Gloria Swanson (1899-1983)


Gloria Swanson


De Glory à Gloria :

C’est le 27 mars 1899 que naît Gloria May Josephine Swanson, fille unique du capitaine Joe Swanson et de sa femme Addie, à Chicago. Surnommée Glory, la petite fille grandit entourée de sa grand-mère maternelle, du second mari de celle-ci et est la prunelle des yeux de ses parents. Bonne couturière, madame Swanson fabrique les vêtements de sa fille afin qu’elle soit habillée de façon originale et la plus recherchée que possible.

Glory n’aime pas l’école et préfère dessiner sur ses cahiers que suivre les leçons (ce à quoi ses parents réagiront en l’inscrivant à un cours de dessin) et sa timidité lui donne du mal à se faire des amis. Aussi quelle n’est pas sa joie, lorsqu’à huit ans, elle apprend que son père allait être muté, peut-être à Panama ou aux Philippines pour organiser le transport de l’armée.

« Nous allions déménager ! Voyager ! Plus d’école, plus de classe ! Je n’en avais d’ailleurs pas besoin : papa était aussi savant qu’une encyclopédie, il pourrait tout m’apprendre. »

Cependant, la réalité n’est pas aussi belle qu’elle ne l’avait imaginée : son père est envoyé sur une île de Floride et elle put sans problème aller à l’école du quartier. Très vite, une actrice New-Yorkaise qui avait entendu Glory chanter au catéchisme est séduite par sa jolie voix et la fait chanter lors d’une fête. Premier contact pour Gloria avec le monde du spectacle, mais elle n’en gardera pas une bonne impression, ayant chanté sans accompagnement.

Lorsqu’elle a 11 ans, son père est à nouveau muté, dans les Caraïbes cette fois, et la famille l’y suit. Glory, déjà enthousiasmée par la faune et la flore de Floride, en est ravie, mais malgré la proximité de la mer, elle refusera d’apprendre à nager. Ayant chanté dans un show musical monté par son école dans l’opéra de la ville et devant l’enthousiasme des spectateurs pour sa jolie voix (un comble pour celle qui allait devenir la reine du muet !), elle décide alors que sa carrière sera celle d’une chanteuse d’Opéra.


Le cinéma, cet art vulgaire :

A 15 ans, alors qu’elle passe quelque temps chez une tante de New York et visite avec elle les studios Essanay, leur attention est attirée par une scène burlesque mettant en scène une grosse femme, en réalité un acteur du nom de Wallace Beery, principale vedette de cette série de court-métrage bon marché.
« J’ignorais ce que pensait tante Ida, mais je trouvais cela vulgaire, dégoûtant et stupide. »

Cependant Gloria avait retenu l’attention de producteurs qui lui demandèrent de tourner une scène de figuration. Ayant demandé l’accord de sa mère, Gloria accepte. Et ainsi commence une série de jours de tournage, n’ayant pas été prévenue qu’il lui faudrait tourner plusieurs scènes. Cependant, lorsque le studio lui propose un contrat de figurante, la perspective d’échapper à l’école et celle de rapporter une somme coquette pour l’époque à ses parents la convainc d’accepter. Elle tourne quelque temps dans la série de Beery jusqu’à ce que celui-ci s’exile en Californie suite au détournement d’une mineure, mais les autres films que l’on lui proposa n’étaient guère plus raffinés, on lui demande de jouer des femmes de 30 ans alors qu’elle n’en a que 16. La perspective d’être choisie comme partenaire de Charlie Chaplin, déjà grande vedette ne l’enchante guère plus et elle décline la proposition, n’appréciant pas son style. Aussi est-elle soulagée lorsqu’elle apprend que son père allait être muté (encore et toujours) pour les Philippines et que Wallace Beery invite sa famille à venir visiter la Californie avant leur départ.


