THE DOOBIE BROTHERS (Rock, Pop, Folk, AOR, Hard Rock)


The Doobie Brothers


Vous le savez peut-être, le groupe ne possède aucune fratrie parmi ses (très nombreux) membres et aucun n'est nommé Doobie. Le fait plus surprenant, en revanche, c'est que le groupe était au départ un power trio formé par le batteur John Hartman et le guitariste-chanteur Tom Johnston. Ils proposent un blues rock qui leur amène un public de motards dont les tristement célèbres Hell's Angels. Le groupe s'enrichit bien vite d'un nouveau membre, le guitariste-chanteur Pat Simmons et sort un premier album éponyme qui passe plutôt inaperçu (et pour cause puisque, principalement acoustique, il diffère fortement de son qui leur a apporté un public de fans fidèle). Conscient de son erreur, le groupe corrige le tire et décide d'alourdir son son en engageant un second batteur, Michael Hossack, prenant en cela en exemple The Allman Brothers Band qui cartonne à l'époque. Ils changent également de bassiste avec Tiran Porter qui leur apporte ses racines noires ainsi qu'un talent de chanteur qu'ils mettront à profit en organisant des harmonies vocales qui feront leur succès. Leur second album, Toulouse Street est produit par un jeune producteur du nom de Ted Templeman (futur producteur de Van Halen) qui va les pousser à se dépasser. Le résultat est beaucoup plus rock et des titres comme "Jesus Is Just Alright" et "Listen To The Music" commencent à tourner sur les radios.

Il s'agit donc pour le groupe de confirmer le succès de l'album précédent. On ne change pas une équipe qui gagne et Templeman est appelé à produire l'album suivant The Captain & Me. Celui-ci est l'album de la maturité pour les Doobie. Les titres rock (voir hard rock) se mêlent aux titres plus calmes et acoustiques et les influences se font plus diverses. Deux nouveaux succès sont à nouveaux à la clé, le très rock "China Grove" et le tube "Long Train Runnin'", peut-être le titre ultime des Doobie. Mais franchement, tout l'album est intéressant.

Le quatrième album sera celui de la consécration. What Were Once Vices Are Now Habits offrent en effet au groupe son premier titre n°1 avec l'acoustique "Black Water" un titre qui était prévu pour être la face B du single. Le succès prend le groupe par surprise, d'autant que celui-ci est écrit et interprété par Pat Simmons alors que c'était d'habitude Tom Johnston, le frontman du groupe qui était responsable des succès précédent. L'album, en plus des morceaux rock habituels, offre également des titres plus RNB avec des cuivres, prouvant que le groupe cherche sans cesse à se renouveler. Mais cet album marque aussi le début de la fin d'une époque puisque Michael Hossak qui le groupe peu avant la sortie. Il est remplacé Keith Knudsen qui a l'avantage d'être également chanteur, augmentant encore les capacités vocales du groupe. Après une trilogie d'album qui les a menés au sommet (et qui restent ce que le groupe a fait de mieux), il s'agit de ne pas se reposer sur ses lauriers. Aussi, pour l'album suivant, le groupe propose à un troisième guitariste de rejoindre le groupe. Le guitariste c'est Jeff Baxter, un requin de studio qui a déjà pris part aux deux albums précédents, et qui souhaite véritablement se consacrer au groupe après avoir été viré de Steely Dan par Donald Fagen et Walter Becker qui ont décidé de continuer l'aventure en duo. Le groupe se retrouve à présent avec deux batteurs et trois guitaristes. On est loin du power trio des débuts ! Sur Stampede, les Doobie, à présent presque un orchestre, continuent leurs explorations allant du RNB jusqu'au country, tout en n'oubliant pas de fournir le bon rock ricain qui a fait leur succès. Le son, avec ses ajouts de cordes et de cuivres commence cependant à se faire plus léché.

