Mott The Hoople:
En ce début des années 60, de nombreux jeunes se tournent vers le rock n roll en Angleterre, imitant leurs idoles américaine. Dans le Herefordshire, il y a un jeune guitariste prometteur du nom de Mick Ralphs. Ralphs a joué dans plusieurs groupes depuis son adolescence, mais a l’intention d’avoir une carrière un peu plus sérieuse. Au cours des concerts, son chemin a croisé celui d’autres musiciens du coin comme le bassiste Pete Overend Watts, l’organiste Verden Allen et le batteur Dale « Buffin » Griffin. Ensemble, ils décident de former un nouveau groupe en 1967 appelé The Doc Thomas Group, avec au chant un certain Stan Tippins. Ils attirent l’attention d’un label italien pour lequel ils enregistrent un album tombé dans l’oubli. Le groupe change plusieurs fois de noms, les démos passent de mains en mains jusqu’à atterrirent chez un jeune producteur du nom de Guy Stevens qui travaille pour Island Records. Stevens aime l’énergie du groupe, mais n’est pas convaincu par Tippins comme chanteur. Ce dernier devient leur manager et une annonce pour un chanteur est lancé: « groupe de hard rock également influencé par Dylan recherche chanteur haut en couleurs ».
Chanteur justement fort influencé par Dylan, Ian Hunter décide de répondre à l’annonce, décidant qu’il s’agit de sa dernière chance avant de quitter le monde de la musique pour faire vivre sa famille. Guy Stevens décide de rebaptiser le groupe en Mott The Hoople, d’après le roman de Willard Manus du même nom. Le premier album, Mott The Hoople en 1969, outre les nombreuses reprises (dont une version instrumentale de "You Really Got Me" des Kinks) présente déjà ce qui fera le son du groupe. Du Hard Rock vitaminé avec "Rock N Roll Queen" de Ralphs, et une ballade dylanesque "Backsliding Fearlessly" signée Ian Hunter. Sur scène, le groupe met le feu dans les clubs où ils jouent, s’offrant une solide base de fans (dont Mick Jones des Clash) et un statut de groupe culte. Les ventes de l’album sont en revanche plutôt faibles. L’album suivant, Madshadows, plus sombre, se vend à peine mieux, même s’il ne contient cette fois que des titres originaux, dont de nouveaux brûlots signés Ralphs ("Thunderbuck Ram" en tête) et des titres entre Rolling Stones et Bob Dylan signés Hunter.
Inspiré par le rock californien de l’époque, Stephen Stills en tête, Guy Stevens pousse le groupe à écrire dans une veine plus country rock pour Wildlife, en 1971. Si ce genre plait bien à Ian Hunter, Mick Ralphs trouve que le groupe se fourvoie (il signera d’ailleurs le seul titre vraiment rock, "Whiskey Woman"). C’est également l’avis des fans qui ne comprennent pas pourquoi un tel changement de style. En effet, si l’album est loin d’être mauvais, on est loin du son qui caractérisait Mott The Hoople à l’époque. Qui plus est, ce changement de style n’est pas spécialement profitable aux ventes du groupe qui continue à stagner. Sur leur quatrième album, sorti la même année, Brain Capers, Mott The Hoople retourne donc à son son d’origine. On signalera de bons titres comme "Death May Be Your Santa Claus", "The Journey", "The Moon Upstairs" ou encore la reprise de "Darkness Darkness" des Youngbloods, mais encore une fois, aucun titre qui ne permet au groupe de décoller. Le groupe commence à se décourager. Qui plus est, le caractère lunatique de Guy Stevens commence à les lasser d’autant que cela n’a jusqu’alors pas porté ses fruits. Ils se séparent donc de ce dernier puis, déprimés par une tournée désastreuse en Suisse, ils décident de mettre un terme au groupe.
Watts auditionnant pour le groupe de David Bowie, celui-ci apprend que le groupe a l’intention de se séparer. Fan du groupe, Bowie décide de les sauver. En tant que star montante de la musique britannique, une composition de sa part aura certainement plus de retentissement. Il leur propose d’abord "Suffragette City" qui ne rencontre pas plus que ça l’enthousiasme du groupe. En revanche, à l’écoute de "All The Young Dudes", ils sont persuadés de tenir un tube. Ce sera effectivement le cas, et l’album du même nom, produit par Bowie, fait enfin de Mott The Hoople des stars. Cependant, il ne faudrait pas réduire l’album au seul titre de Bowie, car il contient d’autres titres plus qu’honorables, comme "Momma's Little Jewel", "One Of The Boys" et même une première version de "Ready For Love" (qui sera reprise avec plus du succès par Bad Company). Bowie leur propose une autre de ses chansons "Drive-In-Saturday", mais le groupe la refuse à nouveau, la trouvant trop complexe. Vexé, Bowie décide de prendre ses distances du groupe.
