10ème partie: Objective, Burma ! (Aventures en Birmanie, 1945)
Errol Flynn, c’est le héros du film de cape et épée par excellence. Mais tout comme la carrière de John Wayne est loin de se cantonner au Western, celle de Flynn est également plus variée. Le Western tient aussi une grande place dans sa filmographie, et, comme pratiquement tous les acteurs étant restés à Hollywood pendant la seconde guerre mondiale, il joua également dans une série de films de guerre à cette époque. Objective, Burma ! est probablement un des meilleurs films de guerre, dans la longue série des films de propagande produits à l’époque. Aujourd’hui encore, même s’il n’a pas la réputation d’un Longest Day ou d’un Bridge Of The River Kwai (si l’on se cantonne aux films les plus anciens), il est certainement l’un des meilleurs films de guerre produit par Hollywood. Film qui, osons le dire, n’a aujourd’hui pas pris une ride et pourrait sans mal enterrer des productions plus récentes. Car oui, Objective, Burma !, plus qu’un classique méconnu, est un véritable chef d’oeuvre !
Durant la second guerre mondiale, le Japon a envahi la Birmanie, coupant les armées americano-britanniques, basées en Inde, de leurs alliés chinois. La reconquête de la Birmanie est donc une priorité dans la guerre qui se joue dans le Pacifique. Le capitaine Nelson, as d’une section de parachutistes américains, est envoyé avec une quarantaine de ses soldats pour détruire une station japonaise. Une mission d’importance, puisqu’elle permettra de paralyser les communications japonaises ainsi que leurs radars, mais sans grand danger. Aussi, on impose à Nelson un correspondant de guerre, inexpérimenté mais de bonne composition. Tout se passe comme prévu, la station est détruite sans perte du côté américain. Mais alors que notre commando gagne le point de rendez-vous pour être rapatrié par des avions, voilà qu’ils se rendent compte que des Japonais les y attendent. Fuyant dans la jungle, il vont comprendre que tout ramassage par avion est désormais impossible et qu’il leur faudra rejoindre l’Inde à pied. La troupe se sépare provisoirement en deux, mais la section commandée par le lieutenant Jacobs tombe dans une embuscade japonaise et la majorité des survivants sont capturés pour être torturés à mort. Peu à peu, le reste de la troupe de Nelson va diminuer au hasard des combats. Ils ne sont plus qu’une dizaine à rejoindre le point de ralliement attribué par le quartier général. Là, après un dernier combat, ils assisteront à l’offensive de la reconquête.
Durant la second guerre mondiale, le Japon a envahi la Birmanie, coupant les armées americano-britanniques, basées en Inde, de leurs alliés chinois. La reconquête de la Birmanie est donc une priorité dans la guerre qui se joue dans le Pacifique. Le capitaine Nelson, as d’une section de parachutistes américains, est envoyé avec une quarantaine de ses soldats pour détruire une station japonaise. Une mission d’importance, puisqu’elle permettra de paralyser les communications japonaises ainsi que leurs radars, mais sans grand danger. Aussi, on impose à Nelson un correspondant de guerre, inexpérimenté mais de bonne composition. Tout se passe comme prévu, la station est détruite sans perte du côté américain. Mais alors que notre commando gagne le point de rendez-vous pour être rapatrié par des avions, voilà qu’ils se rendent compte que des Japonais les y attendent. Fuyant dans la jungle, il vont comprendre que tout ramassage par avion est désormais impossible et qu’il leur faudra rejoindre l’Inde à pied. La troupe se sépare provisoirement en deux, mais la section commandée par le lieutenant Jacobs tombe dans une embuscade japonaise et la majorité des survivants sont capturés pour être torturés à mort. Peu à peu, le reste de la troupe de Nelson va diminuer au hasard des combats. Ils ne sont plus qu’une dizaine à rejoindre le point de ralliement attribué par le quartier général. Là, après un dernier combat, ils assisteront à l’offensive de la reconquête.