Premiers succès, premières désillusions :

Durant le voyage vers la Californie, Gloria découvre que sa mère a l’intention de quitter son père et que de cette façon, leur voyage s’arrêtera en Californie. Pour la jeune fille, c’est un premier contact avec les réalités de l’âge adulte.
En Californie, Wallace Beery les accueille. Un Wallace différent du souvenir de Gloria : gentil, serviable, protecteur et séduisant, bref à cent lieues du coureur de jupons d’antan. Ce dernier lui conseille de prendre contact avec un certain Mack Sennett. En effet, Sennett est l’un des producteurs les plus puissants d’Hollywood, dont les studios, spécialisés dans la comédie, ont vu les débuts de Charlie Chaplin et plus tard ceux d’un jeune gagman nommé Frank Capra.

Sennett, bien qu’il ne le montre pas, est emballé par la jeune actrice de 16 ans et décide d’en faire la vedette féminine d’une série de comédies. Le professionnalisme du studio, de même que jouer un personnage du même âge qu’elle lui plaît. En plus, elle est tombée amoureuse de Wallace Beery.
Les deux tourtereaux songent en effet à se marier, et tant pis pour la différence d’âge (Beery a 14 ans de plus qu’elle). C’est même un atout pour une Gloria en quête de protection. Seulement elle n’a que presque 17 ans, donc encore loin de la majorité et il lui faut donc le consentement de sa mère. Mais celle-ci, elle aussi séduite par le charme de l’acteur, accepte de bon cœur.

Mais la nuit de noces tourne au cauchemar, Wallace Beery se montre brutal envers la jeune fille absolument ignorante de cet aspect du mariage. Désormais elle n’aura plus confiance en lui. De plus, si la carrière de Gloria, sans que celle-ci soit une star, marche bien, celle de Beery piétine, ses cachets sont rapidement dépensés, le poussant à emprunter à sa femme. Seul point positif, Gloria tombe enceinte. Elle espère beaucoup de cet enfant à venir, notamment qu’il fasse prendre à son mari conscience de ses responsabilités. Elle parvient même in extremis à empêcher Sennett de virer Beery. Mais ses rêves ont tôt fait de s’effacer : elle apprend que Beery la trompe et surtout, il lui fera prendre à son insu des médicaments qui la feront avorter. Désormais sa décision est prise : elle quitte Wally, malgré le fait que le studio leur fasse tourner un film ensemble. Elle n’a que 17 ans et leur vie commune n’aura duré que deux mois.

Gloria quitte également Mack Sennett qui n’a plus que des rôles burlesques (tartes à la crème et compagnie…) à lui offrir, genre qu’elle n’apprécie guère. Elle tourne alors quelques films pour le studio Triangle sous la direction de Jack Conway et de Frank Borzage. L’intérêt pour cette jeune actrice monte dans le milieu, même si elle ne s’en aperçoit pas vraiment, au point que Cecil B. De Mille, l’un des réalisateurs les plus puissants de Hollywood décide de l’engager. Cela ne se fera pas sans mal, Triangle n’a pas l’intention de laisser partir ce qu’ils sentent comme une poule aux œufs d’or, et ce même si elle n’a pas signé de contrat. Mais finalement Gloria franchit la porte de la Paramount prête à tourner avec celui qui fera d’elle une star, et quelle star.

Une étoile qui monte :

Si le nom de Cecil B. DeMille est aujourd’hui resté associé aux grandes épopées bibliques, il est injuste d’oublier qu’il était l’un des grands maîtres de la comédie romantique du muet. Perfectionniste et chaleureux, Cecil B. DeMille ne tarde pas à gagner la confiance de Gloria qui le vénère. Un autre homme entre également dans sa vie, le milliardaire Craney Gartz avec qui elle commence une relation passionnée même si les désaccords sont nombreux, comme sur la question du mariage que Gartz considère comme une institution ridicule.


