Journey
Nous sommes au tout
début des années 70 et Santana est l’un des groupes les plus populaires du
moment avec son mélange de rock, de musique latino et, depuis peu, de jazz. Mais
en coulisse entre les deux leaders, le guitariste Carlos Santana et le chanteur
et organiste Gregg Rolie, les choses ne sont plus au beau fixe. Rolie décide
alors de quitter le navire, emmenant avec lui Neal Schon, le jeune prodige qui avait
été engagé comme second guitariste. Ils s’adjoignent les services du bassiste
Ross Valory et du guitariste rythmique George Tickner, deux anciens musiciens
du Steve Miller Band, ainsi que de l’ancien batteur de Frank Zappa, Aynsley
Dunbar, seul anglais de la bande. Se baptisant Journey, ils sortent un premier album éponyme en
1973 qui ne rencontre pas le succès.
Il faut dire que le groupe joue une sorte de jazz fusion et qu’ils sont
loin de se démarquer de la multitude de groupes du même style qui sévissent à
l’époque. Déçu Tickner quitte le groupe, laissant à Schon le soin d’assumer
seul toutes les parties de guitare.
Un deuxième
album, Look Into The Futur, sort sans plus de succès, de même que le
troisième Next, même si les parties
chantées commencent à prendre le pas sur les parties instrumentales. La maison de disque leur demande alors
de changer de style (qui commence de toute manière à passer de mode) et
d’engager un chanteur. Après avoir
brièvement engagé Robert Fleischman, c’est un certain Steve Perry qui remporte
le poste. Celui-ci avait abandonné sa carrière musicale devant le peu de succès
rencontré, mais suite à cet appel, il décide de tenter l’aventure une dernière
fois. Perry se révèle être
l’élément qu’il manquait à Journey, avec une voix puissante, riche et pleine
d’émotions. Côté musique le groupe se lance vers un hard rock policé capable de
séduire les radios. En 1978, Infinity
permet enfin à Journey d’obtenir une reconnaissance avec notamment "Wheel
In The Sky" et la ballade "Lights", première d’une longue série
chez le groupe.
C’est le moment que
choisi Aynsley Dunbar pour partir rejoindre Jefferson Starship, ce qui ne
perturbe pas beaucoup le groupe qui le remplace par Steve Smith. Evolution suit peu après et continue la progression
du groupe vers un succès de plus en plus important avec cette fois leur premier
titre au top 20, "Lovin’, Touchin’, Squeezin’". Il en ira de même avec Departure qui ouvre les années 80 de
belle manière puisqu’il offre au groupe un nouveau tube avec "Any Way You
Want It". Le groupe fait malgré tout un court retour à leurs origines
progressives en réalisant la bande son d’un film sans grande importance. Après leur premier album live, Captured, Gregg Rolie décide cependant
de quitter le groupe lassé des tournées incessantes. Il propose Jonathan Cain
du groupe The Babys comme remplaçant. Davantage tourné vers les synthétiseurs
et étant également guitariste rythmique et compositeur compétant, Cain fera
définitivement entrer le son du groupe dans les années 80.
Escape sera le résultat de cette
nouvelle étape en devenant l’un des albums les plus vendus des années 80. Sur
cet album on retrouve une
multitude de succès, l’hymne des
stades "Don’t Stop Believin", le très beau "Who’s Cryin’
Now" et leur premier titre numéro 1, la ballade très clichée (on croirait
voir les briquets se balancer rien qu’à entendre le refrain) qu’est "Open
Arms". Mais réduire l’album à ses tubes serait injuste, et il ne faudrait
oublier les titres rock et efficaces que sont "Stone In Love", "Escape" ou encore
"Mother, Father". L’année d’après, ils participent à la bande son du
film Tron.
