Katharine Hepburn (1907-2003)

Katharine Hepburn

L’enfance d’une future star :

Katharine Hepburn naît le 12 mai 1907 à Hartford (Connecticut), seconde des six enfants de Katharine Houghton et du docteur Thomas Hepburn et première de leurs trois filles. Son enfance est très heureuse, les parents Hepburn sont des gens ouverts, modernes (sa mère est une des premières féministes) et cultivés. Seule fille entre 3 garçons (ses deux sœurs naîtront bien plus tard), Kate est un vrai garçon manqué, elle se coupe d’ailleurs les cheveux et se fait appeler Jimmy. « J’étais maigre comme un clou, super costaude et je n’avais peur de rien. »
La joie familiale s’assombrit lorsque Kate, âgée de 14 ans, retrouve le corps de son frère aîné pendu dans sa chambre. Les circonstances ne seront jamais élucidées.

Comme sa mère, Kate fait ses études à Bryn Mawr. Elle n’est pas une très bonne élève, mais fait de son mieux pour obtenir son diplôme. Cependant, tout au cours de ses études, elle joue dans plusieurs pièces. A sa sortie, elle n’a qu’une idée en tête, devenir une star. Ses parents ne sont pas enthousiastes de voir leur fille se lancer dans cette voie, mais tous deux ont toujours estimé qu’elle doit faire ce dont elle a envie, et c’est ainsi que Kate se retrouve à New York.
Katharine y suit les cours de Frances Robinson-Duff afin d’améliorer sa puissance vocale et retrouve des amis connus lors de son passage à Bryn Mawr dont un certain Luddy Smith qu’elle ne tarde pas à épouser.
Très vite, elle décroche des rôles, mais son franc parlé la fait virer à plusieurs reprises. Pourtant les critiques sont bonnes et elle attire l’attention de David Selznick et George Cukor qui cherchent une jeune actrice pour jouer la fille de John Barrymore dans A Bill Of Divorcement (Héritage, 1932). Très vite elle devient la maîtresse de son agent, le séduisant Leland Hayward.

Débuts à Hollywood :

Accompagnée de son amie Laura Harding, également actrice, elle s’installe à Hollywood. Rapidement, elles font la connaissance d’une certaine Mme Fairbanks qui les invite à dîner le samedi suivant. Kate, ne la jugeant pas intéressante, décline l’invitation. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’une Laura en furie lui expliqua que Mme Fairbanks n’était autre que Mary Pickford ! Heureusement, cette dernière renouvele l’invitation que les deux jeunes filles s’empressèrent d’accepter.
Elle décroche ensuite un rôle prévu pour Constance Bennett, celui d’une jeune actrice débutante prête à tout pour arriver au sommet dans Morning Glory (1933) avec Douglas Fairbanks Jr. Un sujet bien connu de Kath. Le résultat ? L’oscar de la meilleur actrice ! Pas mal lorsqu’on en est à son troisième film … Elle enchaîne ensuite avec Little Women (Les Quatre Filles du Docteur March, 1933), à nouveau avec Cukor,où elle campe une Jo plus vrai que nature (ce personnage ayant des similitudes la jeune fille qu’elle était) et qui restera l’un de ses films favoris. Entre temps Luddy et elle divorcent.
Dans l’univers glamour de l’Hollywood des Dietrich, Jean Harlow, Garbo et Crawford, Katharine Hepburn dénote par son physique d’elfe, sa façon d’être et de s’habiller (pantalon et chemise désasortis). « A ceux qui disent qu’ils préfèrent les femmes avec une jupe, je leur dis : « Essayez-en une ! ». »
De plus, elle donne son avis sur tout, ce qui en agace plus d’un. Et pourtant cette différence et son caractère seront sa force dans ce monde sans pitié.

Le poison du box-office :

Hollywood la laisse retourner à Broadway pour jouer dans The Lake, mais c’est un désastre et la critique Dorothy Parker écrira « Courez au Martin Beck, Katharine Hepburn y décline le registre complet de l’émotion de A à B. ». Plutôt que de partir en tournée, Kate donne tout l’argent qu’elle possédait pour se libérer de son contrat. Elle retournee à Hollywood pour y tourner notamment Alice Adams (Désirs Secrets,1935) de George Stevens (avec qui elle eue une courte amourette) avec Fred MacMurray, Sylvia Scarlett (1935) de George Cukor avec un Cary Grant qui commençait à percer, ainsi que Mary Of Scotland (Mary Stuart, 1936) de John Ford avec Frederic March. Si le premier fut un succès (et une nomination aux Oscars pour Kate), les deux autres furent des échecs retentissants (sauf pour Cary Grant). Avec le temps Sylvia Scarlett est devenu un classique des cinéphiles.
C’est au cours du tournage de ce film que Kath rencontre Howard Hughes qui allait devenir son amant, Leland l’ayant quittée pour épouser Margaret Sullavan..
Entre 36 et 38 continue à tourner dans des films comme Stage Door (Pension d’Artistes, 1937) avec Ginger Rogers, Bringing Up Baby (L’Impossible Monsieur Bébé, 1938) et Holiday (Vacances, 1938) tous deux avec Cary Grant. Malheureusement à cette époque, après une série d’échecs (dont plusieurs sont aujourd’hui des classiques comme les deux dernier cités), Katharine est surnommée le « Poison du box-office ». une réputation qui lui vaut de ne pas obtenir le rôle de Scarlett dans Autant en Emporte le Vent.