Don’t Change Your Husband (Après la Pluie, le Beau Temps, 1919) est un succès et Gloria commence à voir les effets du vedettaria : un salaire important, mais aussi des rumeurs sur sa vie privée. Bien évidemment, le duo se reforme pour For Better, For Worse (Pour le meilleur et pour le pire, 1919) puis Male And Female Created He Them (Et il les créa homme et femme, 1919) dans lequel elle prend de véritables risques comme tourner avec un lion.
Lors d’une réception donnée par l’actrice Claria Kimball Young, grande star de l’époque, elle fait la connaissance de l’homme d’affaire de celle-ci Herbert Somborn qui ne tarde pas à lui faire la cour. Carney Gartz tempête d’autant que des rumeurs de mariage avec Somborn grandissent. Gloria qui l’aime lui lance un ultimatum, ou bien Gartz l’épouse ou bien elle accepte la proposition de Somborn. Gartz ne peut se résoudre à s’abaisser devant elle et Swanson épouse Somborn. Elle ne l’aime pas, mais à nouveau il possède ce côté protecteur dont elle a tant besoin. Rapidement Herbert découvre que sa femme est sous-payée par rapport à sa notoriété. En effet Gloria ne s’est pas rendu compte de son incroyable popularité, pensant que ses films n’ont du succès qu’en raison de la célébrité de De Mille et non à grâce à sa présence, ce dont son mari se presse de la détromper. 

« Pourquoi est-ce ton nom que l’on met en gros caractères sur tous les cinémas, sur toutes les affiches ? Les représentants de la Paramount vendent tes films grâce à ton nom, tu comprends ? Et ils te font croire qu’ils t’accordent une faveur en te faisant la vedette des films de DeMille, à deux cents dollars la semaine ! »

Grâce à Herbert, la Paramount est obligée de hausser le statut de Gloria. Malheureusement à cause de cela elle ne pourra plus tourner avec DeMille. En effet les studios avaient à l’époque cette politique absurde qui consistait à ne pas faire tourner deux grands noms dans un même film. Ils auront fait six films ensemble, six succès. Gloria regrette cette séparation qui se fera après un ultime film, The Affair Of Anatol (Le cœur nous trompe, 1920), mais en contrepartie, elle attend un enfant. Ce sera une fille, Gloria.


Reine du muet :

Tout semble aller pour le mieux pour Gloria ; elle a accédé au statut de star pour la Paramount, a donc droit à une série de privilèges (gros cachets, loge personnelle…etc) et elle est la mère d’une adorable petite fille. Mais la réalité n’est pas aussi rose. Les films qu’elle tourne (souvent sous la direction de Sam Wood ancien assistant de DeMille), s’ils marchent bien, ont des scénarios de moins en moins intéressants, après pourtant des débuts prometteurs comme The Great Moment (L’heure suprême, 1921)) et surtout sa relation avec Herbert n’est pas au beau fixe. Les affaires de ce dernier vont mal (et ce depuis le début de leur mariage, d’où sa déception face au précédent salaire de sa femme), ils ne se voient plus et finissent par se séparer. Le divorce n’est cependant pas prononcé : en effet, le studio juge qu’il serait néfaste à sa carrière. Entre temps, elle commence une relation passionnée avec Marshall Neilan, le metteur en scène attitré de May Pickford et adopte un garçon, Joseph. Un autre point positif cependant, elle tourne avec une autre nouvelle vedette, Rudolph Valentino. Bien qu’elle soit flattée de tourner avec lui, son contrat lui donne la permission de refuser de tourner avec une autre vedette. Elle profite donc de ce point pour exiger des vacances en Europe bien méritées en échange, ce que le studio ne peut lui refuser. Le film Beyond The Rocks (Le Droit d’aimer, 1922) est un nouveau succès même s’il subit des dommages à cause de la censure qui obligea de tourner deux versions : une pour le marché européen, sans coupures, l’autre pour le marché américain avec des scènes d’amour chronométrées !