1983 voit le groupe
revenir en force avec l’album Frontiers
qui déballe une nouvelle quirielle de tubes avec "Separte Ways",
"After The Fall", la ballade poignante "Send Her My Love et la
ballade gnian-gniante (et donc forcément la plus célèbre des deux)
"Faithfully". A présent Journey est probablement le groupe de rock le
plus populaire des Etats-Unis. Désirant un peu souffler, le groupe prend une
pause. Neal Schon en profite pour
participer à quelques projets annexes : un album avec Jan Hammer et un
groupe éphémère avec le chanteur Sammy Hagar et un vieux complice du temps de
Santana, le batteur Michael Shriever. Steve Perry voit cela comme un signe et
commence sa propre carrière solo dont le premier album, Street
Talk, s’inscrit un peu comme la succession de Frontiers sans les envolées de la guitare de Schon. Le public ne
s’y trompera d’ailleurs pas et l’album sera un succès.
Inquiets que cette
carrière solo mette en péril l’avenir de leur groupe, Neal Schon et Jonathan
Cain pressent Perry de revenir. Ils y parviendront en faisant une concession de
taille : engager des musiciens de studio à la place de Ross Valory et
Steve Smith. Raised On The Radio est un nouveau succès, mais montre un groupe de
plus en plus lisse et s’éloignant un peu plus de ses racines hard rock. Cependant, la qualité reste au
rendez-vous et des titres comme "Girl Can’t Help It" ou "Be Good
To Yourself" restent de vraies réussites. Hélas après la tournée Perry
annonce à Cain et à Schon qu’il n’a pas l’intention de continuer l’aventure
avec eux. Les deux musiciens se consolent comme ils peuvent en collaborant avec
divers artistes à succès puis en formant un nouveau groupe avec deux anciens
partenaires de Cain du temps des Babys, le chanteur John Waite et le bassiste
Ricky Phillips, ainsi que le batteur Deen Castronovo. Bad English, le nom du
groupe, cartonnera avec leur premier album mais se séparera après un second.
Schon et Castronovo rejoindront alors le groupe Hardline.
De son côté Perry a
réalisé un second album solo, le très bon For
The Love Of A Strange Medicine. En 1996, Schon, Cain, Valory et Smith
demandent à Perry de les rejoindre pour une reformation de Journey. Le chanteur
accepte après une série de concessions et Trial
By Fire s’annonce comme le grand retour de Journey comportant son lot de
titres bien rock et de ballades mielleuses. Malheureusement des problèmes de
santés de Perry empêchent le groupe de partir en tournée. Après l’avoir attendu
longuement (ce qui provoqua le départ de Steve Smith remplacé par Deen
Castronovo), la décision est prise de le remplacer. C’est Steve Augeri dont la
voix est très proche de celle de Perry qui est choisi pour le poste. Cette nouvelle
incarnation de Journey enregistre Arrival
qui est plutôt apprécié, mais si les compositions sont bonnes, il manque les
tubes qui faisaient la différence par le passé. Le même sort atteint Generations et le groupe, bien que
toujours populaire dans sa patrie d’origine peine à reproduire les chiffres du
temps de Perry.
Augeri est
finalement renvoyé et brièvement remplacé par Jeff Scott Soto. Mais le groupe
lui préfère finalement Arnel Pineda, un chanteur Philippin et copie vocale
assez décevante de Steve Perry. Depuis le groupe a enregistré deux albums avec
lui, Revelation et Eclipse, qui ont plutôt bien marché,
mais qui sont loin d’atteindre le niveau de leurs grandes œuvres des années 80.
Si ils sont un des
groupes de rock les plus populaires aux Etat-Unis, Journey n’a jamais rencontré
le même succès dans nos régions qui leur ont toujours préféré Toto. Peut-être parce
que Journey représentait le rock américain dans toute sa démesure, tant par les
bons que par les mauvais côtés. Pourtant, ils nous ont laissé une longue série
de titres qui méritent leur place dans l’histoire du rock et qu’il serait
dommage d’ignorer.
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