streetcar Named Desire (Un Tramway nommé Désir, 1951) que réalise Elia Kazan. Kazan, qui  pourtant n’avait pas voulu Vivien au départ : il aurait préféré prendre Jessica Tandy qui avait tenu le rôle à New York, mais très vite il s’était rendu compte que pour trouver des fonds, il lui faudrait une star, ce que Marlon Brando n’était pas encore. Aussi, après qu’Olivia de Havilland ait refusé le rôle, il se tourne vers Vivien. Elle se donne à fond dans ce tournage qui la brise encore davantage émotionnellement, mais le résultat est à la hauteur de ses attentes et sa performance, sans doute grâce à la direction de Kazan et au talent de ses partenaires, y est meilleure encore que sur scène.


La rupture :

De retour en Angleterre, Olivier et Vivien montent un spectacle où ils jouent César et Cléopâtre de Shaw suivit par Antoine et Cléopâtre de Shakespeare. Si les critiques britanniques sous-entendent que le talent de Vivien est loin d’attendre celui d’Olivier, lorsqu’ils débarquent à Broadway, la critique new-yorkaise salue d’avantage sa prestation que celle de son mari. En coulisse, les disputes sont fréquentes, leur mariage prend l’eau et seul le travail les maintient ensemble. L’état psychologique de Vivien s’enfonce de plus en plus et une nouvelle victoire aux Oscar pour Un Tramway nommé Désir ne change rien.

Engagée pour jouer dans Elephant Walk, elle propose tout naturellement son amant Peter Finch comme partenaire. Le tournage à Ceylan est cependant un véritable enfer. Les troubles de Vivien sont plus présents que jamais et rendent tout travail difficile. Une grande partie de ses scènes sont tournées, puis on lui accorde un temps de repos qui la laisse soupçonneuse. Toute l’équipe se rend à Hollywood, mais les problèmes de Vivien ne diminuant pas, on décide de la remplacer par Elizabeth Taylor. Après avoir été hospitalisée, Vivien est rapatriée en Angleterre. Olivier et elle triomphe dans The Sleeping Prince au théâtre, mais il lui préfèrera Caire Bloom pour jouer dans son adaptation de Richard III.

Sa relation avec Finch se poursuit. Connue de tous, elle est tolérée par Olivier qui y voit un moyen d’alléger le poids du fardeau que représente à présent Vivien. Vivien et Olivier jouent ensemble une série de pièces de Shakespeare, La Nuit des Rois, Macbeth et Titus Andronicus, mais à nouveau si son mari est encensé, elle y est, souvent injustement, critiquée, voir moquée. Cela ne fera rien pour arranger l’état de l’actrice, et les disputes entre le couple sont incessantes. A deux reprises, elle pense s’enfuir avec Finch, mais à chaque fois elle revient vers Olivier dont elle sait qu’elle fait toujours partie, même si un fossé à présent les sépare.

Alors qu’elle commence à jouer dans la nouvelle pièce de Noël Coward, Vivien annonce qu’elle est enceinte malgré ses 42 ans. Hélas, alors qu’elle vient d’arrêter la pièce pour se reposer, elle fait une fausse couche à 5 mois. Le mariage de Vivien et Laurence Olivier semble bien toucher à sa fin. Si Vivien a depuis cessé sa relation avec Peter Finch, Olivier est tombé amoureux de sa jeune partenaire au théâtre, Joan Plowright.

La séparation semble inévitable. Olivier vend Notley Abbey et part se reposer chez Stewart Granger aux Etats-Unis tandis que Vivien passe les fêtes avec son ami Noël Coward.


La fin de Scarlett :

Partie jouer à Broadway, elle devient l’amante de son partenaire, Jack Merival. Bien qu’amoureux, Merival ne sait pas encore jusqu’où le mènera sa relation avec Vivien, mais lorsqu’il apprend ses troubles maniaco-dépressifs, il ne cesse de la soutenir. En 1960, Laurence Olivier demande le divorce. A regret Vivien l’accepte. Tous les deux le vivent comme une profonde déchirure mais savent aussi qu’un retour en arrière n’est plus envisageable. Le divorce fait grand bruit dans la presse au grand dam de Merival qui redoute les effets d’une telle médiatisation sur Vivien.
Peu après que le divorce soit prononcé, Vivien tourne The Roman Spring Of Mrs Stone (Le Visage du Plaisir, 1961) d’après le roman de Tennessee Williams où elle a pour partenaire un jeune débutant nommé Warren Beatty. A nouveau le rôle de cette actrice vieillissante qui vient de perdre son mari ressemble très fort à sa propre histoire. Malheureusement les deux acteurs principaux ne s’entendent pas et n’arrivent pas à empêcher cette inimitié d’apparaître à l’écran. Elle quitte alors le tournage quelques jours pour se rendre avec Olivia de Havilland et David O. Selznick au centenaire de la guerre de Sécession à Atlanta où est projeté pour l’occasion Autant en Emporte le Vent.

Une fois le tournage terminé, Vivien et Merival partent en Australie jouer La Dame aux Camélias d’Alexandre Dumas fils, sans grand succès. Elle accepte alors pour la première fois d’apparaître dans une comédie musicale, Tovarich avec Jean-Pierre Aumont, lui aussi novice du genre. Mais après avoir été très enthousiaste, elle se rend compte que jouer une comédie musicale est très différent de jouer une pièce et que les changements y sont bien plus fréquents. Et si le public est emballé, le mauvais accueil des critiques et de son ami Noël Coward ont tôt fait de porter un coup à son état qui s’était pourtant stabilisé grâce à Merival. Les critiques de New York sont cependant moins sévères et Vivien remportera même un Tony Award, mais c’est trop tard, et après qu’elle ait fait une dépression nerveuse sur scène, Jack Merival comprend qu’il faut qu’elle arrête la pièce.

Après une très longue période de dépression, Vivien sort finalement de sa torpeur avant d’accepter de jouer dans le nouveau film de Stanley Kramer, Ship Of Fools (La Nef des Fous, 1965) aux côtés de Lee Marvin et Simone Signoret. Mais lors de tournages, ses nerfs lâchent à nouveau et la fin tournage sera un enfer pour ses partenaires. Un retour aux sources dans son Inde natale en compagnie de sa mère qui ne cesse de veiller sur elle semble avoir un effet apaisant sur Vivien. Elle ralentit également son activité, n’apparaissant que peu de fois sur scène en plusieurs années.
A la fin de l’année 66, alors qu’elle commence à travailler son texte pour une pièce prévue avec Michael Redgrave, les médecins détectent que sa tuberculose s’est fortement aggravée. Cependant, Vivien refuse d’être hospitalisée et ne cesse pas pour autant de fumer. Le 7 juillet 1967, alors qu’il rentre de son spectacle, Jack Merival découvre le corps sans vie de Vivien. Elle avait 53 ans.

Sources:

A. WALKER, Vivien Leigh, 1988
Documentaire "Vivien Leigh: Scarlett And Beyond" de Gene Feldman

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