Mais après ses vacances il est temps pour Gloria de retourner à la dure réalité. Si la rivalité qui l’oppose à Pola Negri n’est qu’une invention des journaux, la demande de divorce de Herbert Samborn l’accusant d’adultère avec 14 hommes (dont seul le nom de Neilan était justifié) et lui demandant 150.000 dollars de dédommagement lui cause un réel souci. Le studio arriva à faire baisser les exigences de Samborn, mais lui firent croire que le comité de censure exigeait une clause morale qu’elle est contrainte de signer. Ce n’est que peu de temps après lorsqu’elle rencontre le responsable du comité, William Hays, qu’elle comprend que tout cela n’était qu’une manipulation du studio pour la tenir en laisse et que le comité n’avait rien à voir là-dedans. Elle ne pardonnera pas aux dirigeants de la Paramount, parmi lesquels se trouvaient son idole, Cecile B. DeMille. Pourtant en ayant déjoué la supercherie, elle dispose d’une prise sur le studio et exige avoir plus de liberté sur le choix de ses films à venir.

Après quelques films de bonne qualité comme Zaza (1923), elle décida de s’attaquer à un nouveau défi : Madame Sans-Gêne (1924), qui raconte l’histoire amoureuse de Napoléon avec une lavandière. Le film fut tourné en France et elle obtint l’autorisation de tourner à Fontainebleau ! Le film, tourné par Léonce Perret fut un succès, mais surtout il lui permit de faire la connaissance de Henri de la Falaise. Celui-ci était un aristocrate désargenté, comme il en existait beaucoup en Europe et lui servait d’interprète. Ils finiront mariés et Gloria marquise. Mais avant, elle dut faire un acte qu’elle allait regretter toute sa vie. En effet elle est tombé enceinte d’Henri trop longtemps avant le mariage pour que cela ne se remarque pas. Gloria a peur pour sa carrière et décide d’avorter. Elle manque d’y passer, mais surtout, superstitieuse, elle regrettera son geste, d’autant qu’elle n’arrivera plus à donner d’enfant à Henri.


Un certain Kennedy :

Gloria a 26 ans. Elle est l’une stars les plus connues au monde et l’une des mieux payées. Son contrat touche à sa fin et la United Artists (compagnie fondée par Chaplin, Pickford, Griffith et Fairbanks afin d’échapper à la domination des studios) lui propose de se joindre à elle. Malgré les sommes astronomiques que lui propose la Paramount (plus d’un million de dollars) elle accepte leur offre. Elle veut être son propre maître, faire le nombre de films qu’elle souhaite, ceux qu’elle souhaite, quand elle le souhaite. Elle dut pourtant encore s’acquitter de deux films pour la Paramount.    
                          
                               
Enfin vient le moment de tourner son premier film en étant son propre chef. Gloria fait alors face à tous les problèmes épuisants qui occupent les producteurs : emprunts d’argent, batailles d’avocats…etc. Heureusement, elle n’est plus la jeune débutante d’antan et les conseils qu’Herbert Somborn et Marshall Neilan lui ont donnés par le passé s’avèrent utiles, de plus elle a du caractère et sait se battre. The Love Of Sunya (Sunya, 1927) n’est pas aussi bon qu’elle l’aurait voulu, mais n’est pas un mauvais film et lui a permis d’apprendre la réalité d’un tournage ainsi que les erreurs à ne pas répéter. Pour couronner le tout, le film obtient d’excellentes critiques.


Pour son prochain film, Gloria décide d’engager un des jeunes réalisateurs les plus en vue, Raoul Walsh. Celui-ci accepte. Reste à trouver un film. Tous deux sont tentés par une adaptation de la pièce Rain . Celle-ci est en effet un des grands succès de l’époque et tous les studios rêvent de son adaptation, mais il y a un hic : le sujet est brûlant et sera sans doute difficile à faire accepter par le comité de censure. Walsh et Swanson se mettent à étudier le code Hays à la lettre, arrivent à trouver ses failles et à arranger quelque peu l’histoire pour la rendre acceptable (sans pour autant la dénaturer). Gloria Swanson arrive ensuite à convaincre William Hays de leur donner son soutien. Il lui faudra ensuite se battre contre l’association des studios qui, jaloux, essayent d’empêcher la réalisation du film. Brandissant l’accord de Hays, elle arrive à obtenir le soutien de Marcus Loew, le président de la MGM et à annuler le véto. Reste à penser au casting. Gloria, bien sûr, dans le rôle de Sadie Thompson et comme partenaires masculins Lionel Barrymore et Raoul Walsh. Le tournage sera difficile et ce n’est que grâce encore une fois à Marcus Loew (« le dernier gentleman de l’industrie du cinéma ») qu’elle en viendra à bout. Malheureusement, celui-ci décédera peu après. Sadie Thompson (Faiblesses humaines, 1928) est un succès et Gloria fait la connaissance du milliardaire Joseph P. Kennedy.

