Rush - All The World's A Stage (1976)

Après un 2112 qui les a vu entrer dans la cour des grands, RUSH décide de clore le premier chapitre de leur carrière par un album live (une habitude qu’ils garderont longtemps). Et de fait 2112 a marqué un tournant pour le groupe. Commercial bien sûr, mais aussi stylistique car il voyait l’achèvement de l’évolution de RUSH, au départ trio de hard rock dans la lignée de LED ZEPPELIN, vers un rock progressif inspiré de YES. 2112 réalisait le mélange parfait entre ces deux influences alors que les deux albums suivants accentueront le côté rock progressif au détriment du hard rock teinté de blues. Bref, All The World's A Stage est le résumé de cette évolution. 


Et ceux qui ont découvert le groupe par leurs tubes du début des années 80 (Tom Sawyer, Spirit Of Radio) voir plus tardifs (Distance Early Warning, The Big Money) risquent d’être assez surpris. On est loin du groupe pro et posé qu’ils deviendront par la suite. RUSH est encore un jeune groupe rugueux et sauvage qui en veut. Cela est évident dès Bastille Day, titre rageur très zeppelinien dans son esprit et dans sa forme. La voix de Geddy LEE est aigue et agressive, la guitare d’Alex LIFESON n’a pas encore cette précision impeccable qu’il aura par la suite et le kit de batterie de Neil PEART est encore bien modeste. Mais que les choses soient claires : les trois musiciens sont déjà des techniciens redoutables. Les classiques de l’époque s’enchaînent. L’excellent Anthem ou le rageur Something For Nothing. Des titres rock basiques (enfin, faut quand même le sortir le riff d’intro d’Anthem…) et efficaces.

Et puis viens 2112, premier représentant de leur style progressif. Celui-ci n’est pas tout à fait joué en entier, la partie centrale étant omise, mais dure une quinzaine de minutes quand même. En revanche les duels de l’apocalyptique By-Thor & The Snow Dog sont prolongés pour notre plus grand plaisir. Peut-être la pièce maîtresse de ce concert avec ses ambiances tour à tour rageuses, calmes, angoissantes et mystérieuses. On pourrait comparer ce que RUSH accomplit sur ce titre avec ce que LED ZEPPELIN faisait à la même époque sur Dazed & Confused. In The End et sa guitare tourbillonnante calme provisoirement les choses, mais bien vite tout redémarre avec le riff très sabbathien de Working Man, encore aujourd’hui un classique du groupe. RUSH se fait même le plaisir de nous jouer quelques mesures d’un autre titre du premier album, avant que Neil PEART, le Professeur, nous fasse un petit cours de batterie où il nous montre déjà son penchant pour les cloches (chose peu courante dans un solo de batterie de hard rock, mais RUSH a toujours su rester à part – sans l’être trop). Enfin, le concert se termine par ce morceau dantesque qu’est What You’re Doing (un titre trop peu souvent mis en valeur par le groupe par la suite).

Ce premier album live de Rush, s’il n’est pas le plus connu (Exit Stage Left est plus souvent cité), est donc une belle réussite et sera par ailleurs un succès commercial, confirmant la monté en puissance du groupe. S’il ne s’agit sans doute pas du meilleur live pour découvrir la carrière de RUSH, les fans de hard rock des 70’s et des albums live de l’époque y trouveront certainement leur compte. Il est également une bonne entrée pour ceux qui ne connaissent RUSH que par leurs tubes et souhaitent en savoir un peu plus sur les débuts d’un groupe à la carrière parmi les plus longues et prolifiques de l’histoire du rock.
 

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