La pression est forte sur le groupe. Il s’agit de prouver qu’ils ne sont pas que le groupe d’un titre et, surtout qu’ils ne sont pas le groupe de Bowie mais qu’ils peuvent également composer leurs propres tubes. Ian Hunter décide alors de prendre le groupe en main. Véritable figure charismatique avec ses lunettes noires et sa crinière à la Robert Plant, il est déjà l’image du groupe. Cette prise de pouvoir de Hunter n’est pas spécialement bien vue par Verden Allen qui décide de quitter le groupe qui décide de continuer à quatre. Catalogué de glam rock de par leur lien avec Bowie, Hunter décide de jouer cette carte à une époque où le glam bat son plein en Angleterre. Mott, en 1973, est un nouveau succès pour le groupe qui réussi à avoir de nouveaux tubes avec "All The Way From Memphis" et "Honaloochie Boogie". Le groupe réalise là sans doute son meilleur albums, offrant d’autres morceaux de grande qualité comme "The Whizz Kid" ou "Drivin’ Sister".
Mick Ralphs en revanche n’est pas tellement à l’aise avec l’image de groupe de glam rock et surtout a été assez frustré que Ian Hunter refuse d’enregistrer certaines des chansons qu’il avait composé pour l’album (dont "Can’t Get Enough). Il décide alors de quitter le groupe à son tour, partant former Bad Company avec Paul Rodgers. C’est un coup dur pour Mott The Hoople, la guitare de Ralphs étant partie intégrante du son du groupe. Mais le remplaçant est heureusement à la hauteur. Luther Grosvenor de Spooky Thooth est engagé pour le remplacer sous le nom de Ariel Bender tandis que Morgan Fisher s’occupe des claviers. C’est avec cette configuration que Mott The Hoople enregistre The Hoople en 1974. Nouveau succès pour le groupe avec deux nouveaux tubes, "The Golden Age Of Rock And Roll" et surtout "Roll Away The Stone". Qui plus est, Bender se révèle une véritable bête de scène. Hélas, il est également complètement ingérable est les quitte après la tournée triomphale. Hunter pense trouver encore mieux avec rien de mieux que Mick Ronson qui est alors un des guitaristes le plus populaires du moment et qui se retrouve sans groupe alors que David Bowie s’est provisoirement retiré en tuant Ziggy. Un live sort, de la période Bender, pour faire patienter les fans.
Mais le Mott The Hoople se retrouve bientôt avec deux problèmes. Tout d’abord, Mick Ronson qui est une vedette de son côté, n’est pas loin de mettre dans l’ombre le reste du groupe de par l’aura qu’il a à cette époque. Qui plus est, à part Hunter, il n’a aucun contact avec le reste du groupe qui a l’impression de devenir le backing band du duo. Ensuite, la pression est tellement forte sur Ian Hunter pour continuer à fournir des hits que le chanteur tombe malade, forçant le groupe à annuler sa tourné américaine. Ne souhaitant pas continuer à se prix, Hunter décide de quitter Mott The Hoople, suivit par Ronson. Un seul single sera témoin de cette formation, "Saturday Gigs", qui n’aura qu’un succès assez limité.
Watts, Griffin et Fisher décident de continuer l’aventure sous le seul nom de Mott avec un nouveau chanteur et un nouveau guitariste, produisant deux albums qui se vendront assez mal, Drive On et Shouting And Pointing, avant de changer une nouvelle fois de nom en British Lions pour deux autres albums qui ne se vendront guère mieux. Hunter de ce côté commence une carrière solo en compagnie de Ronson qui commence avec éclat: Ian Hunter, en 1975, produit le hit "Once Bitten Twice Shy" ainsi que d’autres titres très convaincant comme "Who Do You Love", "Lounge Lizard" et "I Get Excited". Mais les albums suivants All American Alien Boy en 1976 et Overnight Angels en 1977 (sans Ronson) ne réussissent pas à réitérer ce succès malgré de bons titres. Il faudra attendre 1979 et le retour de Ronson pour que You're Never Alone with a Schizophrenic remporte à nouveau un certain succès aux USA. L’album suivant, Short Back N Sides sera en revanche décevant et très éloigné de son habituel de Hunter. Quant à All Of The Good Ones One Are Taken en 1983 et les nouvelles retrouvailles avec Ronson en 1989 avec YUI Orta, bien que plus convainquant musicalement, ils n’auront pas le succès escompté. Depuis la mort de Ronson en 1993, Hunter a continué à sortir ponctuellement des albums solos rappelant qu’il fut un membre important du rock britannique des années 70.
Enfin, la formation d’origine de Mott The Hoople (moins Dale Griffin, malade) se reforma à plusieurs reprises en 2009 et 2013 pour des concerts nostalgiques. Mott The Hoople, bien qu’un nom important de l’histoire du rock, n’a jamais réussi à s’inscrire durablement comme un des grands noms du rock et c’est bien dommage car ils n’étaient pas bien loin d’y arriver.
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