Après
un 2112 qui les a vu entrer dans la
cour des grands, RUSH décide de clore le premier chapitre de leur carrière par
un album live (une habitude qu’ils garderont longtemps). Et de fait 2112 a marqué un tournant pour le
groupe. Commercial bien sûr, mais aussi stylistique car il voyait l’achèvement
de l’évolution de RUSH, au départ trio de hard rock dans la lignée de LED
ZEPPELIN, vers un rock progressif inspiré de YES. 2112 réalisait le mélange parfait entre ces deux influences alors
que les deux albums suivants accentueront le côté rock progressif au détriment
du hard rock teinté de blues. Bref, All
The World's A Stage est le résumé de cette évolution.
Et
ceux qui ont découvert le groupe par leurs tubes du début des années 80 (Tom Sawyer, Spirit Of Radio) voir plus tardifs (Distance Early Warning, The
Big Money) risquent d’être assez surpris. On est loin du groupe pro et posé
qu’ils deviendront par la suite. RUSH est encore un jeune groupe rugueux et
sauvage qui en veut. Cela est évident dès Bastille
Day, titre rageur très zeppelinien dans son esprit et dans sa forme. La
voix de Geddy LEE est aigue et agressive, la guitare d’Alex LIFESON n’a pas
encore cette précision impeccable qu’il aura par la suite et le kit de batterie
de Neil PEART est encore bien modeste. Mais que les choses soient
claires : les trois musiciens sont déjà des techniciens redoutables. Les
classiques de l’époque s’enchaînent. L’excellent Anthem ou le rageur Something
For Nothing. Des titres rock basiques (enfin, faut quand même le sortir le
riff d’intro d’Anthem…) et efficaces.
Et
puis viens 2112, premier représentant
de leur style progressif. Celui-ci n’est pas tout à fait joué en entier, la
partie centrale étant omise, mais dure une quinzaine de minutes quand même. En
revanche les duels de l’apocalyptique By-Thor
& The Snow Dog sont prolongés pour notre plus grand plaisir. Peut-être
la pièce maîtresse de ce concert avec ses ambiances tour à tour rageuses,
calmes, angoissantes et mystérieuses. On pourrait comparer ce que RUSH
accomplit sur ce titre avec ce que LED ZEPPELIN faisait à la même époque sur Dazed & Confused. In The End et sa guitare tourbillonnante
calme provisoirement les choses, mais bien vite tout redémarre avec le riff
très sabbathien de Working Man,
encore aujourd’hui un classique du groupe. RUSH se fait même le plaisir de nous
jouer quelques mesures d’un autre titre du premier album, avant que Neil PEART,
le Professeur, nous fasse un petit cours de batterie où il nous montre déjà son
penchant pour les cloches (chose peu courante dans un solo de batterie de hard
rock, mais RUSH a toujours su rester à part – sans l’être trop). Enfin, le
concert se termine par ce morceau dantesque qu’est What You’re Doing (un titre trop peu souvent mis en valeur par le
groupe par la suite).
Ce
premier album live de Rush, s’il n’est pas le plus connu (Exit Stage Left est plus souvent cité), est donc une belle réussite
et sera par ailleurs un succès commercial, confirmant la monté en puissance du
groupe. S’il ne s’agit sans doute pas du meilleur live pour découvrir la
carrière de RUSH, les fans de hard rock des 70’s et des albums live de l’époque
y trouveront certainement leur compte. Il est également une bonne entrée pour
ceux qui ne connaissent RUSH que par leurs tubes et souhaitent en savoir un peu
plus sur les débuts d’un groupe à la carrière parmi les plus longues et
prolifiques de l’histoire du rock.
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