En 1975, KISS a déjà trois
albums au compteur mais peine à s’établir commercialement. Le groupe a pourtant
une solide réputation en concert et possède déjà des fans fidèles, mais cela ne
suffit pas à la maison de disque qui désire un groupe vendeur, ni au groupe qui
a l’ambition de devenir les BEATLES du Hard Rock. Considérant que leurs
performances en studio ne rendent pas la véritable dimension que le groupe
acquière en concert, ils décident d’enregistrer un album live. Pour KISS, c’est leur dernière chance
avant d’être renvoyé de leur maison de disque. Un défi qu’ils vont relever avec
brio. Dès l’intro présentant KISS comme le groupe le plus chaud de la terre, le
ton est donné. Fini le KISS lisse des studios, c’est de le hargne et de la
sueur à laquelle on a droit ici. Et c’est ce que confirment les premiers
accords de Deuce où s’époumone Gene
SIMMONS. Strutter, Firehouse, C’mon And Love Me… Les titres issus des trois albums s’enchaînent
dans des versions bien plus rugueuses et aujourd’hui encore nombre d’entre eux
restent des classiques incontournables du groupe.
Même en ne disposant que de
l’audio, on sent que Paul STANLEY est un vrai chauffeur de salle (100,000 Years), et si ni lui ni Gene
SIMMONS ni Peter CRISS (Ace FREHLEY ne poussant pas encore la chansonnette à
l’époque) ne sont de grands chanteurs, leur timbre et leur énergie conviennent
parfaitement aux morceaux. Rendons d’ailleurs justice à Peter CRISS, batteur si
souvent décrié, qui assume une performance sans faute. De même, si Ace FREHLEY
n’est pas un guitariste aux improvisations époustouflantes comme Jimmy PAGE,
Ritchie BLACKMORE ou Ted NUGENT, il possède un son qui le rend immédiatement
identifiable, un grand sens mélodique et une technique plus qu’honorable. A
l’écoute de ce live, on ne peut que reconnaître la force que KISS avait à cette
époque, due sans doute à cette hargne de vouloir conquérir le monde qu’ils
perdront ensuite une fois qu’ils y seront parvenus. Parmi les temps forts, on
citera She, prétexte à une mise en
valeur d’Ace FREHELY, 100,000 Years,
le sublime Black Diamond et bien sûr
l’hymne de KISS que deviendra Rock And
Roll All Night.
Voulant capitaliser sur sa
réputation de groupe de scène, les bruits du public seront augmentés et la
pochette présentera au dois des fans brandissant une grande banderole en
hommage au groupe dans un amphithéâtre où se déroulait en réalité un concert
de… Joan BAEZ ! Le pari fut réussi. L’album se vendra à plusieurs millions
d’exemplaires, projetant KISS sur le devant de la scène comme un des groupes
les plus populaires du Hard Rock. Rapidement, ils seront dépassés par l’aspect
de marchanding qu’ils mettront en place et qui leur fera perdre le statut de
groupe dangereux qu’ils avaient à leurs débuts. Mais c’est une autre histoire.
Le succès de l’album poussera d’autres artistes qui avaient du mal à lancer
leur carrière en studio à passer par le live, l’exemple le plus célèbre étant
celui de Peter FRAMPTON. KISS produira également des « suites » à
travers les ans qui prouveront leur talent sur scène, mais ce premier Alive ! restera à jamais à part et
peut être considéré aujourd’hui, quarante ans après, comme le meilleur opus du
groupe.
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