Vincente Minnelli
Enfant de la balle :
Vincente Minnelli aimait dire que si Judy
Garland était née dans une malle à costumes, lui était né sous un chapiteau. En
effet, durant les mois d’été se produisaient les tournées du théâtre sous
chapiteau des frères Minnelli dont la mère de Vincente était la vedette
principale. Durant les mois d’hiver, en revanche, la troupe se séparait et le
père de Vincente reprenait sa profession de chef d’orchestre tandis que sa
femme se produisait ici et là comme actrice chanteuse et danseuse. C’est
justement lors d’un de ces hivers, le 28 février 1903 que naît le futur maître
de la comédie musicale, Vincente Minnelli.
C’est sans surprise que le petit garçon monte
sur scène dès trois ans et demi, mais sa performance, qui devait être
dramatique, tourne au burlesque. Vincente devait jouer un enfant malade qui
meurt alors que sa mère (joué tout naturellement par Mme Minnelli) est à son
chevet.
« Je ne
pouvais plus supporter d’entendre ma mère sangloter ainsi ; je me relevai
sur le lit en criant fièrement : « Mais non, maman, je ne suis pas
mort, ce n’est qu’une pièce de théâtre ! »
Je crois que tous
les acteurs se souviennent encore aujourd’hui des éclats de rires qui
résonnèrent parmi les spectateurs… »
Mais le cinéma porte un coup au théâtre
itinérant et la famille n’exerce plus que leurs professions hivernales. Le
petit Vincente, en grandissant, s’est découvert une passion pour le dessin et
la peinture. A seize ans, une fois sortie du lycée et n’ayant pas les moyens
d’entrer à l’université, le jeune homme part pour Chicago pour y trouver un
emploi.
Rapidement, il est engagé comme assistant
dans une entreprise de décoration de vitrines et étalages. Puis devient
photographe assistant dans les milieux mondains et du show business. Enfin, il
arrive à se faire confier la direction du département de costumes de la plus
grosse compagnie de théâtre de la ville. Cependant il rêve de travailler dans
la ville phare du théâtre : New York. Par chance, ses employeurs l’y
envoient pour travailler au théâtre Paramount. Il y rencontre un jeune pianiste
qui deviendra son ami : Oscar Levant. Après plusieurs succès, le théâtre
Paramount lui confie, en plus du département des costumes, celui des décors. Il
a à peine trente ans. Malheureusement le théâtre ferme ses portes et Minnelli
se retrouve au chômage.
L’enfant
chéri de Broadway :
Minnelli ne reste pas longtemps sans travail,
le Radio City Music Hall, le plus grand théâtre au monde à l’époque, l’engage
comme costumier en chef. Puis, suite à une démission, il devient, en plus de
ses anciennes fonctions, directeur artistique mais aussi responsable des
éclairages. Autant dire qu’il s’agit d’un travail de galérien, d’autant que les
spectacles se renouvellent chaque semaine.
« Je
travaillais toute la nuit du mercredi à régir les lumières, alors que les
comédiens, chanteurs et danseurs arrivaient le jeudi à huit heures du matin
pour la dernière séance de répétition avant la grande première. Le jeudi soir
j’étais complètement rétamé et j’arrivais tout juste à me lever à temps pour la
réunion du vendredi midi, où l’inspiration devait arriver à heures précises,
aussi ponctuellement que le train de 8h47 ! La plupart du temps,
heureusement, j’étais effectivement dans le coup, sans aucun retard. »
C’est également l’époque où Minnelli fait
connaissance des Gershwin et devient l’ami Ira, le parolier. Et puis un jour
Lee Shubert, producteur des shows musicaux très luxueux, propose à Minnelli de
mettre en scène un de leurs spectacles. Ce dernier accepte sur le champ et
cumule les fonctions de metteur en scène, costumier, décorateur et supervise
même les éclairages. La première sembla si catastrophique aux yeux du nouveau
metteur en scène, qu’il alla se coucher dès la fin du spectacle. Il fut
rapidement tiré de son lit : le show était un succès et tout le monde
l’attendait pour le féliciter.
A partir de ce moment-là, Minnelli cumule les
succès, tant critiques que populaires, que ce soit « seulement »
comme décorateur et costumier (notamment Les
Ziegfeld Follies de 1935), ou en ajoutant la casquette de metteur en scène
(At Home Aboad). Minnelli devient
l’un des artistes les plus en vue de Broadway et sera intégré à la rubrique
« Célébrités » de Vanity Fair. Il est évident qu’Hollywood ne pouvait
que lui faire les yeux doux.