L’histoire, il faut l’avouer, ne brille pas par son originalité. Mais le propre d’un grand film, n’est pas nécessairement d’avoir un scénario débordant d’imagination et révolutionnaire, mais de la capacité de l’équipe du film d’arriver à transcender une bonne histoire de base. Ce sont les détails, les personnages secondaires, les choix de la réalisation et le jeu des acteurs qui font la différence. Et ce film en est la bonne preuve. La narration est haletante et nous projette en plein dans l’action. Une des caractéristiques du cinéma de Raoul Walsh, un réalisateur généralement très apprécié, mais qui n’a pas réussi à avoir le statut de certains de ses contemporains. Walsh n’est pas un réalisateur intellectuel, de ceux qui plaisent aux critiques européens (et particulièrement français), réalisateurs qui sont d’ailleurs généralement européens eux-même (Hitchcock, Lubitsch, Wilder, Mankiewicz…). Walsh n’a pas trouvé une grammaire visuelle qui lui est propre, comme Ford ou Hitchcock, et n’est pas non plus un brillant scénariste comme Wilder, Mankiewicz ou Huston. Walsh est, avec d’autres, l’ancêtre du cinéma d’action. Car s’il a réalisé des drames ou des comédies, c’est dans les films d’action (aventure, westerns, guerre) qu’il a montré le meilleur de lui-même et Objective, Burma ! est un des meilleurs exemples. Aujourd’hui encore, la majorité de ses films ont la qualité d’être concis et généralement sans temps mort, un exploit que bon nombre de films de cette époque (y compris certains réalisés par des réalisateurs à la réputation plus prestigieuse) n’ont pas réussi.
Il est alors surprenant d’entendre le témoignage de certains acteurs (Kirk Douglas et Robert Mitchum) ayant travaillés avec lui qui expliquaient que Walsh ne se préoccupait même pas des plans qu’il tournait. Il faut cependant signaler que les films en question n’étaient pas les meilleurs de Walsh et que celui-ci n’avaient sans doute que peu d’intérêt à les tourner. A l’époque, bon nombre de réalisateurs n’ont pas le choix de tourner ce qu’ils veulent, étant employés des studios. Ce qui est probable, en revanche, c’est que Walsh savait se faire entourer par les bonnes personnes et qu’il faisait généralement confiance aux comédiens et aux techniciens qu’il employait. Aussi, dans la réussite de Objective, Burma !, il est certain que la présence de l’excellent directeur de la photographie James Howe Wang (dont nous avons déjà parlé) n’y est pas étrangère et que son travail méticuleux distingue très nettement le film des autres productions de l’époque.
Ici, le résultat du film est tellement réussi que l’on peut légitimement considérer que Walsh s’y est pleinement investi. Qui plus est, il y dirige son grand ami Errol Flynn. Auparavant dirigé par Michael Curtiz dans ses films les plus prestigieux, la relation entre l’acteur australien et le réalisateur hongrois est devenu si exécrable que Jack Warner a fini par faire de Walsh le réalisateur attitré des films de Flynn. Déjà collaborateurs dans de longues soirées alcoolisées, il vont ensemble réaliser une série de films dont au moins trois sont des classiques: They Died With Their Boots On, une biographie idéalisée de George Custer, Gentleman Jim, une biographie du boxeur James J. Corbett, et bien sur notre Objective, Burma ! Il est d’ailleurs intéressant de remarquer que le film repose sur les épaules du seul Flynn. Les acteurs secondaires sont très peu connus, même si James Brown (qui n’a rien à voir avec le célèbre chanteur des années 60) devait avoir une certaine popularité à l’époque, du fait de sa participation à la série Rintintin.
Pourtant, le film n’est pas un véhicule pour Flynn. Certes, c’est le héros et le film met en avant ses capacités de chef, mais le film dresse également le portait de plusieurs soldats. Les seconds rôles ont une existence propre et on s’intéresse à la vie de ces soldats dont certains ne survivront pas jusqu’à la fin de l’histoire. Cela n’est pas si fréquent que ça dans les vieux films, surtout lorsque les seconds rôles sont tenus par des acteurs assez peu connus. Autre fait notable, et encore plus pour un film de Flynn qui était quand même le héros romantique type à cette époque, le film ne comporte aucune histoire d’amour. Cette absence de femme ou d’une histoire d’amour sirupeuse et généralement maladroitement introduite dans un contexte guerrier est un élément supplémentaire qui rend le film plus crédible. Autre absence de cliché, le ton est généralement désabusé: les soldats (y compris Flynn) considèrent que leur place n’est pas vraiment à la guerre, mais il font leur devoir du mieux qu’ils peuvent. De même la fin, si elle s’achève sur une victoire, comporte avant tout un goût amère. Le capitaine Nelson n’éprouve finalement que peu de satisfaction d’avoir réussi une mission qui a coûté la vie à tant de ses soldats. Nous sommes finalement très loin du film de propagande mais véritablement dans la réalité de la guerre. En ce sens, Objective, Burma ! n’est pas loin d’un Apocalypse Now dans l’esprit et la réalisation et il est fort à parier que le film ait été une des inspirations de Francis Ford Coppola. Un autre film qu’il a probablement été inspiré est un autre classique oublié, côté français cette fois-ci, La 317ème Section de Pierre Schoendoerffer avec Jacques Perrin et Bruno Cremer, qui raconter l’épopée d’une troupe militaire française dans la jungle en pleine guerre d’Indochine. Cette fois, la filiation est encore plus évidente.