Celui-ci essaye en effet de s’imposer dans l’industrie du cinéma, mais sans grand succès. L’entente avec Gloria est immédiate et tous les deux ne tardent pas à devenir amants. Celui-ci lui posera la question d’une possible récompense aux meilleurs artistes, ce à quoi Gloria répondra :

« Je déteste la compétition entre artistes. Si l’on me demandait qui est le meilleur acteur entre Douglas Fairbanks et Charlie Chaplin, je répondrais que je n’en sais rien, et que la question ne devrait même pas se poser. Ils sont totalement différents. De même que Mary Pickford et moi-même. »

Les Oscars sont cependant créés et Gloria est nominée pour le rôle de Sadie Thompson. Elle ne remportera pas le prix.
Kennedy décide de produire un film avec Gloria et sous la direction d’un cinéaste légendaire : Erich Von Stroheim. Cette perspective rend Gloria enthousiaste et le début du tournage se passe comme un rêve : elle admire le travail de Von Stroheim, il admire son jeu. Les choses se compliquent lorsque vient le moment de tourner la deuxième partie : celle-ci se raccorde mal à la précédente et Von Stroheim fait tourner à Gloria des scènes à la limite de la perversité. Celle-ci appelle Kennedy au secours qui, horrifié, stoppe aussitôt le tournage. Pour Gloria, ce n’est qu’un mauvais film, mais pour lui c’est un échec dont il se remet mal et Queen Kelly (La Reine Kelly, 1928) restera un film inachevé et désormais culte.


« I am big, it’s the pictures that got small » :

Alors que Queen Kelly semble bloqué, le réalisateur britannique Eddie Goulding propose à Gloria de tourner un film parlant. Celle-ci hésite : le procédé, malgré le succès du Jazz Singer, demande encore des améliorations, mais Goulding a tôt fait de balayer ses hésitations et c’est ainsi que Swanson, contrairement à Chaplin, Garbo ou Pickford qui regardent le parlant avec appréhension, se lance dans l’aventure sonore. Pour le premier rôle masculin, un jeune acteur impressionne par son talent lors de ses bouts d’essais. Il s’agit d’un certain Clark Gable. Malheureusement, celui-ci ne possède pas encore la classe qu’il aura par la suite et son côté camionneur ne conviendra pas au rôle. La décision est prise également de tirer parti du talent vocal de Gloria et d’en faire un film musical. The Trespasser (L’intruse, 1929) fut un grand succès et le passage du muet au parlant semble se faire sans trop de problème pour Gloria, même si elle rate à nouveau l’Oscar. Kennedy essaya a nouveau de s’imposer en faisant tourner Gloria dans What A Widow (Quelle veuve, 1930), mais le film fut un échec (en partie à cause de la grande dépression). Désormais, vivant mal le fait que Gloria ait un meilleur flair artistique que lui, ils mettent fin à leur relation. Entre temps elle divorce avec Henri.

Les films suivants que tourne Gloria sont de qualité médiocre, le départ de Kennedy lui a en effet fait voir qu’elle se trouvait à la tête d’un gouffre financier et elle n’avait eu d’autre choix que de laisser plein pouvoir au président d’United Artists pour produire ses films. Elle fait également la connaissance du jeune play-boy Michael Farmer qui la met enceinte avant de l’épouser. Sa fille Michelle naît et elle commence le tournage d’un nouveau film, A Perfect Understanding (Parfait accord, 1933) avec un jeune acteur anglais, Laurence Olivier, mais le film ne rencontre pas le succès escompté. Elle divorce à nouveau après à peine un peu plus de deux ans de mariage et signe un contrat avec la MGM. Pourtant le studio ne la fait tourner que dans des films sans réel intérêt. Irving Thalberg décida de s’occuper de sa carrière et meurt avant d’en avoir eu l’occasion. Son aventure avec Herbert Marshall fait grand bruit, mais sa carrière est au plus bas. Elle a bien un projet avec la Columbia qui pourrait la relancer, mais Harry Cohn finit par refuser, considérant que l’histoire ne valait rien. Bette Davis tournera le film pour la Warner, Dark Victory, et le film fut un succès…