Bien que plus intéressé par le cinéma
européen que par le cinéma américain, Minnelli accepte la proposition de la
Paramount (plus intéressante que les autres) et s’en va pour la Californie.
Pleins d’idées, Minnelli doit rapidement
déchanter : La Paramount qui possède des grandes stars (Gary Cooper,
Claudette Colbert ou encore Marlene Dietrich et Bing Crosby) et deux des plus
grands réalisateurs (Ernst Lubitsch et Cecil B. DeMille) n’est pas prête à se
risquer aux expérimentations d’un débutant… Et Minnelli n’est payé (et bien
payé) que pour se tourner les pouces, si ce n’est une petite participation pour
Artists & Models (Artistes et modèles, 1937). Puis, après
sept mois à Hollywood, Lee Shubert lui proposant une nouvelle mise en scène à
New York, Minnelli rachète son contrat et repart pour la côte est. Après deux
spectacles (un succès et un bide) à Broadway, Minnelli rencontre l’homme qui
allait changer sa vie : le producteur de la MGM, Arthur Freed.
Débuts
à la MGM:
En 1940, Arthur Freed est considéré comme un
découvreur de talent et est en train de se constituer une équipe qui fera de la
MGM le studio des plus grandes comédies musicales. Minnelli est réticent, son
expérience à Hollywood est loin de l’avoir convaincu. Mais la promesse de Freed
de le laisser diriger des films fait très vite remonter l’intérêt de Minnelli
pour le cinéma. Minnelli sent en effet que la comédie musicale peut être
développée et avoir une intrigue solide, ce qui n’était pas le cas jusqu’alors,
mis à part Le Magicien d’Oz.
Au court des premiers mois, Minnelli ne fait
que diriger les séquences musicales de Lena Horne, actrice et chanteuse noire
venant de rejoindre la MGM. Mais il rencontre également le couple phare des
comédies musicales de la MGM, Judy Garland et Mickey Rooney. Finalement Arthur
Freed, après avoir bataillé en faveur de son poulain, lui propose de diriger
une comédie musicale entièrement constituée de noirs. Ils avaient d’abord pensé
à Porgy and Bess, cela sera Cabin In The Sky (Un petit coin aux cieux, 1942). Ethel
Waters, Lena Horne seront les vedettes féminines. Pour le premier rôle,
Minnelli aurait voulu Dooley Wilson (qui allait triompher peu de temps après
comme Sam dans Casablanca), mais le
studio lui préféra Eddie « Rochester » Anderson. Sur ce film,
Minnelli se familiarise avec les techniques du tournage. Le résultat est un
succès tant public que critique.
Malheureusement le deuxième film qu’on lui
propose, I Dood it (Mademoiselle ma femme, 1943) a une
intrigue insipide et Minnelli avait surtout été appelé pour sauver
l’entreprise. Sans succès. Le film suivant est en revanche une comédie musicale
de premier plan. Meet Me In St.
Louis (Le chant du Missouri,
1944) lui permet de travailler pour la première fois avec le Technicolor et une
grande star du studio, Judy Garland. L’actrice n’est pas enchantée d’avoir été
choisie, lassée d’interpréter des rôles d’adolescentes. Mais peu à peu, les
relations entre le réalisateur et la star se firent plus cordiales et tous les
deux commencèrent à sortir ensemble vers la fin du tournage. Le résultat du
film suscita l’enthousiasme tant chez le public, les critiques et surtout les
pontes de la MGM qui considérèrent dès ce moment Minnelli comme un de leurs
grands réalisateurs.
Tout naturellement, Freed et la MGM lui
confient la réalisation de la majeure partie des Ziegfeld Follies (1946) qui réunit les grandes stars des comédies
musicales de la MGM de Fred Astaire à Gene Kelly et de Judy Garland à Kathryn
Grayson. Tourné en 44, il ne sortira pourtant qu’en 46. Judy propose alors à
Minnelli de réaliser son prochain film, The
Clock (L’Horloge, 1944),
qu’elle doit interpréter avec Robert Walker. Pour Minnelli le registre
dramatique est une grande première et il s’en tirera avec les honneurs, de même
que Judy dont c’est le premier vrai rôle dramatique. Il retourne cependant à la
comédie musicale avec Yolanda and The
Thief (Yolanda et le voleur,
1946) avec Fred Astaire. Mais le film, reposant pour beaucoup sur l’esthétisme,
un aspect cher à Minnelli, déconcerte le public, et s’il rentre dans ses frais,
c’est loin d’être un succès.