Retour en grâce:

Kate décide alors de retourner au théâtre jouer dans une pièce écrite pour elle : Indiscrétions. Howard Hughes lui rachète les droits et la pièce fut un succès. Très vite Louis B. Mayer se montre intéressé par l’adaptation au cinéma. Katharine Hepburn accepte de vendre ses droits à condition d’avoir le rôle principal et comme partenaires Clark Gable et Spencer Tracy. A la place elle reçu Cary Grant et James Stewart, pas mal non plus. Le film, The Philadelphia Story (Indiscrétions, 1940), dirigé à nouveau par George Cukor, est un succès et Kate se retrouve à nouveau en position de force. Comme celui d’imposer à Louyis B. Mayer de jouer un scénario écrit par des inconnus le tout pour 
250.000 dollars et Spencer Tracy comme partenaire… Et Mayer accepta ! Le film, The Woman Of The Year (La Femme de l’Année, 1942) dirigé par George Stevens, outre qu’il est un nouveau succès, est l’occasion de la rencontre entre Kath et Spencer Tracy et le début d’une des plus belles histoires d’amour entre deux stars du cinéma. Tous deux se retrouvent également dans un autre succès de la MGM, Adam’s Rib (Madame Porte la Culotte, 1949), dirigé par Cukor et introduisant Judy Holliday ainsi que dans Pat and Mike (Mademoiselle Gagne-Tout, 1952) ,du même Cukor qui dévoile certains talents sportifs de Kate.

Durant leurs 27 ans de vie commune, le couple se montre discret et sera absent des pages à scandales, malgré le fait que Spencer Tracy refusera toujours de divorcer tout en habitant avec Kate.

Au début des années 50, Kate part en Afrique tourner  avec John Huston et Humphrey Bogart African Queen (1951). Pour son personnage de sœur de pasteur fuyant les Allemands avec un vieil ivrogne sur un bateau en piteux état, John Huston lui suggère de s’inspirer d’Eleanor Roosevelt visitant les soldats blessés dans les hôpitaux toujours avec le sourire aux lèvres.
Puis, c’est vers Venise qu’elle s’envole sous la direction de David Lean (qui n’a pas encore la renommée que lui donneraient Le Pont de la Rivière Kwaï et Lawrence d’Arabie) pour tourner Summertime (Vacances à Venise, 1955) avec Rossano Brazzi. Comme à son habitude elle ne se fait pas doubler, et tombe sans hésiter dans les eaux pollués du canal ce qui entraîne une infection aux yeux.
Durant les années 50, elle se consacre beaucoup au théâtre et plus particulièrement aux classiques de Shakespeare ou Shaw.
Elle tourne début 62 une adaptation cinématographique de la pièce de Tennessee Williams, Suddenly Last Summer (Soudain l’été dernier) par Joe L. Mankiewicz avec Elizabeth Taylor et Montgomery Clift. Elle gardera un mauvais souvenir du tournage, notamment à cause du comportement odieux du réalisateur vis-à-vis d’un Montgomery Clift en prise avec le démon de l’alcool.
Guess Who’s Coming To Dinner (Devine qui vient dîner ?, 1967) Marque sa dernière collaboration avec Spencer Tracy qui mourut quelques jours après la fin du tournage. Le couple y partage l’affiche avec Sidney Poitier et la nièce de Kate, Katharine Houghton, dans le rôle de leur fille. Elle remporte un deuxième Oscar. L’année suivante elle reçoit à nouveau la récompense pour son rôle d’Alinéor d’Aquitaine dans The Lion In Winter (Le Lion en Hiver, 1968) aux côtés de Peter O’Toole et… un Anthony Hopkins débutant.

Dernières années :

En 69, on la retrouve à Broadway dans la comédie musicale Coco où elle interprète le rôle de Coco Chanel. Malheureusement, cette œuvre ne fut pas adaptée au cinéma.
Les années 70 la voient plus distante des caméras même si on la retrouve aux côtés de John Wayne dans Rooster Cogburn (Une Bible et un Fusil, 1973) et à ceux de Laurence Olivier pour le téléfilm Love Among The Ruins (Il neige au printemps, 1975) dirigé par George Cukor.
Enfin, 1981 la réuni pour la première fois à Henry Fonda (dont c’est ici le dernier film) pour l’émouvant  On Golden Pond (La Maison du Lac) où tous deux remportèrent l’Oscar. Comme pour les précédents, Kate n’alla pas chercher le sien. « Je ne me soucie guère des Oscars, et figurez-vous que c’est moi qui ait reçu le plus de ces satanés machins. »
Dans ce film, Kate n’hésite pas à 74 ans à plonger et nager dans l’eau froide !
On la voit encore tourner The Ultimate Solution Of Grace Quigley (Grace Quigley, 1984), comédie emprunte d’humour noir ainsi que quelques rôles à la télévision jusqu’à ce qu’en 1994 Warren Beatty la convainc de jouer un petit (mais captivant) rôle dans son remake d’Elle et Lui de Leo McCarey. Il s’agit là de sa toute dernière apparition au cinéma et aussi une des première fois où elle n’y tient pas le premier rôle.
Katharine Hepburn peut se vanter d’avoir été en haut de l’affiche pendant près de 40 ans, ce qu’aucune de ses rivales aussi célèbres et douées soient-elles, n’ont été capables de faire. Elle est l’actrice ayant gagné le plus d’Oscar, record qu’aucun de ses équivalents masculins n’a été capable de battre.

Katharine Hepburn meurt le 29 juin 2003. Il est scandaleux que la mort de celle qui avait été classée par L’American Film Institut comme l’actrice de légende numéro un (devant Marilyn Monroe, Audrey Hepburn ou Marlene Dietrich) soit passée si inaperçue dans les médias !

Sources:

K. HEPBURN, Moi, Histoire de ma vie, 1996
Documentaire "Katharine Hepburn, All About Me" de David Heeley

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