Pour ceux qui sont allergiques à films en collants ou aux westerns trop propres, Objective, Burma ! est un excellent moyen de découvrir Errol Flynn. Archétype du héros romantique, valeureux et séduisant, Flynn souffrit toute sa vie d’être reconnu avant tout pour son physique et sa réputation de séducteur que pour ses talents d’acteurs. Or, si ses premières performances manquent peut-être un peu de profondeur du fait de son inexpérience (Captain Blood n’était que son premier vrai film), il prouvait déjà qu’il était parfaitement crédible dans les films historiques là où bon nombre d’acteurs ont l’air déguisés. Mais rapidement Flynn a prouvé qu’il n’avait pas que son aisance et son magnétisme à offrir. Malheureusement, à moins de jouer un rôle de personnage torturé dans un drame, difficile d’être pris au sérieux comme acteur, même si bon nombre de grands acteurs dramatiques auraient été incapables de montrer la même aisance que Flynn dans ses films bondissants. Car un grand acteur, ce n’est pas celui qui sait jouer la souffrance et qui montre tout l’étendu des blessures intérieurs qu’il est capable de ressentir, mais bien celui qui est capable d’être naturel et crédible en toutes circonstances. Flynn eut la possibilité de sortir de son personnage dans That Forsythe Woman où il montrait qu’il pouvait également être un grand acteur dramatique. Hélas, son étoile avait pâlie et sa personnalité jugée incontrôlable l’emmena à continuer à jouer ses personnages d’aventuriers dans des productions de petite envergure plutôt que de diversifier ses performances. Il faudra attendre la fin de sa vie où, rongé par l’alcool, il sera acclamé dans une série de seconds rôles où il jouait non sans cynisme le personnage qu’il était devenu.
Objective, Burma ! offre cependant la possibilité de montrer ses capacités d’acteurs. Ici on ne retrouve pas les clichés qui ont fait sa gloire. Pas d’éclats de rires joyeux, pas de scènes d’amour romantiques. Même les scènes de combats n’ont pas l’aspect héroïque qu’on aurait pu attendre, le personnage de Flynn prenant souvent plus de soin à diriger l’action où le retrait de ses troupes qu’à se battre directement. Bref, dans ce film, Flynn est à nu et s’y montre particulièrement crédible. Confronté à l’horreur d’une guerre qu’il n’a pas souhaité, obligé de garder le morale de ses troupes lors de cette odyssée meurtrière dans une jungle inhospitalière, on arrive sans mal à oublier Flynn le héros intrépide pour voir Nelson, le soldat américain. Un exploit loin d’être anodin à une époque où Hollywood préférait mettre la personnalité de l’acteur avant le personnage. Vous l’aurez compris, le film montre qu’Errol Flynn méritait véritablement d’être pris au sérieux comme acteur.
Objective, Burma ! offre cependant la possibilité de montrer ses capacités d’acteurs. Ici on ne retrouve pas les clichés qui ont fait sa gloire. Pas d’éclats de rires joyeux, pas de scènes d’amour romantiques. Même les scènes de combats n’ont pas l’aspect héroïque qu’on aurait pu attendre, le personnage de Flynn prenant souvent plus de soin à diriger l’action où le retrait de ses troupes qu’à se battre directement. Bref, dans ce film, Flynn est à nu et s’y montre particulièrement crédible. Confronté à l’horreur d’une guerre qu’il n’a pas souhaité, obligé de garder le morale de ses troupes lors de cette odyssée meurtrière dans une jungle inhospitalière, on arrive sans mal à oublier Flynn le héros intrépide pour voir Nelson, le soldat américain. Un exploit loin d’être anodin à une époque où Hollywood préférait mettre la personnalité de l’acteur avant le personnage. Vous l’aurez compris, le film montre qu’Errol Flynn méritait véritablement d’être pris au sérieux comme acteur.
Le film fut un gros succès à l’époque et peut être considéré comme le chant du cygne d’Errol Flynn dont la carrière ne cessa de décroitre par la suite. Il faut cependant mentionner que le film fut rapidement retiré de l’affiche de Grande-Bretagne, les Britanniques ne digérant pas que le film présente la guerre birmane comme essentiellement américaine alors qu’elle était avant tout menée par ce qui était encore l’Empire britannique. Mais qu’importe ce petit accroc à l’égo des Anglais, le film est une vraie réussite, et pour tout les amateurs de films de guerre, il s’agit d’une oeuvre indispensable à regarder.
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