Le
maître de la comédie musicale :
En 1945, dès que le divorce de Judy et de son
précédent mari est prononcé, elle épouse Minnelli et tous les deux partent en
voyage de noce à New York. A leur retour, Judy est enceinte. Minnelli, lui,
réalise Undercurrent (Lame de Fond, 1946) avec Katharine
Hepburn, Robert Taylor et un jeune acteur qui commence à faire parler de lui,
Robert Mitchum. Enfin, le 12 mars 1946 naît la petite Liza. Minnelli et Judy commencent
alors un projet qui leur tient à cœur, The
Pirate (Le Pirate, 1947),
succès de Broadway mis en musique par Cole Porter pour l’occasion. C’est la
première fois que Minnelli tourne un film entier avec celui qui sera l’un de
ses acteurs fétiches, Gene Kelly. Les deux hommes partagent en effet la même
vision de la comédie musicale. Le film se veut une parodie des films d’aventure
( il n’est pas difficile de voir dans le ballet central une parodie du
personnage de Douglas Fairbanks dans Le
Pirate Noir). Mais le public, une nouvelle fois, ne suit pas et le film dut
attendre de nombreuses années avant d’être réhabilité.
Par ailleurs, la dépendance de Judy aux
d’amphétamines commence à avoir des répercussions sur sa santé, ce dont le
studio ne semble pas prendre conscience. Minnelli doit diriger à nouveau le duo
Kelly et Garland dans Easter Parade,
mais l’acteur se blesse la cheville et Minnelli finira par devoir se retirer du
projet. Fred Astaire et Charles Walters les remplaceront. La santé de Judy continue
entre hauts et bas et Minnelli ralentit sa carrière pour la soutenir.
« Je devais
préserver mes forces pour Judy, et dans mon propre intérêt. Mais je me sentais
dépourvu de combativité. Je perdais toute confiance en moi-même. La moindre
chose tournait au désastre : nous interprétions tout dans le mauvais sens.
Bref, nous vivions dans une perpétuelle insatisfaction, outre l’avenir
incertain de Judy et le piétinement de ma carrière, il me semblait n’y avoir
plus de solution. Je percevais toujours mon salaire toutes les semaines à la
Metro. Mais jusqu’à quand ? »
Aussi lorsqu’on lui offre de diriger Madame Bovary (1949) avec Jennifer Jones
et Louis Jourdan, Minnelli ne peut résister. Malgré l’omniprésence de David O.
Selznik, le nouveau mari de Jennifer et producteur indépendant à succès, et les
angoisses de Minnelli au sujet de Judy, le tournage se passe bien et le film
est un succès. Arthur Freed propose alors à Minnelli un film basé sur la
musique de Gershwin avec Gene Kelly. Minnelli est enthousiaste, mais avant il
décide de tourner rapidement une comédie familiale. Father Of The Bride (Le
père de la mariée, 1950) mettra en scène Spencer Tracy, Elizabeth Taylor et
Joan Bennett et sera un franc succès. Déjà, une suite est envisagée. Mais à ce
moment, Judy est mise en congé forcé par le studio et fait une tentative de
suicide.
Le tournage de An American In Paris (Un
Américain à Paris, 1951) commence dès que Judy a récupéré. Pour le premier
rôle, Gene Kelly a découvert une jeune Française, Leslie Caron. Malgré les
réticences de certains professionnels de comédies musicales, Minnelli, Kelly et
Freed tiennent bon dans leur idée de finir le film par un ballet de presque 20
minutes. L’avenir leur donnera raison. Non seulement le film est un succès,
mais remporte contre toute attente l’Oscar du meilleur film et est aujourd’hui
considéré comme une des meilleures comédies musicales tournées.
Entre
drames et « musicals » :
Judy et Minnelli finissent par se séparer en
bons termes. De son côté Minnelli, après que Katharine Hepburn et lui aient
convaincu Spencer Tracy, commence le tournage de Father’s Little Dividend (Allons
donc, Papa !, 1951), la suite du Père
de la mariée qui remporte également un franc succès. Minnelli pense alors
réaliser un film sur Hollywood. Kirk Douglas en serait l’acteur principal et
Lana Turner, que le réalisateur avait déjà voulu pour le rôle de Madame Bovary,
sa partenaire. Walter Pidgeon, Dick Powell et Gloria Grahame complèteront la
distribution. The Bad &The Beautiful
(Les Ensorcelés, 1952) prouve
définitivement que Minnelli est aussi un maître du drame et le succès du film
est immédiat.