Et si l’on tournait la page ?:

Gloria décide alors de prendre ses distances avec le cinéma. Une idée qu’elle caressait déjà depuis longtemps, alors qu’elle était encore une star. Elle monte la société scientifique Multiprise et accueille des savants fuyant le régime nazi. A cause de la guerre, la société ne marchera jamais et elle sera contrainte de vendre. Dans un même temps, elle accepte de se produire à Broadway. Malgré un trac terrible d’affronter directement le public, le succès est au rendez-vous et sa carrière est relancée. Les succès s’enchaînent. Le cinéma ne veut plus d’elle ? Tant pis. Elle épouse un certain William Davey qu’elle connaît à peine et sans réel désir . C’est sans surprise que le mariage ne dure que trois ans. Elle se lance également dans la télévision et y remporte à nouveau un grand succès.


Le plus grand come back du cinéma :

En 1949, Gloria reçoit un appel de la Paramount pour venir tourner un bout d’essai. Gloria est perplexe. Pourquoi le lui demander après le nombre de films qu’elle a tourné pour eux ? Mais la perspective de tourner avec Billy Wilder et les conseils de George Cukor d’accepter la convaincront. En Californie, le sujet la séduit tout à fait. Pourtant elle n’est pas le premier choix, mais Mary Pickford avait exigé que le rôle du scénariste soit diminué, Mae West voulait réécrire le film et Pola Negri (qui ressemblait le plus au personnage), refusa de jouer une has been. Gloria n’avait été choisie que bien après car semblait inabordable. Le film est un succès sans précédent, mais ne put pourtant battre All About Eve aux Oscars. Bette Davis et Gloria Swanson, toutes deux nominées, perdirent face à Judy Holliday, d’avantage en raison du fait qu’il était difficile de choisir entre les deux monstres sacrés que pour la performance de l’actrice.


« Cela ne me touchait guère ni dans un sens, ni dans l’autre. Je connaissais trop bien Hollywood. Chaque année, les perdants affirmaient savoir pourquoi ils avaient perdu, et les gagnants déclaraient qu’ils ne pouvaient imaginer pourquoi ils avaient gagné. Mais personne n’était encore mort, ou n’avait abandonné le cinéma parce qu’un autre l’avait emporté (…) Cela m’importait réellement très peu, mais il était manifeste que tous ceux qui m’approchèrent durant cette période s’attendaient à une autre réaction de ma part : une réaction violente, irréfléchie, sarcastique. Bref, une réaction digne de Norma Desmond. »

Cependant les rôles qu’on lui propose après ne sont que de pâles copies du rôle de Norma Desmond. Elle accepte les seuls qui lui proposent autre chose, mais dont le résultat est indigne d’elle. Son ultime apparition au cinéma sera le film catastrophe Airport 1975 (747 en péril, 1974) où elle joue son propre rôle ou presque aux côtés de vedettes comme Charlton Heston, Myrna Loy et Dana Andrews. Elle ne reste pas inactive pour autant, faisant du journalisme, de la peinture, du stylisme et se remariant une sixième et ultime fois avec le journaliste William Dufty de 17 ans son cadet.

Gloria Swanson finit par s’éteindre le 4 avril 1983 à l’âge de 84 ans, non sans avoir publié son autobiographie qui nous plongea dans la vie trépidante de celle qui fut l’une des plus grandes stars du muet et l’une des actrices les plus douées du cinéma.

Sources:

G. SWANSON, Gloria Swanson par elle-même,  1980

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