Mais si le succès du groupe est toujours au rendez-vous, en coulisse les choses commencent à se gâter. Tom Johnston est de plus en plus instable à cause des substances qu'il prend, mais surtout sa santé s'en ressent fortement, au point qu'il lui devient impossible de prendre part à la majorité des concerts de la tournée. Johnston étant le chanteur principal et surtout le frontman du groupe, les Doobie se retrouvent dans une situation délicate. Baxter propose alors au pianiste et chanteur Michael McDonald, qu'il a connu du temps de Steely Dan, de rejoindre la tournée. Lorsque celle-ci s'achève, l'importance que McDonald a pris dans le groupe est indéniable et les Doobie n'ont pas l'intention de le lâcher. Johnston a la mauvaise surprise en venant enregistrer Takin' To The Streets de constater que McDonald a pris sa place comme leader du groupe. Trop faible pour lutter, Johnston accepte cet état de fait et sa participation au disque s'en trouve réduite. Le disque accentue l'aspect léché que commence à prendre la musique des Doobie Brothers, d'autant que les compositions de McDonald, qui constituent la moitié du disque, sont plutôt axées vers une soul AOR.

C'est à présent à sept que le groupe tourne, même si la présence de Johnston, pour des raisons de santé n'est qu'intermittente. En studio, bien que certaines de ses chansons soient enregistrées, aucune n'est retenue pour l'album suivant, Livin' On The Fault Line et le son créé par McDonald et Baxter (un soft rock à tendances soul et jazz où l'on peut percevoir des réminiscences de Steely Dan) est cette fois fermement établi. Les autres membres du groupe semblent se satisfaire de ce nouveau style qui rapporte, même s'il leur coûte l'amour de nombreux fans de la première heure. Johnston, en revanche, considère qu'il n'a plus rien à faire dans un groupe où il n'a l'air que d'un invité. S'il n'est pas remplacé, le groupe engage un nouveau percussionniste, Bobby LaKind, comme si la présence de deux batteurs ne suffisait pas.

L'album suivant continue à faire monter la popularité du groupe. Minute By Minute est un énorme succès, même s'il n'a plus rien à voir avec les Doobie Brothers des débuts. "What A Fool Believe" est un nouveau numéro 1 pour le groupe et achève de faire des Doobie le nouveau groupe de soft rock à la mode. Cependant, le côté de plus en plus commercial des compositions de McDonald ne plait pas à Baxter qui y trouve de moins en moins de place pour pouvoir exprimer son jeu de guitare aventureux. Ne souhaitant pas perdre leur poule aux oeufs d'or, le management vire Baxter sur demande de McDonald et le remplacent par John McFee. En protestation, John Hartman, dernier fondateur encore dans le groupe, claque la porte pour rejoindre Tom Johnston. Le groupe le remplace par Chester McCracken et ajoutent également le saxophoniste Cornelius Bumpus.
L'album suivant One Step Closer se vend moins bien, le style commençant doucement à lasser, mais reste néanmoins un succès. Cependant, la révolte gronde chez les Doobie restant et seul le producteur Ted Templeman continue à soutenir McDonald. Le bassiste Tiran Porter finit par quitter le groupe juste après la sortie de l'album et est remplacé par un musicien de studio. Quant à Pat Simmons, il décide d'arrêter les frais, se rendant bien compte que les Doobie sont devenus le backing band de Michael McDonald. Le groupe se sépare donc après un dernier concert qui verra les membres de la grande époque, Johnston, Porter, Hartman et Hossack, rejoindre le groupe pour quelques titres.
 
A la fin des années 80, après un concert caritatif réunissant tous les membres ayant fait partie du groupe, la formation de l'âge d'or (de Toulouse Street, Captain et Vices) se réunit pour réaliser un nouvel album, Cycle. Celui-ci est foncièrement rock et remporte un certain succès, même si on n'y retrouve pas de titre du niveau de leurs tubes d'antan. Un autre album, Brotherhood, suit mais le peu de succès conduit le groupe à se séparer à nouveau. Dommage car ce dernier album, avec des tendances hard rock 80's, était des plus réussis.

Au cours des années 90, le groupe s'est réuni plusieurs fois avec différentes incarnations (le plus souvent avec Johnston et Simmons à leur tête ainsi que Hossack et McFlee). C'est finalement en 2000 que sort un nouvel album, Sibling Rivalry ou l'on retrouve également, outre Johnston, Simmons, Hossack et McFlee, Keith Knudsen comme batteur et chanteur. Mais l'album ne fait pas beaucoup parler de lui et il faudra attendre 2010 pour qu'un nouvel album World Gone Crazy sorte, cette fois-ci avec plus de succès. Cette fois Knudsen n'est plus dans le groupe. Hossack meurt deux ans plus tard, laissant seulement le trio Johnston/Simmons/McFlee diriger le groupe et enlevant l'espoir d'une nouvelle reformation du line up de l'âge d'or.

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