La comédie musicale suivante de Minnelli met
cette fois Fred Astaire en scène dans ce qui est certainement le meilleur film
du danseur, The Band Wagon (Tous en Scène, 1953). Quand à Cyd
Charisse elle tient avec brio son premier grand rôle. Avec un couple si parfait
le public ne peut qu’apprécier, et Minnelli se retrouve avec un nouveau
classique de la comédie musicale à son palmarès.
Mais le genre commence à passer de mode et
lorsque Minnelli retrouve Gene Kelly et Cyd Charisse pour Brigadoon (1954), il est évident que le studio ne se soucie pas
vraiment du film. Le budget est réduit et la MGM interdit le tournage à
l’extérieur que prévoyaient Minnelli, Kelly et Arthur Freed. Le film fut un
échec commercial et la dernière collaboration de Minnelli avec Gene Kelly.
Mais Minnelli a retrouvé l’amour en la
personne de Georgette Magnani, une jeune Française qu’il épouse en février 54.
Désireux de renouer avec le succès, Minnelli se lance dans la réalisation d’un
nouveau drame The Cobweb (La toile d’araignée, 1955). Mettant
toutes les armes de son côté, il fait du casting une armada de vedettes :
Richard Widmark, Lauren Bacall, Charles Boyer, Gloria Grahame et l’ancienne
star du muet, Liliane Gish. Les critiques sont bonnes, mais sans plus.
N’importe, Minnelli a déjà un nouveau projet: une biographie de Van Gogh.
Lui-même peintre, Minnelli n’a jamais caché son admiration pour la peinture et
en particulier les impressionnistes, comme le montrent certaines séquences de Un Américain à Paris.
Mais avant, Minnelli est appelé pour réaliser
Kismet (L’étranger au paradis, 1955) dont il avait déjà décliné l’offre
auparavant.
« La
distribution – Howard Keel, Ann Blyth, Vic Damone et Dolores Gray – a fait ce
qu’elle a pu ! Mais l’entreprise fit naufrage. L’expérience m’aurait au
moins appris à ne pas accepter de propositions pour lesquelles je n’éprouvais
aucune affinité ou aucun enthousiasme. »
La fin du tournage coïncide avec la naissance de sa deuxième fille,
Tina.
Le tournage de « La vie passionnée de Lust
For Life (Vincent
Van Gogh, 1956) se déroulera en
Europe. C’est tout naturellement que Kirk Douglas incarne le peintre, qui
restera son rôle préféré. Quant à Anthony Quinn, il sera Gauguin. L’association
Douglas-Minnelli produit un nouveau classique du cinéma, malheureusement le
film ne remportera aucun Oscar, bien que Kirk fut parti favori. Après une
adaptation fort réussie de Tea And Sympathy (Thé et sympathie, 1956) avec Deborah Kerr, Minnelli retourne
à la comédie avec le délirant Designing Woman (La Femme modèle, 1957). Le rôle à l’origine prévu pour une
Grace Kelly ayant eu l’idée regrettable de devenir princesse, advint à Lauren
Bacall. Quant au rôle de Gregory Peck, il est fort possible qu’il fut
initialement prévu pour Cary Grant. Mais les deux stars montrent des talents
comiques insoupçonnés et le film est très bien accueilli.
Gigi sera dernier grand succès de l’équipe
d’Arthur Freed. Le projet d’une adaptation musicale du roman de Colette est un
vieux rêve des deux hommes. Les trois rôles principaux sont donnés à des stars
françaises dont la carrière cinématographique est essentiellement
américaine : Maurice Chevalier, Louis Jourdan et Leslie Caron que Minnelli
retrouve pour la troisième fois (il l’avait encore dirigée en 52 dans Mademoiselle). La
partition sera écrite par Alan Lerner et Frederic Loewe qui viennent de
triompher avec leur adaptation musicale de Pygmalion, le chef-d’œuvre de Bernard Shaw. Enorme
succès, le film est le chant du cygne des grandes comédies musicales de la MGM.
Il remportera l’Oscar du meilleur film, et Minnelli aura enfin un Oscar pour sa
réalisation.
Le chant du cygne :
Minnelli divorce de Georgette et commence le
tournage d’une comédie mettant en scène Rex Harrison et sa femme, Kay Kendall, The Relucant Debutant (Qu’est-ce que Maman comprend à
l’amour ?, 1958). Le film prouve une nouvelle fois le talent de
Minnelli comme réalisateur de comédies. Il enchaîne alors avec Some Came Running (Comme un torrent, 1958), sujet
dramatique qui met en scène trois membres du « Rat Pack », alors au
sommet de leur succès, Frank Sinatra, Dean Martin et Shirley MacLaine. Même si
Sinatra n’est pas un acteur facile en tournage, Minnelli n’en garda pas de
mauvais souvenirs et il s’agit certainement d’un des derniers grands films
auquel participa le crooner.
