Megadeth - Rust In Peace (1990)




Peu convaincu par le résultat de son précédent album, principalement en raison des abus de substances diverses, Dave MUSTAIN décide de renvoyer ses dernières recrues. Le choix du batteur ne pose aucun problème. Nick MENZA avait été le technicien de Chuck BEHLER (qui lui-même avait été celui de Gar SAMUELSON) et avait à plusieurs reprises remplacé ce dernier lors de ses absences aux répétitions.  Pour trouver un guitariste, c’est une autre paire de manches. MUSTAINE sent que trouver juste un excellent technicien comme l’était Jeff YOUNG ne suffit pas. Il lui faut trouver la perle rare pour véritablement décoller. Quelqu’un qui ait une réelle sensibilité de jeu, un peu comme Chris POLAND, mais en mieux.

Après avoir écouté plein de guitaristes sans avoir trouvé celui qui lui convenait, il auditionne à contre cœur un guitariste dont les cheveux sont teints en bleu et en orange. Le résultat le stupéfie et Marty FRIEDMAN, qui s’était fait connaître dans CACOPHONY avec Jason BECKER, est engagé sur le champ avec néanmoins l’obligation de déteindre ses cheveux. Celui-ci ne participe pas à la composition de l’album qui n’attend du reste que lui pour être enregistré. Est-il de toute façon besoin de mentionner que MUSTAINE, s’il est seul maître à bord du navire MEGADETH, est également un excellent compositeur. Et il le prouve de belle manière sur ce Rust In Peace.

Holy War… The Punishment Due met tout de suite tout le monde d’accord. Un riff monstrueux, des changements de rythmes (mais sans le côté anarchique qui est souvent le point faible du thrash), des mélodies accrocheuses et surtout de superbes solos. MUSTAINE et FRIEDMAN montrent qu’ils maîtrisent comme personne les duels de guitare thrash alliant un grand sens mélodique (qui fait souvent défaut aux guitaristes de SLAYER par exemple) et technique sans reproche. On a à peine le temps de savourer le plaisir que nous a procuré ce petit bijou qu’Hangar 18 remet le couvert et possède les mêmes qualités que son prédécesseur. Ces deux titres, accompagnés de vidéos qui auront leur petit succès sur MTV, contribueront à faire rapidement devenir l’album platine.

Après deux morceaux aussi parfaits, il est difficile de faire mieux et de fait, les quatre morceaux suivants se contentent d’être de très bons morceaux thrash mais ne se distinguant guère de la masse. Il faut attendre Tornado Of Soul, troisième merveille de l’album pour retrouver le grand frisson. La batterie de MENZA suit un rythme effréné (sans que celui-ci ne cherche à être le batteur le plus rapide du monde, ce qui est tout à son honneur), les guitares cavalcadent. Du grand art. Le morceau suivant, Dawn Patrol, dénote avec le reste pour son rythme lent où la basse de David ELLEFSON prédomine et où la voix de MUSTAINE se fait plus grave et plus retenue. Rust In Peace…Polaris, qui donne sont nom à l’album, est à nouveau un morceau thrash classique et finit l’album de manière très honnête. La réédition propose cependant un inédit co-écrit par Nick MENZA, My Creation, pas spécialement inoubliable, mais sympathique.

Avec cet album, MUSTAINE prouve qu’il peut battre METALLICA sur son propre terrain, sortant un album bien meilleur (et bien mieux produit) que le… And Justice For All que ceux-ci ont sorti l’année d’avant. MEGADETH n’arrivera cependant jamais à atteindre le degré de notoriété de METALLICA, sans doute en partie à cause de la voix geignarde de MUSTAINE, moins facilement appréciable du grand public que celle de James HETFIELD. Une période faste s’ouvre pour MEGADETH qui va sortir trois autres albums (dont les deux premiers méritent autant le titre de classiques que Rust In Peace) avec le même line-up (un record que le groupe n’a pas encore battu), faisant de celui-ci la formation la plus appréciée.

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