Minnelli inaugure les années 60 en tournant
l’un de ses meilleurs films dramatiques, Home
From The Hill (Celui par qui le
scandale arrive, 1960) qui le voit retravailler avec un Robert Mitchum au
sommet de sa carrière. Eleanor Parker y jouait sa femme, et George Peppard son
fils illégitime. Si les relations avec Peppard, issu de l’Actor’s Studio,
furent tendues au début du tournage, les choses finirent par s’apaiser et le
succès fut au rendez-vous.
Ce n’est pas le cas pour la comédie musicale Bells Are Ringing (Un numéro du tonnerre, 1960), dernier
film réalisé avec Arthur Freed à la production, qui sera injustement boudée par
le public, malgré les prestations de Dean Martin et Judy Holliday. Lors d’un
voyage en Europe, Minnelli rencontre Denise Giganti, une Yougoslave récemment
divorcée. Il l’épousera bientôt. Par ailleurs, Minnelli tourne ce qui sera son
film le plus cher, The Four Horsemen Of
The Apocalypse (Les Quatre cavaliers
de l’Apocalypse, 1961). A l’affiche, Charles Boyer, Lee J. Cobb, Karl Böhm,
Paul Henreid et Glenn Ford. Ce dernier laissera Minnelli insatisfait, le
considérant comme inapproprié pour le rôle.
Ensuite, il retrouve Kirk Douglas et Cyd
Charisse (accompagnés pour l’occasion par Edward G. Robinson) pour tourner un
nouveau film sur les dessous du cinéma, Two
Weeks In Another Town (Quinze
jours ailleurs, 1962). Mais le résultat de satisfera pas le réalisateur et
le film n’eut que peu d’impact. Le contrat qui le liait à la MGM étant terminé,
il put dès lors imposer ces conditions au studio avant de signer à nouveau avec
eux. The Courtship Of Eddie’s Father (Il faut marier Papa, 1963), avec Glenn
Ford et Shirley Jones, est le premier film qu’il réalise sous ce nouveau
contrat. Agréable comédie sans prétention, le film marcha bien et fut à
l’origine de séries télévisées.
Fin
de carrière :
La Warner lui propose alors de tourner
l’adaptation cinématographique de My Fair
Lady, mais les négociations n’aboutiront pas. Goodbye Charlie (Au revoir,
Charlie, 1964) sera le premier film tourné par Minnelli pour un autre
studio (la MGM avait pendant 20 ans refusé de le prêter). La comédie était
prévue pour Tony Curtis et Marilyn Monroe, mais le suicide de l’actrice changea
la donne. Debbie Reynolds reprit le rôle. Malheureusement, celle-ci ne convient
pas vraiment au rôle et le succès du film en pâtit. Minnelli tourne alors The Sandpiper (Le Chevalier des sables, 1965) pour le couple Richard Burton -
Elizabeth Taylor. Les critiques restent mitigés.
Les beaux jours de la carrière de Vincente
Minnelli semblent bien derrière lui. On lui propose l’adaptation musicale de Goodbye Mr Chips, mais lorsque Rex Harrison,
puis Richard Burton renoncent au rôle, Minnelli se retire. Après avoir présidé
le Festival de Cannes de 1967, on lui propose alors une autre comédie musicale On A Clear Day You Can See Forever (Melinda, 1970). Mais s’il s’agit de la
comédie plus chère réalisée par Minnelli, il s’agit certainement de la seule à
présenter peu d’intérêt, la performance de Barbara Streisand ne remontant en
rien le niveau. Pour couronner le tout, Denise demande le divorce.
En 1976, Liza Minnelli, devenue entre temps
une actrice oscarisée, réalise son vieux rêve de tourner avec son père dans A Matter Of Time (Nina) qui l’entoure de Charles Boyer et
Ingrid Bergman. Ce passage du pouvoir entre deux générations d’Hollywood clôt
la filmographie de Vincente Minnelli qui se consacrera à la peinture et épouse
en 1980 sa compagne Lee Anderson. Mais la maladie d’Alzheimer le rattrape, et
le 25 juillet 1986, peu de temps après avoir reçu la Légion d’Honneur, s’éteint
l’un des plus grands réalisateurs de la MGM.
Sources:
V. MINNELLI, Tous en scène, 1974
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